Chapitre 40 : Illusion

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Derek



   Mon cerveau tourne au ralenti. Des centaines d'images défilent devant moi, je suis totalement conscient mais ne peux rien faire. Je ne sais pas ce qui m'arrive... Suis-je mort ? Est-ce le début de mon arrivée en enfer ? Ce mythe sur la vie après la mort est-il réel ...?

   J'ai l'impression qu'on m'appelle. Une voix lointaine semble m'attirer vers le fond. Ou vers la surface ...? Je ne saurais le dire, tout est flou... Mais la voix se fait claire dorénavant, et je la reconnaîtrais entre mille. C'est celle de ma mère. Je la vois se dessiner peu à peu devant moi, son visage si doux, si rassurant et si familier devenant de plus en plus précis.

   Elle est vêtue d'une robe entièrement banche qui ressemble un peu à celle d'une mariée. La blancheur de la robe épouse ses magnifiques formes et sa peau pâle. Ses longs cheveux bruns ondulés lui retombent sur les épaules et flottent lentement au vent qui semble venir de nulle part. Je la vois arriver vers moi, ses remarquables yeux bleus brillant face à cette lumière divine qui l'enveloppe de toute part.

   Elle s'agenouille auprès de moi et pose sa main douce sur ma joue. Je ne sais rien de ce qui se passe. Je ne sais pas si je suis assis, allongé, je ne vois rien qui m'entoure, je ne me vois même pas, moi. Seulement cette lumière blanche aveuglante et ma mère dans toute sa splendeur.

   Elle me sourit, dévoilant ses dents magnifiquement bien alignées elles aussi d'une blancheur sans pareil. Ses lèvres fines me rappellent toutes ces fois où elle m'embrassait le soir avant de me laisser paisiblement m'endormir.

   Elle se présente tel un ange venu me ramener. Mais me ramener où ? 

   - Tout va bien, mon chéri, murmure-telle.

   Sa voix me berce et pénètre mon esprit tourmenté. Son aura si rassurante me donne l'impression de flotter avec elle sur un nuage.

   - Maman, me suis-je entendu prononcer. Où suis-je ?

   - Chhhh... dit-elle en me caressant tendrement le visage. Tu n'as rien à craindre. Je suis là.

   - Est-ce que... tu es réelle ?

   Ma mère affiche soudainement un sourire triste en passant sa main dans mes cheveux.

   - Non, répond-elle. Je suis dans ta tête.

   - Je ne sais pas ce qui m'arrive...

   - Chhhh...

   Elle se penche au dessus de moi pour approcher ses lèvres de mon front, puis elle se redresse et me fixe, toujours avec le même sourire triste.

   - Tu es en train de reprendre vie, m'explique-t-elle. Ton esprit est chamboulé et il est tout à fait normal que tu te sentes mal.

   - Je croyais être condamné à pourrir en enfer.

   - Ne dis pas de sottises. 

   Je la vois sourire à nouveau comme elle avait l'habitude de le faire. Je ne sais pas ce que je ressens, je ne me vois que parler avec ma mère... Suis-je en train de rêver ?

   - Je suis un meurtrier, ai-je murmuré.

   - Oui, confirme ma mère. Mais ce n'étaient que des accidents. Ces meurtres étaient contre ta volonté. C'était l'autre partie de toi qui les accomplissait.

   - Mais tous ces gens que j'ai tué en toute connaissance de cause... Tous ces innocents manipulés par Wilkins...

   - Arrête de te tourmenter, mon ange. Ça ne t'apportera rien. Sache que je serai toujours là auprès de toi, même si tu ne me vois pas. Je veille toujours sur toi, mon chéri.

   Ma mère se relève délicatement, me fixe avec intensité, toujours souriante. La robe se met à bouger comme si elle était prise dans un tourbillon tandis que le visage de ma mère commence à s'évaporer dans l'air.

   - Maman, attends...

   - N'oublie jamais, mon chéri. Tu dois vivre avec le présent, le passé ne te fais que culpabiliser. Il le faut si tu veux avancer. Sache que je veillerai toujours sur toi, quoi que tu fasses. Je t'ai montré la bonne voie, à toi maintenant de faire ce qu'il faut pour continuer à avancer.

   Elle s'évapore dans une lumière blanche aveuglante qui m'éblouie instantanément. Je n'entends plus que sa voix qui devient lointaine...

   - Tu es fort, mon fils, chuchote-t-elle. Je suis fière de toi...

   Une étrange sensation me fait me sentir mal, puis la lumière s'estompe pour faire place au noir. Je sens mon corps entrer en harmonie avec mon esprit, puis j'ouvre les yeux et inspire une grande goulée d'air en me redressant. L'image devant moi devient moins floue, et je distingue alors deux visages familiers : Jared et Thalia qui me fixent d'un air abattu.

Bloodshed Tome 2 : SacrificeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant