Bloodshed Tome 2 : Sacrifice

Chapitre 38 : Le déclin

Thalia

   Les 17h de vol m'ont rendues plus angoissée qu'autre chose. Pendant tout ce temps je me demandais ce qui était en train d'arriver à Derek... Torture physique ? Morale ? Interrogatoire pour savoir où se trouvait le reste de l'Alliance ? Mort...? Il peut se passer beaucoup de choses en 17h. Mais j'ai beau tenter de me convaincre que Derek ne s'est pas encore rendu à la base de Kingston pour réfléchir calmement à la situation, cela me paraît toujours difficile à croire.

   Pour notre départ, l'aéroport de Maracaibo était devenu un vrai champ de bataille à cause du nombre incalculable de meurtres dus à la panique et à l'instinct de survie qui prend le dessus sur les gens. Des dizaines de corps jonchaient le sol, certains sentant déjà la charogne à plein nez. Cela ne m'étonnerait pas que l'aéroport ne soit plus en service dorénavant. Je pense que nous avons eu beaucoup de chance pour trouver un avion qui allait droit au Canada.

   Le vol 296 que nous avons pris se rendait à l'aéroport de Dawson City dans le Yukon. Etant donné que la seule escale était prévue pour Kingston et que c'était justement là que nous voulions aller, nous avions choisi le bon avion. Les hôtesses nous ont prévenues que dorénavant, plus aucun arrêt ne se ferait aux Etats-Unis, le pays étant sur le point de tomber. 

   Malheureusement, la situation au Canada n'est guerre mieux... Depuis que la nouvelle concernant la base militaire de Kingston prise par l'assassin du Président des Etats-Unis circule, toute la ville a été entièrement évacuée. Les 164 000 habitants dorénavant absents rendent un aspect ville fantôme à celle-ci. 

   Plus nous nous rapprochons de la base, plus je me sens nerveuse. J'ai médité durant tout le vol sur ce qui vient d'arriver. Ça m'a achevé, je dois dire. Et je crois qu'il va me falloir du temps pour aller mieux, car l'oublier ne sera tout simplement pas possible.

   - Je commence à avoir les jetons, annonce Kayla lorsque nous apercevons l'entrée de la base.

   En arrivant près du portail, mon cœur fait un bond tandis que je réprime un frisson.

   - Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel...? murmure Zach, visiblement tout aussi chamboulé que moi.

   Devant nous s'offre un spectacle aussi impressionnant qu'inquiétant. Des dizaines... non, des vingtaines de corps jonchent le sol, du portail jusqu'à la porte blindée principale qui est restée ouverte.

   - Je ne sais pas ce qui s'est passé ici, ai-je déclaré en m'avançant, mais ça me dit rien qui vaille.

   Nous passons le portail qui, à notre plus grande surprise, est ouvert. Personne n'est présent dans la cabine.

   Le plus étonnant est que les corps ne présentent aucune blessure apparente, que ce soit par balle ou par arme blanche. Aucune trace de sang, rien. En slalomant entre ceux-ci, j'en examine rapidement un pour voir si des traces d'étranglement ou autres sont présentes, mais non, toujours rien.

   - Ils ont fait un malaise collectif, ou quoi ? tente de plaisanter Kayla.

   Toute la coure est recouverte de corps inertes. Comme la ville, la base semble vide. Pas un seul bruit pour le moment. Cependant, la lumière rouge clignotant au dessus de la porte principale ne fait que raviver mon inquiétude déjà omniprésente.

   - On doit se grouiller, venez.

   Au passage, je récupère une arme appartenant à un des soldats allongés au sol. Je reconnais là un fusil d'assaut allemand RS556. Ce doit être un des seuls que je connais, en fait... Après avoir vérifié qu'il était chargé, je lâche un gros soupire avant d'empoigner l'arme avec mes deux mains. Je le pointe droit vers l'avant, sans poser mon doigt sur la gâchette.