Chapitre 13

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Le ciel, d'un bleuté étoilé laissait place doucement mais sûrement aux aurores de la matinée. Bientôt une trainée de nuages roses caraissait le ciel azur, où se détachait, étincelant de milles feux, le soleil blanc. Bien qu'il venait à peine de se lever, les apparences étaient trompeuses. Une chaleur d'enfer avait régnée cette nuit, dépassant des températures inimaginables. Tellement, que le petit groupe, épuisé avait dû s'obliger une pause, après de nombreuses heures de marche.

La joie et la frénésie colorées de l'après midi avec les Orions, s'étaient vite muées en une fatigue et agacement incommensurables. Les compagnons, forcés à faire des arrêts pour se rafraîchir, se désaltérer et se reposer, avaient pris énormément de retard...
Il ne restait plus que trois jours, or ils étaient encore bien loin de Dehlia... Le paysage, gris, et sombre, à perte de vue, ne faisait qu'empirer leur mauvaise humeur. Même le lac Li, que Laureline trouvait pourtant envoûtant, avait perdu de sa splendeur, et s'assèchait à quelques endroits.

Valérian poussa un soupir, en s'étirant. Il avait passé une très mauvaise nuit.

C'est là où je donnerai tout pour un bon matelas...

Pensa t'il, en cherchant à manger parmis leur provisions. Qui diminuaient à une vitesse affolante. Ils avaient intérêt à trouver un village, où sinon ils se verraient obligés de chasser. Le major plongea alors dans une réflexion au sujet de leurs potentielles proies, plus basses dans la chaîne alimentaire que lui, de préférence. Quoique à y réfléchir, il devait y avoir peu d'animaux plus bas que lui dans la fameuse chaîne. À cette idée, il déglutit, manquant de s'étouffer avec son bout de pain.
Oui, ils avaient intérêt à vite quitter cet océan désertique...

Soudain, il entendit un cri. Il se leva d'un coup, brandissant son arme. Laureline, qui venait de se réveiller au son de la voix de Nimue, s'empara aussi de son pistolet, qu'elle avait gardé près d'elle cette nuit. Mais c'est avec soulagement qu'ils virent la princesse courir vers eux, le sourire aux lèvres. Elle arriva devant eux, essoufflée. Penchée sur ses genoux, elle respira deux grandes bouffées d'air, avant de communiquer sa découverte à ses deux interlocuteurs impatients.

"Je...J'étais partie remplir nos gourdes et... J'ai vu un convoi, à une vingtaine de mètres tout au plus!"

Dit elle, entre deux halètements. Laureline et Valérian se regardèrent.

Qui dit convoi, dit ville proche. Ou du moins un semblant de communauté.

Pensa immédiatement Laureline, apercevant la même pensée dans les yeux du brun.

"Le convoi. Comment était il?"

"Marchand. J'ai vu des bannières de commerçants."

Lui répondit l'adolescente, devinant ce qu'avaient à l'esprit ses compagnons. Les deux agents, d'un commun accord, rassemblèrent alors leurs affaires, avant de se dissimuler derrière une falaise , avec Nimue. Le convoi avait beau être marchand, il n'en restait pas moins dangereux. La nouvelle avait sans doute circulée au sujet de la princesse, et les ennemis de Delhia n'étant toujours pas démasqués, il ne fallait prendre aucun risque.

C'est pourquoi le petit groupe, suivit discrètement le défilé de marchands et d'échoppes roulantes, jusqu'à un petit village.

Quand les trois jeunes gens aperçurent au loin, serpentant dans les montagnes, des toits de chaumes et des briques marrons, ils soupirèrent de soulagement.
Évidement, le village en question ne devait être rempli que d'une centaine d'habitants, ou moins, mais cela suffisait aux compagnons. Après avoir passé un jour entier en désert, la vue des fumées s'échappant des petites cheminées, les mettait en joie.

Valérian et la Princesse d' ArcadiamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant