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Un panier rempli de courses dans les mains, je toque à la porte de la maison de mes parents, pour prévenir de ma présence, et pousse la poignée à l'aide de mon coude, pour finalement m'engouffrer dans la maison. Je pose le panier sur la table, et retire mes chaussures, ainsi que ma veste, ne voulant pas m'attirer les foudres de ma chère mère. Si j'avais gardé mes chaussures, elle me les aurait certainement balancées à la figure, hurlant qu'elle avait passé des heures à nettoyer le sol pour ma venue, et qu'elle vivante, jamais une paire de souliers n'irait plus loin que la table de l'entrée. Sourire aux lèvres, je décide de les ranger dans un placard, et me tourne juste à temps pour voir mes parents, descendre des escaliers pour venir me serrer dans leurs bras, étreinte que je leur rend.

Je remarque une agitation particulière dans la maison de mon enfance et, alors que je récupère le panier pour me diriger vers la cuisine, je remarque deux petites valisettes posées sur le canapé de cuir, m'offrant un froncement de sourcils. Je pose une seconde fois le panier, dans la cuisine cette fois-ci, et m'approche des deux valises, alors que mes parents s'activent autour de celles-ci. Je m'appuie sur le bar de la cuisine, donnant sur le salon, et passe une main dans mes cheveux cendrés par un faux blond.

" Vous partez en vacances ?

- Non, chéri, pas exactement, c'est la raison pour laquelle nous t'avons demandé de venir ce soir, et non pas demain.

Il est vrai que sa demande de décaler ma venue hebdomadaire du dimanche midi, au samedi soir, pour leur préparer un bon repas puis passer l'après-midi avec eux, pour les voir bien que je vive désormais dans mon propre appartement, m'a assez surpris lorsqu'elle m'a appelé alors que je prenais ma pause du midi. Il est vrai que ma mère n'a jamais aimé changer ses bonnes habitudes, c'est une femme très organisée.

Elle me lance un léger sourire, et me fait signe qu'elle m'expliquera tout au fil de la soirée. Je ne dis rien de plus, et me contente de préparer à manger, comme j'ai l'habitude de le faire. Et pourtant, ce soir, je sens une ambiance étrange. Comme si tout allait s'écrouler, comme ça, d'une seconde à l'autre, sans crier gare.

Lumière blanche. J'ouvre la grande porte en bois, donnant sur la rue, la valise de ma mère à la main. D'après ses dires, le gouverneur les aurait personnellement invités à un voyage privé dans une destination inconnue, pour une durée indéterminée, afin de les remercier pour leur travail ou je ne sais quoi. Mais je me méfie, alors que j'installe les deux valises dans le coffre de la voiture noire aux vitres teintées, et le referme.

Je n'ai jamais fait confiance à ce gouvernement, parce que je suis certain que ces hommes et femmes nous cachent de nombreuses choses. Et je suis certain que la vie de mes parents est en danger. Pourtant, voir ma mère si heureuse de pouvoir partir en voyage en amoureux avec mon père, me réchauffe le cœur. Et je ne peux me permettre d'interférer dans le bonheur de la femme ayant tout sacrifié pour ma personne. Ce serait bien trop égoïste de ma part de la priver de ça. Cette infime chose, qui a pourtant l'air de la combler. Ce simple voyage, qui à ses yeux est pourtant si précieux. Non, c'est au dessus de mes forces. Alors, lorsque le chauffeur m'annonce qu'il est temps pour eux de partir, je me contente de les serrer chacun leur tour dans mes bras. Et je leur dis de faire attention à eux, de m'écrire quelques messages, bien qu'ils ne soient pas à l'aise avec les smartphones, et finalement, je leur répète maintes et maintes fois que je les aimes.

Pour finalement les lâcher, et les laisser monter dans la voiture, qui démarre et s'en va, laissant en moi une mauvaise impression. Comme un goût amer, comme si je venais de les voir pour la dernière fois de ma vie.

Lumière blanche. Je suis désormais chez moi, lorsque la sonnette retentit. Je me lève, et pars ouvrir la porte, si rapidement que je manque de me prendre les pieds dans un tapis. Deux semaines, que mes parents sont partis. Deux semaines que je n'ai aucune nouvelle. Pas même une lettre, comme aimait les écrire mon père.

Projet Run. [.myg.pjm.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant