7. "Il y a pire que la mort, il y a la perte de l'espoir." - Le Roi Arthur

41 4 4
                                    

[chanson : Human - rag'n'bone Man]

William

Je me dirigeai vers la chambre d'Emma. Peut-être serait-elle plus encline à se confier dans ce lieu qui est le sien depuis quelques semaines. Je toquai à sa porte et attendis patiemment une réponse qui ne vint pas. Je frappais une seconde fois avant d'entrer dans la pièce.

Il y faisait sombre, les rideaux étaient fermés, le lit défait et Emma recroquevillée dans un coin, les genoux remontés sur la poitrine. Je m'approchai doucement, voulant la rassurer. Je m'accroupis à sa hauteur et posai les mains sur ses genoux.

- Emma, chuchotai-je, qu'y-a-t-il?

Elle leva les yeux vers moi. Ils étaient tout embués. Elle se mit à se balancer sur elle-même.

- Emma, parle moi.

Instinctivement je me mis à la tutoyer. Elle me rappelait tellement Évangéline... Je me levai et allai ouvrir les rideaux. Un peu de jour lui ferait du bien. Lorsque les rayons du soleil pénétrèrent dans la pièce, la jeune fille grimaça. Cela devait faire un moment qu'elle s'était enfermée dans le noir. Je revins vers elle et me mis à nouveau à sa hauteur.

- Aller, viens t'asseoir sur le lit.

Comme un automate, elle prit ma main et se laissa emmener vers son lit. Elle s'assit sur le bord, toujours sans un mot, le dos courbé comme si elle portait toute la misère du monde sur les épaules.

- Pourquoi t'intéresses-tu tant à moi ? Questionna-t-elle soudain.

Notre relation semblait avoir prit un nouveau tournant. Je n'étais plus seulement son psy, je devenais un ami. Et un ami se devait de se confer aussi. Donnant-donnant.

- Tu me rappelles ma sœur, dis-je simplement.

Je ne souhaitais pas déballer toute ma vie. Nous étions malgré tout, encore des étrangers l'un pour l'autre et cette période de ma vie était toujours très douloureuse pour moi. Je commençais alors à comprendre ce qu'Emma ressentait et pourquoi elle réagissait comme elle le faisait. D'ailleurs, voyant que je ne souhaitais pas en dire davantage, elle se renferma.

- Faisons quelque chose : je te dévoile un moment de ma vie et tu fais pareil, d'accord ?

Je marchandais avec une patiente, du jamais vu ! Si je me faisais prendre à agir de la sorte, ma carrière serait rapidement finit. Nous n'avions évidemment pas le droit de nous rapprocher des patients ainsi, mais elle semblait si désespérée... Mon but n'était-il pas de l'aider, de la guérir, qu'elle soit en paix avec elle-même ?

- D'accord, accepta-t-elle d'une petite voix.

Je commençais alors à lui expliquer pourquoi je m'étais dirigé vers une carrière de psychologue.

Lorsque j'étais au lycée, en terminal, je sortais beaucoup avec mes amis. Je n'étais pratiquement jamais chez moi, au grand désespoir de mes parents qui craignaient pour la réussite de mon BAC scientifique, réputé pour être le plus compliqué. Mais leurs remontrances m'importaient peu, ma vie personnelle était beaucoup trop importante. Un soir, mes parents m'ont demandé de veiller sur ma petite sœur de 15 ans, Évangéline, pendant qu'ils allaient au restaurant pour leur anniversaire de mariage. Mais j'avais aussi une soirée de prévue et j'estimais qu'Evangéline était assez grande pour veiller sur elle-même. Alors, je suis sorti. Au cours de la soirée, j'ai dû revenir chez moi pour récupérer quelques bouteilles. Tout était calme lorsque je suis entré dans l'appartement. Les lumières étaient éteintes et les volets clos.

Mistakes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant