Chapitre 25

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Les milles dimensions violettes miroitaient de toutes parts, illuminant les yeux de Laureline, perdue dans l'infini de l'espace et du temps. Parmis toutes ces images, elle en discernait quelque une, de différentes époques. Elle avait l'impression de tomber éternellement dans les méandres de l'univers, ne sachant pas s'arrêter. Mais tout ce qui occupait son cerveau, n'était pas ce moment étrange, mais Valérian. Elle le cherchait du regard, avais besoin de lui...

Et si il ne m'a pas suivi? Si le portail s'est fermé avant qu'il ne passe? Non! Il est là, près de moi, je dois juste le trouver...

Elle ne voulait pas le perdre, pas avant de mettre les choses au clair avec lui. Parce qu'il fallait qu'il le fasse. Elle l'aimait. Passionnément. Mais elle ne pourrai jamais rester avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas vraiment... Même si pour ça elle devait perdre l'homme de sa vie.

Pfff...Tu as réussi finalement... Je te considère comme l'homme de ma vie, alors qu'on est au pire moment de notre relation...

Pensa-t-elle, ironique de son propre sort. Si seulement les histoires d'amour pouvaient être simples... Mais son prince charmant s'était transformé en un homme mystérieux, froid qui ne voulait pas se confier à elle. Et ça lui faisait mal. Plus qu'elle ne l'avouerai. Elle serra les poings de rage.

Pourquoi tu ne veux rien me dire? Pourquoi le préfères tu à moi? J'aimerais tellement savoir...

Sa vision violette se stabilisa soudain. Les images étaient plus flous, et se dispersaient, comme des fantômes. Laureline avait l'impression que sa chute s'était ralentie:

Elle flottait à présent dans des couleurs plus chaudes et douces, et doucement un bruit étouffé se fit entendre. Ça avait l'air de venir de loin, mais la sergente était sûre que ça se rapprochait. Elle se rendit alors compte que le son venait des boules de lumière qui l'entouraient. Curieuse, elle tendit la main vers l'une d'entre elle. Le même bruit se répéta, plus fort. Quelque chose venait de cette aura lumineuse. Comme hypnotisée par le son, et la petite boule, la blonde, l'effleura du doigt. Et se retrouva comme aspirée dans la lumière.

Le violet laissa place à un blanc aveuglant, mais chaud, accueillant. Et toujours ce bruit... Maintenant, qu'elle tendait l'oreille, la sergente pouvait percevoir d'autres bruits, comme des moteurs ou encore des voix. Et d'un coup, devant elle se projeta un tout autre monde :

Elle était là, à survoler une ville en feu. Les flammes dévoraient les bâtiments, les murs s'écroulaient. Le clocher sonnait les cloches d'alarme, et Laureline se rendit compte que c'était ce bruit, qu'elle avait entendu. En bas, sous la fumée noire et blanche, s'échappaient des milliers de personnes, et le nombre d'enfants choqua la jeune femme. C'était presque de la torture de regarder ces jeunes, courir au péril de leur vie, trébucher dans la neige, tomber, et pour certains ne jamais se relever. Le sang et la suie se mélangeaient au blanc immaculé de la glace, et du manteau d'hiver. Tout autour d'elle, des vaisseaux noirs, se cachaient dans les nuages, et  bombardaient les survivants, cruels. Des soldats, tous masqués d'un masque d'or, en noir complet, sautaient des vaisseaux avec des cordes, l'arme à la main. On aurait dit une pluie d'araignées noires, prêtes à dévorer les dernières fourmis. Laureline hurla, quand elle aperçut un soldat attraper et emporter de force une petite fille âgée de 7 ans à peine. Un adolescent, roux, avait essayé de la sauver, et avait été abbatu d'un coup de pistolet. La sergente essaya de sauter, de hurler, de prendre l'arme du soldat à côté d'elle dans le vaisseau où elle était. Mais elle ne pouvait rien faire. Elle était prisonnière d'un corps, prisonnière de ce spectacle macabre et cruel.

Elle se rendit compte alors que ses mains étaient attachées. Et que plusieurs masques l'encadraient. Masques que son hôte ne portait pas. Son hôte, car elle était sûr de ne pas être dans son propre corps. Et la scène était beaucoup trop réelle pour être un rêve. On aurait dit comme... Un souvenir. Elle était coincée dans un souvenir et ne pouvait qu'assister aux événements , impuissante.

Valérian et la Princesse d' ArcadiamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant