Schizophrénique || h.s. (vf)

Chapitre 18

PDV de Chloe

"Alors, Chloé. Où as-tu toujours voulu aller?" Harry me demanda alors qu'il se tenait de l'autre côté de l'îlot de cuisine, reposant ses paumes sur le marbre alors qu'il me faisait un de ces magnifiques sourires.

Je jouais nerveusement avec mes doigts, tout ce que je pouvais faire était hausser mes épaules alors que des murmures tournaient dans ma tête. Aller quelque part avec Harry serait contre leurs règles, je le savais comme un fait. J'étais simplement fatiguée de me blesser en permanence à plusieurs reprises. Je n'avais jamais de pause. Mes coupures avaient à peine le temps de guérir avant que d'autres ne  s'ajoutent.

"Allons, love. Il doit bien y avoir un endroit," il dit en me regardant.

Encore une fois, je haussais les épaules.

Harry lâcha un soupir, passa la main dans ses cheveux. Ses yeux rencontrèrent les miennes à nouveau, mais il avait l'air plus sérieux. "Chloé, je sais que tu as peur, mais je suis là pour t'aider, souviens-toi? Ils ne peuvent pas continuer à dicter tous tes mouvements. Tu dois leur montrer que c'est ton corps. Tu es en charge," il me raconta fermement.

Je tirais ma lèvre inférieure entre mes dents, secouant la tête. "Ce n'est pas si simple", je m'étouffais, craignant que ma voix ne se brise à tous moments.

"Je sais, love, mais il faut essayer, n'est-ce pas?" Dit-il en me donnant un sourire sympathique.

En réfléchissant à sa première question, j'essayais de varier selon mes options. Je voulais vraiment aller à beaucoup d'endroits. Être enfermée pendant trois ans vous retire de la société. Mon cerveau était moins développé que les civils communs du XXIe siècle, simplement parce que je n'avais pas été mentalement dans le monde aussi longtemps qu'eux. Non, je ne pouvais pas utiliser un téléphone. Non, je ne suis pas allé à Disney Land comme la plupart des petites filles. Non, je n'avais presque rien fait, âgé de dix-neuf ans.

Mais il y avait une chose qui me dépassait le plus, quelque part mon père ne m'y amenait jamais parce que c'était 'inutile' et 'un gaspillage d'argent'.

"Peut-tu... peux-tu m'emmener à la bibliothèque?" Je demandais, ma voix étant à peine un murmure.

Les sourcils d'Harry se frottaient, comme si ma demande l'avait surpris. "La bibliothèque? Tu n'y es jamais allé?"

Honteusement, je regardais mes genoux et secouais la tête. "Mon père a toujours dit que c'était stupide de perdre de l'argent sur des livres, et qu'on pouvait facilement réfléchir par soi-même."

Harry fronça les sourcils. "Ton père se trompe gravement. Les livres sont incroyables."

Je hochai la tête en pensant à la petite étagère que j'avais dans ma chambre au centre de réadaptation. Il n'y avait que trois livres; Wuthering Heights, The Secret Life of Bees, et The Fault in Our Stars. Je les ai lu tous les trois au moins dix fois chacun, simplement parce qu'il n'y avait rien d'autre à faire en étant enfermé avec le titre de folle. Je n'avais pas vraiment de préféré à ce moment là, simplement parce que je les connaissais tellement bien. Mais chaque fois que j'avais demander si je pouvais en avoir plus, tout le personnel m'avait dit que je n'avais besoin d'autre chose pour m'occuper. Ils avaient dit que trois livres étaient suffisants. Ce n'était pas le cas.

"As-tu déjà lu un livre avant?" Demanda Harry, haussant un sourcil.

Je hochais la tête. "Il en avait trois au centre, mais ils ne m'en donnaient pas plus. Je suppose qu'ils avaient la même vision que mon père."

Harry réfléchit un moment, puis sourit. "La bibliothèque semble être une bonne idée, Chloe. Moi aussi, j'ai besoin de plus de romans."

Je ne pouvais pas empêcher un sourire de se former sur mes lèvres, tout mon visage s'illuminant comme si quelqu'un m'avait enfin dit que j'étais normal. J'avais hâte d'entendre que ce mot soit dirigé vers moi, mais chacun de mes rêves semblait toujours s'écrasait. Cependant, Harry continuait de réaliser quelques un de mes rêves, presque comme s'il était un magnifique magicien.

Pendant le trajet pour la bibliothèque, Harry me listais ses livres et ses auteurs préférés. Il me disait que le Grand Gatsby était un truc de "malade" et que je devrais vraiment le lire. Bien sûr, je ne comprenais pas très bien son emploi du mot «malade», mais j'avais prétendu comme si je l'avais entendu toute ma vie. Je ne voulais pas être complètement stupide et lui demander si le livre avait un rhume. Honnêtement, je n'étais pas si stupide.

"Prépares-toi à être émerveillée," déclara Harry en ouvrant la porte à la bibliothèque, un sourire sur ses lèvres alors qu'il me regardait.

Mes yeux s'élargirent à la vue de deux étagères de romans, les livres qui bordaient chaque mur aussi haut que le plafond. J'entrais, regardant toujours la majesté de cet endroit, mes yeux glissaient sur toutes les étagères pour ne rien rater. Je ne me souciais même pas que j'avais l'air d'une idiot pour tous les autres. C'était vraiment incroyable.

"Assez soigné, hein?" Harry sourit en enfonçant ses mains dans ses poches.

"Où allons-nous commencer?" Je demandais dans l'émerveillement total, ma voix sonnant plus aigu que d'habitude, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Même les voix s'étaient tu à ce stade.

Harry haussa les épaules. "Puisque tu es une adolescente, je vois la plupart des gens de ton âge et de ton genre dans la section Romans pour Adolescents. Mais bien sûr, tu peux aller partout où tu le veux. Je suis même prêt à aller à la section pour Enfant, si tu le veux."

Je souris, mes yeux écumant chaque allée avec les étiquettes sur les côtés des étagères. Prenant le premier conseil d'Harry, j'allais dans la section Adolescents et je balayais les étagères du regard. Harry me suivit, mais il regardait les livres pour lui-même, en choisissant quelquefois de lire le résumé. J'en attrapais un appelé The Coldest Girl à Coldtown, mes yeux lisant le résumé décemment intriguant. Je le cachais sous mon bras, et me dirigeais vers la prochaine allée. Les deux livres suivants que j'avais retenus étaient The Book Thief et The Maze Runner. Je ne savais pas si Harry m'achèterais tous les trois, simplement parce que je n'avais pas d'argent pour les acheter moi-même et il devait être fatigué de devoir m'acheter toutes mes affaires. D'abord mes habits, puis ma nourriture, et maintenant mes livres? Le ferait-il?

Je ne voulais pas demander et je ne voulais pas profiter de lui, alors je mis les trois livres sur une table voisine et je me promis de les lire quand j'aurais mon propre argent pour les acheter. Harry en avait fait assez.

"Whoa, qu'est-ce que tu fais?" Demanda-t-il alors qu'il me rattrapait, un froncement sur ses lèvres. "Tu ne prend rien?"

Je secouai la tête, et je dis. "Tu m'as assez payé de choses et tu me laisse même rester chez toi, Harry."

Harry sourit, mais secoua la tête avec amusement. "Chloé, prends les livres, love. Nous sommes venus ici pour toi en premier lieu, tu te souviens? Ça ne me dérange vraiment pas."

Plissant mes lèvres, je pris finalement les trois romans dans mes bras. Mes yeux tombèrent sur The Great Gatsby, alors je le pris suivant les conseils de Harry, le saisissant de l'étagère. Harry me sourit énormément, comme si je lui avais donné un million de dollars. Il hocha la tête en approbation, puis nous avons fait notre chemin à la caisse. Harry avait attrapé deux livres, l'un étant The Book Thief (comme moi), et l'autre s'appelait Half Bad. Je n'osais pas regarder le total des six, juste parce que je savais que cela me rendrait encore plus coupable d'être si pathétique et basse dans la société.

"Voilà. Maintenant, tu as des trucs pour t'occuper." Harry sourit alors qu'il m'ouvrit la porte de la voiture.

"Merci", lui dis-je sincèrement. "Vraiment, Harry. Tu n'étais pas obligé de..."

Il tendit la main pour m'arrêter. "Je le voulais", il dit, me donnant un autre sourire à fossettes avant de s'assoir de son coté.

Même si les voix haussaient le ton une fois de plus, je ne m'en souciais même pas. Je ne pouvais pas effacer mon sourire face à la générosité d'Harry. Ce garçon semblait être littéralement comme un cadeau de Dieu, envoyé spécifiquement à moi pour m'aider à travers mes problèmes non réglables. Il ne craignait pas que je n'étais pas vraiment saine d'esprit. Tout ce dont il se souciait était moi. C'est quelque chose que personne n'avait jamais fait auparavant.

(J'étais dernièrement en voyage ce qui explique mon retard pour ce chapitre, mais j'espère néanmoins qu'il vous aura plu, dites moi tout en commentaire xx)