Chap XXI : UNE BULLE DE DOUCEUR

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J'ouvris les yeux

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J'ouvris les yeux. Il faisait noir. J'étais étalée sur mon lit, encore en jean et en pull. Je me levai et avançai à tâtons avant de trouver mon sac. Je sortis mon portable. Minuit deux. Quoi ?! Se pouvait-il que j'ai dormi tout ce temps ? Mon estomac gargouilla, me rappelant que j'avais sauté le dîner. Je descendis à pas de loup dans la cuisine. Un post-it traînait sur la table.

Darling, j'ai voulu te réveiller pour manger mais tu dormais et ton père m'a dit que tu étais fatiguée. Il reste des pâtes au frigo dans le tupperware bleu ;)

Je souris en pensant à la bienveillance dont faisait preuve ma mère. Étant donné l'heure un peu tardive pour des pâtes, je décidai de juste prendre un thé et une pomme. Seulement, ayant dormi plus de trois heures, je n'avais aucune envie de retourner au lit. Je me sentais parfaitement reposée. Tout en croquant dans ma pomme, j'allumai la TV en sourdine et zappai sur plusieurs chaînes. Ne trouvant rien, j'éteignis le téléviseur. Je réfléchissais à ce que j'allais bien pouvoir trouver pour m'occuper l'esprit. À ce moment là, j'avais très envie de voir quelqu'un. J'attrapai mon phone :

Hi, je n'arrive pas à dormir. Si toi non plus, je suis là.

Je n'avais pas grand espoir de recevoir une réponse, mais bon, "qui ne tente rien n'a rien" comme dit le proverbe.

Un quart d'heure plus tard, alors que je lisais un article sur les relations entre les gens -ironie- mon téléphonne vibra, à ma plus grande surprise.

Mee too ;)

Je souris tout en pianotant sur mon clavier. Une minute plus tard, je reçus sa réponse.

D'accord :)

J'enfilai mes bottines, ma doudoune, mes gants et mon écharpe. Une fois emmitoufflée, je sortis dans cette froide nuit de fin novembre. Une fois sur le perron, je fermai la porte tout en délicatesse. Les lampadaires projetaient leur lumière jaunâtre dans la rue déserte. Tous les voisins dormaient. Par chance, c'était un soir de pleine lune, aussi je n'eus pas trop de difficultés sur le chemin menant à la plage. Lorsque je débouchai sur la bande de sable humide, il n'était pas encore là. Je décidai d'aller l'attendre en m'asseyant sur un grand rocher plat, face aux vagues qui continuaient leur incessant roulis.

Mille pensées s'entrechoquaient dans ma tête. Est-ce-que maintenant tout serait différent ? Il y avait encore une chose qui restait un peu floue : si Harry m'aimait -je n'arrivais pas à me faire à cette idée- pourquoi traînait-il avec Darerca ?

-Belle nuit n'est-ce-pas ?

Je sursautai en entendant cette voix si proche de moi. Aslinn s'assit à côté de moi sur le rocher qui était juste assez large pour nous deux.

-Tu en as mis du temps, le taquinai-je.

Après l'épisode du bus, je cherchais à détendre l'atmosphère.

-J'ai du sortir par la fenêtre. Je ne sais pas où mon père a caché les clés, me répondit-il.

Je repensais alors au mien.

-Si mes parents savaient que j'étais là, ils me tueraient, fis-je en regardant les étoiles.

Je souris en pensant à l'étrange situation dans laquelle j'étais. C'était tellement improbable de se retrouver là, au beau milieu de la nuit avec un garçon que je ne connaissais que depuis trois mois !

-À quoi tu penses ? Me demanda doucement Aslinn, qui, pour la première fois de la journée, tourna son beau visage face au mien.

Il était vraiment très beau, ses cheveux en bataille mi-long donnaient envie d'y plonger la main, son sourire espiègle qui éclairait son visage, et par-dessus tout, il y avait ses yeux. Ces deux morceaux brut de spahir qui, à chaque fois qu'ils se posaient sur moi, ne manquaient pas de me faire tressaillir.

-Alors ? Répéta-t-il.

J'étais tellement occupée à l'observer et à le détailler que j'en avais oublié sa question.

-À rien, rien du tout...fis-je.

-C'est impossible, on ne peut pas penser à rien du tout, me rétorqua-t-il avec son sourire malicieux.

Je ne sais pas ce qu'il avait fait entre le moment où on s'était quitté à l'arrêt de bus et là, mais ce n'était plus le même Aslinn ! J'avais retrouvé mon Aslinn de d'habitude, souriant et enjoué. J'écarquillai les yeux en réfléchissant ce à quoi je venais de penser, je l'avais appelé mon Aslinn alors que je ne l'avais jamais fait auparavant. D'ailleurs, il avait du remarquer mon regard, car c'est toujours avec son grand sourire qu'il me fit la remarque :

-Je ne sais pas ce qu'il se passe là haut, fit-il en me carressant le haut du crâne, mais je crois qu'il y a du monde !

-Vas-y, dis que je suis folle pendant que tu y es ! M'exclamai-je en lui enpoignant la main.

Mais sa poigne était beaucoup plus ferme et forte que la mienne, il agrippa mon poignet -rikiki par rapport au sien- et enserra entre ses deux mains la mienne. Il souffla doucement entre ses doigts de l'air chaud qui caressa tout en douceur mes doigts glacés. Il sourit une énième fois en libérant ma main de son emprise. Je m'empressai alors de fourrer mes deux mains dans les poches de ma doudoune, encore électrisée par son contact.

-On est bien là hein ? Fit soudain Aslinn en se tournant face à la mer.

-Oui, lui répondis-je.

À ce moment là, je mourrais d'envie de me blottir contre lui, de poser ma tête au creux de son cou. Comme s'il avait lu dans mes pensées, Aslinn étendit son grand bras autour de mes épaules, me collant doucement contre son flanc.

Nous restâmes là sans rien dire pendant un long moment, à admirer le paysage irrréel inondé de la lumière de la pleine lune, profitant de cette bulle de douceur à part de tout le reste.

Un joli triangleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant