Chap XXVI : UN COEUR QUI BAT

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Ce week-end là, nous n'avions quasiment pas de devoirs

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Ce week-end là, nous n'avions quasiment pas de devoirs. Aussi j'en profitai pour...ne rien faire ! Je discutai avec Aslinn via sms et je lui annonçai que j'avais l'intention d'aller parler à Harry dès lundi.

Ce dimanche là, je pris soin de fermer les épais rideaux du petit salon chez ma grand-mère.

Nous étions lundi 7 décembre et les vacances étaient dans moins de deux semaines ! Quand je m'éveillai et que j'ouvris les volets de ma fenêtre, je constatai qu'il neigeait. De légers flocons flottaient dans l'air avant de se déposer par terre. L'herbe du jardin était déjà enfouie sous une bonne dizaine de centimètres de poudre blanche. Les arbres aussi étaient tout de blanc vêtus.

J'enfilai un jean et un épais pull rouge poilu -mon préféré- et descendis dans la cuisine, où, comme à son habitude, ma mère faisait griller des tranches de bacon sur le gaz.

-Darling, on part dix minutes plus tôt, vu le temps la route risque d'être glissante, dit ma mère en guise de bonjour.

Cela ne me laissait donc qu'une toute petite dizaine de minutes pour avaler mon bol et me préparer !

Je déjeunai donc en quatrième vitesse avant de filer à la salle de bain.

Dans la voiture, je sentais mon estomac qui faisait des noeuds, comme en situation de stress. Je ne voulais pas me l'avouer mais l'idée de me retrouver en tête avec Harry alors que je ne lui avais pas adressé la parole depuis un bout de temps m'angoissait. Je pestai contre moi-même et tentai de me calmer en regardant la forêt défiler à travers la vitre. Couverts de givre, les troncs d'arbres scintillaient et paraissaient faits de verre. Le paysage entier était d'un blanc immaculé.

Arrivée au lycée, je m'empressai de grimper en 212 autant pour rejoindre Aslinn que pour me réchauffer à l'intérieur. D'ailleurs, celui-ci m'attendait comme toujours, accoudé à la fenêtre, les mains posées sur le radiateur. Quand je fus à ses côtés, il m'enserra la taille avec son grand bras et me ramena contre lui.

-Qu'est-ce que tu écoutes ? Fis-je en lui piquant un écouteur.

Je le plantai dans mon oreille droite et reconnût aussitôt les notes de Brothers de Riles. Cela me fit penser à Aslinn et Harry. On pouvait quasiment dire qu'ils étaient frères puisqu'ils se connaissaient depuis qu'ils étaient tout petits. Mais, à cause de moi, leur amitié s'étaient cassée. Toutefois, ils n'en étaient pas au point d'être ennemies...

La sonnerie retentit en même temps que Madame Hopskins sortit de sa salle. La prof de philo se plantait toujours à côté de l'ouverture, les bras coisés sur sa poitrine, pour accueillir ses élèves.

Alors que je m'installais et sortais mes affaires, je sentis une main qui me caressait le dos. Je fis volte-face et constatai qu'il s'agissait de celle d'Aslinn.

-Tu me prends pour ton chat ou quoi ? Demandai-je en rigolant.

-J'adore ton pull, répondit-il en frottant sa joue contre les poils de celui-ci. 

Une fois que les murmures s'atténuèrent, Madame Hopskins alla se planter devant le tableau et prit la parole d'une voix forte.

-Bien bien. Bonjour à tous ! En ce premier lundi de décembre, nous allons parler d'un thème qui, je l'espère devrait vous inspirer. Si je vous dit les papillons dans le ventre et les étoiles dans les yeux, vous me répondez...?

La prof laissa planer la fin de sa réponse avant qu'un des gars au fond de la classe ne lui réponde.

-Que vous êtes totalement défoncée, répondit un garçon du nom de Conor, ce qui eut pour effet de déclencher l'hilarité générale.

-Hum, ce n'est pas tout à fait ce que j'attendais mais dans votre cas cela s'avère juste. En effet, je ne serais pas surprise que vous n'ayez jamais trouvé l'amour, Conor, répliqua la professeur.

L'autre se vexa et n'ouvrit plus la bouche du tout.

-Oui oui, vous l'avez compris, nous allons parler de l'amour, reprit la professeur en parcourant la classe des yeux.

Ce qui n'était pas bon signe du tout, cela signifiait qu'elle cherchait quelqu'un à envoyer au tableau. Je dois préciser qu'à chaque fois que l'on commençait un nouveau thème, elle désignait un élève qui devait donner sa propre vision du sujet. Lorsque ses petits yeux s'attardèrent particulièrement dans ma direction, je me dis "ma vieille, tu es bonne pour aller au tableau".

-Vous là, venez donc ! Clama la prof en me fixant. Je déglutis et faillis ouvrir la bouche mais elle me devança.

-Oui oui, vous là, le grand dadet avec vos yeux de merlan frit.

Je compris alors que, depuis tout à l'heure, la prof fixait mon voisin. Aslinn poussa un petit soupir avant de se lever et d'aller se placer devant le tableau. À côté de lui, elle paraissait encore plus rabougrie et maigre. En même temps, à côté d'un gars qui mesure presque 1m80 et qui a une carrure digne d'un rugbyman...

Aslinn passa la main à travers ses cheveux avant de ramener ses deux bras dans son dos, ce qui accentuait ses épaules carrées.

-L'amour, commença-t-il, c'est quand tu ne peux rien faire. La personne est devant toi, tu la dévores des yeux et tu n'as qu'une envie : c'est de la serrer contre toi pour ne plus jamais la lâcher. Tu t'entends tellement bien avec elle, que d'un seul coup d'œil, tu sais si elle va bien ou pas. L'amour, c'est fait de tout un tas de petits trucs : ta main qui enserre la sienne, un sweat ou une écharpe échangé, l'odeur du shampoing de la personne que tu aimes, à cette drôle de remarque, quelques uns pouffèrent tandis que la prof haussa un sourcil.

Quant à moi, j'avais le cœur qui tambourinait furieusement dans ma poitrine. Depuis qu'il avait commencer à parler, Aslinn ne m'avait pas quittée du regard, ses yeux n'avaient cessé de fixer les miens seulement lorsqu'il battait des cils.

-Enfin, reprit Aslinn en gardant ses deux azurs braqués sur moi, c'est quand tu n'envisages pas l'avenir sans ta moitié.

Un silence tomba sur la classe avant que la prof ne siffle entre ses dents en même temps qu'elle frappait ses deux mains.

-Bravo monsieur Mckellen, j'en conclu par votre très détaillé point de vue du sujet que vous n'êtes pas comme votre camarade Conor, fit la prof en dardant un regard réprobateur sur le gars au fond de la classe. Vous pouvez retourner vers votre voisine, indiqua la prof en dirigeant cette fois un regard entendu sur moi.

Quand Aslinn se fût rassis à mes côtés, il me sourit avec un clin d'œil. Comme je ne pouvais pas lui répondre en faisant la même chose – je parle du clin d'œil- je griffonnai un petit cœur dans le coin de sa feuille auquel mon voisin ajouta quelques traits sur le côté, comme s'il voulait le faire battre ou briller davantage...

Un joli triangleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant