6. La mission de la reine

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La reine Catherine tapotait du bout de doigts le bras de son fauteuil, pensive. Devant elle, Darcy et Elizabeth se tenaient droits, presque figés.
Les mains dans le dos, le jeune homme regardait droit devant lui, sourcils froncés, en apparence impassible. Elizabeth au contraire regardait à droite à gauche, l'air aux abois, tel un animal cherchant la moindre issue de secours. Malgré tout, la jeune fille restait droite, les poings serrés, l'air prête à se battre jusqu'au bout.

Deux jours auparavant, le lendemain de cette promenade si mortifiante, elle avait reçu la visite d'un messager royal la sommant de se présenter au palais pour un entretien avec la reine. Sous les cris d'orfraie de sa mère et le regard perdu d'Henry qui ne comprenait décidément plus rien -Henry qui avait profité de ces deux jours pour se rapprocher, Henry qu'elle appréciait désormais énormément-, elle s'était préparée et était partie un après-midi pluvieux, comme toujours ou presque en Angleterre. Et voici qu'elle était là, devant la reine, à côté de cet homme honni.

Le regard de la reine la transperça subrepticement avant de revenir sur son neveu qui resta calme, bien que tendu. En réalité, son visage reflétait son humeur : maussade. Comme toujours.

— Je n'irai pas par quatre chemins, déclara sèchement la reine en claquant des mains. Nous avons un problème, et je compte bien le résoudre.

Elizabeth fronça les sourcils : voilà qui n'augurait rien de bon.

— Avant tout, une chose : êtes-vous au courant ? Poursuivit Lady Catherine en dardant son regard de feu sur elle. Ou pensez-vous que les zombies sont nés de la main de Dieu, comme tous les sots endoctrinés qui courent les rues et les bals ?

La jeune fille préféra se taire, mais pesta en son for intérieur : telle tante, tel neveu. Quelle famille !

— Il me semble, intervint Darcy de sa voix dangereusement basse, que les circonstances ont été maintenues secrètes pour mieux contenir les mouvements de foule.

— C'est exact, acquiesça la reine. Quoi qu'il en soit, Miss Bennet, sachez que ces créatures du mal ne sont pas ici par hasard. L'Angleterre est le pays le plus touché et malgré tous leurs défauts, l'on ne peut accuser les Français de ce méfait.

Elizabeth tendit aussitôt l'oreille : elle entrait visiblement dans les secrets d'État.

— Au Nord du pays, dans un château infesté de zombies, une créature du Diable se cache.

— Une sorcière ? Devina aisément Lizzie.

Après tout, Jane avait toujours été friande de contes de fées, de sorciers et de magie. Elles avaient ruiné leurs parents en chandelles consumées la nuit pour dévorer les livres de la bibliothèque familiale.

— En effet, confirma la reine Catherine, visiblement étonnée de sa proposition. La sorcière Margaret. Elle a répandu, je ne sais comment, une maladie parmi la population qui a décimé les habitants du nord. Ils sont tombés pour mieux se relever, mais sans âme. Une armée de zombies, qu'elle contrôle par un médaillon qu'elle porte continuellement sur elle si l'on en croit les espions morts pour cette information, se répand donc à ce jour sur l'Angleterre, sur ses ordres.

— Le Nord est tombé de cette manière, poursuivit Darcy en posant ses prunelles de velours sur Elizabeth. Lorsque nous avons été avertis de ce nouveau danger, il était trop tard. La campagne avait déjà cédé.

La sœur de Jane fronça les sourcils, à la fois agacée par l'air suffisant de ce colonel et troublée par ce qu'elle apprenait.

— Est-ce elle qui les dirige ? Pourquoi ?

Au Cœur des Ténèbres ~ Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant