Valérian et la Princesse d' Arcadiam

Chapitre 20

L'aurore voilait doucement le ciel étoilé, le couvrant de milles teintes roses et jaunes. Le soleil se réveillait à peine de sa longue nuit, saluant les lunes, qui elles brillaient de moins en moins. Leur rayon, faibles, éclairaient les tentes, et rencontrèrent alors le chemin de deux globes verts, pensifs.

Laureline observait un autre jour se lever. Un autre jour sur cette planète. Sur cette mission. Un autre jour à devoir se poser des questions, auxquelles elle n'aurait sans doute jamais de réponses... Elle soupira, en regardant du coin de l'oeil son coéquipier. En face d'elle, il fixait lui aussi l'ouverture, guettant les soldats qui achevaient leur ronde de nuit. Ses yeux, fatigués étaient cachés par ses mèches brunes tombantes, elle ne pouvait donc pas voir ses émotions.
Mais peut être était-ce mieux... Depuis leur dispute, plus aucun n'osait parler, ou faire le premier pas.

Prenant conscience à quel point leur relation allait mal, le cœur de la blonde se serra. Autrefois, elle le connaissait sur le bout des doigts, savait tout déchiffrer de ses humeurs, de ses gestes... Maintenant il était un mystère, comme son passé qu'il s'acharnait à ne pas lui révéler. La sergente serra les poings, rageuse.

Pourquoi faut-il qu'il gâche toujours tout... Le pire c'est qu'il me manques...

En effet, tous leur moments d'intimité s'étaient envolés depuis la tempête. C'est à peine si leur regard se croisaient...
Frustrée, mais surtout emprise d'une énorme tristesse, la blonde détourna son regard de son amant, essayant de se concentrer sur autre chose. En se retournant, ses jambes effleurèrent le genou du brun, qui se retira aussitôt. Blessée, elle se recrovilla sur elle même, le plus loin possible de lui.
Celui-ci soupira. Si il manquait à la sergente, elle aussi lui manquait énormément. Mais à chaque fois qu'il tentait de se faire pardonner, quelque chose le bloquait. Parce qu'il savait que si les choses reprenaient comme avant, il serai obligé de lui révéler ses secrets. Et il avait peur. Peur qu'elle ne comprenne pas, qu'elle le laisse tomber... Alors il préférait qu'elle lui fasse la tête, plutôt que ne plus jamais vouloir le revoir.

Mais le fait de l'avoir aussi proche de lui, avait bien failli lui coûter sa décision. Chaque contact avec elle lui donnait envie de tout plaquer, et de l'embrasser sur le champ. Alors il évitant le plus de contact avec elle, si bien qu'une distance naturelle s'était formée entre eux.

Petite distance à cause du lieu où ils étaient. Ils avaient beau avoir infiltré le camp, ils n'en restaient pas moins entourés d'ennemis, et en territoire inconnu. De plus, par leur nombre inférieurement numérique à celui des soldats, ils préféraient se cacher en attendant de trouver où était Nimue. D'où la cachette entre deux tentes, où ils attendaient depuis un bon quart d'heure.

Valérian ne savait pas comment son frère était réapparu (si c'était bien lui) mais une chose était sûre,c'est que le masqué était sacrément bien entouré et équipé. La plupart des soldats étaient humains, assez jeunes et surtout énormément entraînés. Il n'avait aucune idée d'où cette main d'oeuvre sortait, mais était certain que leur ennemi avait préparé minutieusement son plan. Et le tout en cachette pendant de nombreuses années, à en voir l'ampleur du camp. Peu importe si c'était son frère, ce blond avait un énorme projet derrière la tête. Et énormément d'argent , bien qu'il ne le montrait pas. Laureline était arrivée aussi à cette conclusion, quand elle avait aperçu des mercenaires krums, mais aussi d'autres planètes. Très bien fâmés, mais surtout très coûteux...

Soudain, un sergent, à en jugez son attirail plus volumineux que les autres, passa devant eux. La blonde sourit de victoire, en apercevant une tablette grise, accrochée à la ceinture de celui-ci.

Enfin ce qu'on cherche...

Et sur l'accord de Valérian, elle se leva , s'infiltrant dans la garde rapprochée du sergent, qui se dirigeait dans un coin sombre. Ce qui fit à son tour le brun sourire.