Lizzie ne pouvait s'empêcher de chercher du regard son partenaire, inquiète. Nicolas était bien dehors -elle avait un bref instant entraperçu par la vitre son éclatant sourire avant qu'il ne se souvienne qu'il était censé demeurer caché-, Henry était face à elle, exécutant mille pas compliqués auxquels elle ne comprenait décidément rien... et William Darcy était introuvable. La peste soit des colonels anglais qui aimaient faire cavalier seul !
Et pourtant... son cœur se serrait dans sa poitrine. Avait-il décidé qu'il irait plus vite seul ? Avait-il choisi de les abandonner ici en pensant qu'Henry veillerait sur eux ? Elle ne voulait pas de son fiancé imposé par sa mère, elle souhaitait accompagner le colonel dans ses aventures et lui prouver qu'elle était capable de bien mieux que ce qu'elle lui avait montré jusqu'alors.
Elle inspira profondément et remit en place une mèche vagabonde. Sa coiffure était parfaite, elle le savait bien. C'était elle qui tentait du mieux qu'elle pouvait de se rassurer. Non, il n'avait pas fui.— Ma chère, je sens que vous avez besoin d'un peu d'air frais.
La voix suave d'Henry résonna à son oreille et elle hocha la tête sans trop savoir ce qu'elle faisait. De l'air. De l'air frais. Oui, c'était la meilleure chose à faire.
Ils sortirent sur la terrasse et Lizzie s'accouda au balcon, la main sur son front fiévreux. Elle avait pris chaud dans la salle. Henry avait invité toute la bonne société ou presque.— Lizzie... chère Lizzie...
Elle se retourna. La voix d'Henry était chaude, agréable... elle n'était pas celle, froide, qui s'opposait à elle dès qu'elle ouvrait la bouche. Elle n'appartenait pas à cet orgueilleux colonel. Elle n'était pas celle de Darcy.
— Oui Henry ? Murmura-t-elle en relevant les yeux.
Il frémit. Qu'elle était belle dans cette robe qu'il avait achetée spécialement pour elle. Elle était irrésistiblement craquante.
Il posa doucement sa main sur ce bras si frêle et le contempla, admiratif. Cette main qui s'abandonnait dans la sienne maniait les armes à la perfection, tenait sans trembler un pistolet, appuyait sur la détente sans hésiter. Quelle femme.— Je rêve de vous dire une chose qui m'effraie au plus profond de moi-même, chuchota-t-il.
Elle cligna des yeux, encore égarée.
Le garder occupé. Elle devait le garder occupé.— Que voulez-vous dire cher Henry ?
— Je n'ose... Lizzie, ma douce Lizzie... je vous aime.
Voilà qu'il se déclarait. Il n'aurait pu choisir plus mauvais moment, vraiment. Elle accomplissait une mission royale de premier ordre et lui disait sans trembler qu'il l'aimait.
Elle leva les yeux au ciel, blasée... et hoqueta de stupeur.
Là, sur le mur de l'aile ouest, deux jambes gigotaient dans le vide, cherchant tant bien que mal -et plutôt mal que bien- une prise solide. Deux jambes qu'elle pouvait parfaitement reconnaître. Il descendait le mur en s'accrochant au lierre, un objet coincé sous le bras.
Elle réfléchit à toute vitesse et tira sur le bras de Greenwell.— Henry, cher Henry... ne voulez-vous pas rentrer ?
— Mais... pardonnez-moi Lizzie mais ne m'avez-vous pas entendu ?
— Vous m'aimez, oui, j'ai bien compris cher Henry, marmonna-t-elle.
Darcy se figea et se retourna, toujours désespérément accroché au lierre. Dans ses yeux, l'étonnement se mêlait à l'effroi et à la colère, et il la fusilla du regard. Lizzie se mordit la lèvre. Dans le salon. Elle devait l'entraîner vers le salon !
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Au Cœur des Ténèbres ~ Tome 1
FanfictionMiss Jane Austen n'avait certainement pas prévu un tel détournement de son roman aujourd'hui encore si connu, "Orgueil et Préjugés" ! William Darcy, colonel de l'armée anglaise, se bat sans repos contre les zombies qui ont envahi son pays. Lond...