Les enfants d'Astra T3 & 4 [SOUS CONTRAT D'EDITION]

Eléonore (Chapitre 7)

— Ton... Ton frère ? Liam je... c'est une méprise, j'ignorais totalement...

Eléonore n'avait jamais autant perdu ses moyens qu'à cet instant. Mais le père de son fils lui adressa un sourire rassurant, la calmant légèrement même si elle resta sur ses gardes, se plaçant devant son fils comme pour le protéger sans en avoir conscience.

— El', il n'y a pas de problème. J'avoue que ça m'amuse plus qu'autre chose... On se ressemble donc tant que cela ?

La jeune femme retrouva un peu de son assurance sans pour autant oser se retourner vers l'homme qu'elle venait d'embrasser et rougissant. Elle finit par répondre à Liam :

— Comme de vrais jumeaux.

Elle hésita puis se décida à se retourner vers Edward qui la regardait maintenant lui aussi avec un petit sourire, revenu visiblement de sa surprise.

— Excusez-moi de mon... mon impolitesse. J'avais oublié depuis la dernière fois qu'on s'est vu combien vous êtes semblables.

Elle était un peu froide à cause de la crainte qui lui comprimait encore la poitrine lorsqu'elle regardait Liam, mais celui-ci échangea un regard fortement amical avec son frère qui répondit à sa salutation avec bonhomie :

— Oh pas la peine de passer d'un extrême à l'autre ! D'abord tu m'embrasses, puis tu me vouvoies. Reprenons depuis le début cette présentation ratée... Je suis le parrain de ton fils et je m'appelle Edward. Enchantée de te rencontrer de nouveau El' !...

Et sans qu'elle s'y attende il la prit amicalement dans ses bras avant de reculer. Elle se retourna aussitôt vers Liam, déjà de nouveau inquiète, mais il lui adressa un sourire avant de lâcher :

— Ne t'inquiète pas El'. Je ne vais pas me fâcher pour cet incident... Je comprends la méprise et de toute façon je pardonnerai n'importe quoi à mon cher frère.

Et il donna une tape amicale dans le dos d'Edward qui lui répondit de la même façon. Liam demanda à la jeune femme sans cesser de sourire :

— On peut envahir ton salon ?

— Je... Oui, oui j'arrive, allez-y. Le temps de commander des rafraîchissements.

Les deux garçons acquiescèrent et quittèrent la pièce tandis que Eléonore se déplaçait pour trouver un appui contre le mur.

Liam était... différent. Avec son frère il s'adoucissait, devenant incroyablement plus gentil et prévenant. Jamais la jeune femme n'aurait pu imaginer de changement plus radical... Elle se prit à espérer qu'Edward reste longtemps sur Mars, sans vouloir se l'avouer cependant et elle regarda alors son fils, Ivan, qui la fixait avec une petite moue interrogative.

— Tu n'as pas vu que ce n'était pas Papa ?

La jeune femme se reprit, retrouva son courage habituel, et vint prendre son fils dans ses bras.

— Oh Ivan, non mais j'aurais dû je crois m'en apercevoir. Désolée chéri de ne pas être à la hauteur...

Elle plaisantait sur la dernière phrase et elle remit doucement l'une des mèches de l'enfant derrière son oreille d'un geste tendre. Ivan murmura comme s'il avait peur que derrière les murs son père l'entende :

— Il est arrivé et il m'a dit "bonjour filleul" puis il m'a expliqué qu'il était très content d'être mon parrain et que ça lui faisait plaisir de me parler... Je sais maman que dans vos histoires les héros ne doivent jamais avoir peur. Mais j'avais peur, je croyais que c'était... que c'était Papa déguisé, je me suis trompé comme vous. Il... Il m'a rassuré en racontant des choses, encore mieux que vous maman. Il... Il était gentil. Alors j'ai compris que c'était bien le jumeau de Papa.

Eléonore le prit de nouveau dans ses bras, gardant le silence, extrêmement troublée sans parvenir à en trouver la raison.

Ce ne fut que quelques minutes après qu'elle se releva, fixa des yeux son petit garçon et murmura simplement à son intention en posant un doigt sur ses lèvres :

— Reste sagement ici, d'accord ? En silence, je ne voudrais pas que ton père s'énerve même s'il semble calme pour l'instant.

Ivan retrouva son petit air craintif et hocha la tête doucement. Eléonore s'éloigna alors de lui, pianota sur quelques touches de son écran pour demander aux étages inférieurs de leur monter des rafraîchissements, puis s'obligea à totalement se calmer pour quitter la chambre de son fils et rejoindre son salon.

Qu'est-ce qui la dérangeait ainsi sans qu'elle parvienne à l'identifier ? Le baiser. Le souvenir de l'étreinte fugitive d'Edward. Il avait été si doux, si incroyablement rassurant comparé à son dangereux frère...

S'était-il rendu compte de l'impression qu'il lui avait faite lorsqu'elle l'avait surpris racontant gentiment des histoires à Ivan ?

Elle songea, très mortifiée de sa conduite dont elle continuait à rougir, qu'elle espérait que non. Comment avait-elle pu les confondre ? Mais ils étaient si semblables... Même dans la façon de se coiffer avec ces quelques boucles de cheveux désordonnées qui leur donnaient un aspect rebelle, enfantin ou joueur selon la façon de penser, ils étaient identiques.

Eléonore comprenait mieux pourquoi Liam avait toujours refusé ne fut-ce que d'entendre parler d'un changement de coiffure. Il tenait à sa ressemblance avec Edward... comme s'il lui attachait plus d'importance qu'à tout autre, y compris la mère de son fils. Cela rendit la jeune femme légèrement amère mais elle se contint.

Si toutes ses analyses étaient juste, alors sa méprise de tout à l'heure ne pouvait qu'avoir plu à Liam, et c'était déjà un soulagement.

Alors pourquoi n'arrivait-elle pas à effacer la sensation de calme et de protection qu'elle avait ressentie dans les bras de son frère ?

— El' ! Qu'est-ce que tu fabriques ?...

Plus le temps de réfléchir, visiblement ils la réclamaient du salon. Elle se composa son visage habituel, mis un peu en ordre sa tenue qui mettait comm toujours son physique à son avantage, et gagna la pièce suivante.

Un instant après elle venait s'asseoir dans un fauteuil à suspenseurs près des deux frères et Liam lui adressait la parole calmement :

— Encore à t'occuper de ton gosse, pas vrai ?

Il n'attendait aucune réponse et Eléonore ne se donna pas la peine de relever. Mais Edward se redressa en fronçant les sourcils et en dévisageant son frère.

— Dis donc Liam, il me semble que ce gamin c'est le tien aussi. Tu t'en occupes de temps en temps ? Il a eu l'air terrorisé en me voyant et je te préviens, je trouve ça lamentable que ton fils ait peur de toi...

Il était resté très calme en disant cela mais Eléonore ne put s'empêcher de frémir. Il existait très peu de personnes à affronter ainsi le prince de Mars de front...

Mais, la surprenant de nouveau, Liam se contenta de sourire avant de répondre.

— J'étais certain que ma conduite ne te plairait pas et que tu me ferais un sermon Ed'...

— Que comme d'habitude tu n'écouteras pas frérot.

Ils échangèrent un regard complice, laissant Eléonore toujours sous le choc. Elle songea à part elle que toute la population aurait été éberluée d'assister à ces joyeuses retrouvailles entre le plus haut dirigeant de Mars et celui de l'Egrabe.

À cet instant les deux princes semblaient avoir oublié et leur pouvoir et leurs écrasantes responsabilités. Ce qui les transformait tous deux, faisant apparaître deux hommes, dont le véritable Liam peut-être, qu'elle n'était pas certaine de connaître.