Chap IX : JOUR PLUVIEUX = JOUR HEUREUX (part 1)

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Ce mercredi fût un jour pluvieux. Aussi, lorsque je me levai et constatai que de grosses gouttes s'écrasaient en continu sur le sol, mon entrain diminua d'un cran. C'est fou comme le temps peut jouer sur notre humeur, pensai-je.

Lorsque arriva 10h, mon enthousiasme était vraiment au plus bas, en effet, les deux heures suivantes étaient consacrées au cours d'EPS, le pire de tous -encore pire que la chimie avec Griffin.

Dans les vestaires, le bavardage incessant des pipelettes se récpercutant dans l'espace exigu me donnait mal au crâne. Évidemment, celle qui alimentait ces conversations était Darerca. Madame se dressaient fièrement au milieu des autres filles qui bavaient devant elle. Il faut dire que son sublime corps était mis en valeur par son legging de course. Celle-ci se vantait d'être une grande sportive et d'être dans les meilleurs en athlétisme -aussi forte que les graçons, ajouta-t-elle assez fort pour être entendue. Alors que je cherchais mes affaires dans mon sac je m'exclamai soudain :

-Oh no !

-Quoi ? Me demanda Lana, qui enfilait un tee-shirt.

-J'ai oublié mon K-way, fit-je dépitée.

-Shit ! Heu...je peux te prêter mon gilet si tu veux ? Proposa-t-elle, visiblement pênée pour moi.

-Merci c'est gentil mais t'inquiète, ça va aller. J'aurais ma douche pour la journée comme ça, lui répondis-je avec un sourire ironique.

Une fois que nous fûmes toutes les deux prêtes, nous allâmes dans le gymnase en attendant que le prof nous explique les consignes.

C'était en fait là encore une femme. Grande, tout en muscle, cheveux blond coupés courts et bien sûr jogging accompagné de basket fluo, bref l'allure typique d'une prof de sport.

-Allez, asseyez-vous ! Lança-t-elle alors qu'elle arrivait à peine. Une fois plantée devant la table qui faisait office de bureau, je la vis qui nous comptait.

-32! Qui sont les trois absents ? Demanda-t-elle avec une pointe d'agacement.

Alors qu'Harry s'apprêtait à répondre, Darerca et ses compères sortirent du vestiaire d'une démarche non chalante.

-À l'avenir il faudra vous dépêchez mesdemoiselles ! Sinon je me verrai dans l'obligation de venir vous cherchez, que vois soyez prêtes ou non...

Cette remarque pleine de sous-entendus en fit sourire plus d'un, surtout chez les garçons.

-Nous allons commençer l'année par un cycle de course, commença la grande femme d'une voix forte. Aujourd'hui, nous ferons un petit footing d'une demi-heure suivi par du gainage et des échauffements pour décrasser vos corps qui n'ont sûrement pas vu une paire de basket de l'été... Elle laissa sa phrase planer un instant avant de reprendre. Aller, tous à vos K-way et direction le stade ! Fit-elle, dynamique.

Je soupirai tandis que Lana me jeta un coup d'oeil plein de compassion.

Alors que je courais depuis une dizaine de minutes -étant donné mon allure de limace, je n'avais pas tardé à être devancée par toute la classe- je vis soudain Aslinn, qui courait dans le peloton de tête, peloton qui contenait Darerca, faire demi-tour pour revenir dans ma direction. Même si je courais, je grelottais. Mes cheveux mouillés collaient à mon sweat et avaient formé une grosse tâche humide et froide dans mon dos. J'avais les pieds trempés et les mollets pleins de sable. Je dé-te-stais le sport !! Aslinn arriva à ma hauteur en à peine plus de dix foulées, ses grandes jambes lui donnaient une amplitude phénoménale. Tout en trottinant, je remarquai qu'il enlevait sa veste pour me la tendre.

-Tiens, me fit-il simplement.

-Mais et toi ? Tu vas être gogé !! Fis-je, étonnée.

-J'ai cru comprendre que tu avais oublié ton K-way, et je crois que tu en as plus besoin que moi, me répondit-il en me tendant à nouveau sa veste noire.

Effectivement, mon cou était parcouru de frissons.

Devant son insistance, je pris sa veste -qui était encore tiède de sa chaleur- et l'enfilai sans peine par dessus mon sweat. Elle m'était trois fois trop large mais avait le mérite de me réchauffer un peu, et surtout elle avait une capuche !

-Merci, murmurai-je, le visage caché par la capuche.

-De rien, répondit Aslinn.

Puis il repartit et rejoignit sans peine la tête du troupeau que formait la terminale B. Le footing dura encore une vingtaine de minutes avant que nous ne revenions au gymnase pour les étirements et le gainage.

Une fois tous les élèves réunis, la professeur nous montra une série de positions -toutes les plus inconfortables les unes que les autres – en nous demandant à chaque fois de les tenir pendant une minute chacune. Ce fût un véritable supplice, mes muscles déjà raidis d'avoir couru sans interruption pendant un certain temps ne demandaient qu'une seule chose : le repos !

Aussi, ce fut avec un soulagement que furent acceuillis les étirements. Alors que je me tenais la tête entre les mains, les coudes posés au sol entre mes jambes écartées à presque 180°, j'entendis Harry qui siffla entre ses dents :

-On ne peut pas dire que tu es raide toi ! Contraiement à certains, fit-il en se tournant vers Aslinn qui peinait à poser les mains au sol.

Lorsque nous sortîmes du gymnase, je me sentais complètement lessivée. Il va vraiment falloir que je m'y remette, me dis-je tout en sachant que la probabilité pour que j'ailles courir avoisinait le zéro.

-Alors poupée ? J'ai cru qu'on t'avait perdu en route ! Résonna soudain la voix d'Harry derrière moi.

-Harry, je vais pas te le répéter 36 fois, arrête de m'appeler comme ça, soupirai-je. Puis voyant Aslinn arriver, je m'approchai de lui.

-Tiens je te rends ça, fis-je en lui tendant sa veste qui était aussi trempée que son propiétaire. Encore merci, tu n'étais pas obligé, tu...

-Mais qu'est ce que c'est que ce traffic ? S'imissa Harry, en jetant un coup d'oeil au sweat-shirt d'Aslinn que lui tenait d'une part et moi de l'autre.

-Rien, je récupérais juste ma veste, lui adressa Aslinn. Harry lui jeta un regard interrogateur qui glissa ensuite sur moi.

Croyant que l'autre devait la tenir, nous lâchames sa veste au même moment et celle-ci tomba dans un petit plof dans la flaque d'eau qui nous séparait, Aslinn et moi.

-Ah ba c'est malin ! Fit Harry en levant les mains au ciel.

Instentanément, je me baissa pour la récupérer.

-Je te la lave et je te la ramène demain, fis-je à l'intention d'Aslinn.

-Non mais c'est pas la peine, répliqua celui-ci.

-Si si j'insiste ! En plus j'ai transpiré dedans...

-Bon d'accord, en plus le style "épouvantail" te va plutôt bien mais tu sais j'ai une machine à laver chez moi !

Harry resta planté là, nous regardant moi et Aslinn, la mine perplexe.

-Harry ! L'appela Lana qui se trouvait à quelques mètres.

Cela eu comme effet de le tirer de sa perplexité et il retrouva son pétillant air habituel.

-Bon aller, à cet après-midi, fit-il tout en aggripant Aslinn par la manche et en l'entraînant à sa suite.

-A toute à l'heure, joli épouvantail ! Me lança-t-il avec un grand sourire avant qu'il ne disparaisse à l'angle du gymnase.

Je lui lançai un regard qui se voulait réprobateur tout en souriant intérieurement.

Il fallait vraiment que j'apprenne à ces deux-là mon vrai prénom me promis-je intérieurement. J'enfonçai mes écouteurs qui apportèrent jusqu'à mes oreilles le son de Chuck Berry et allai retrouver ma mère qui devait sûrement m'attendre dans la voiture devant le gymnase.

Un joli triangleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant