17. "Même la nuit la plus sombre prendra fin..." *

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William

J'apportais une tasse de chocolat à Emma qui semblait toute retournée. Son regard était vide. Elle prit machinalement la tasse que je lui tendais et la porta à sa bouche lorsque trois coups contre la porte d'entrée vinrent la sortir de ses pensées.

Elle redressa la tête, apeurée. Il était très tard, je m'inquiétais de ce qui pouvait venir me dérangé à cette heure-ci.

Je conseillai à mon invitée de rester là puis allai ouvrir.

Deux officiers de police se trouvaient dans l'encadrement de la porte. Surpris, je les saluais poliment.

« Nous venons chercher Emma Jefferson, est-elle ici ? » demanda l'un des deux très sèchement.

« Non » répondis-je sans même réfléchir au fait que je mentais à la police.

Mais ma voix peu assurée les mis sur la piste et ils tentèrent de forcer le passage. Je les bloquai en posant mes mains des deux côtés de l'encadrement et les fixai d'un regard perçant.

« Sans mandat, je ne vous laisserait pas pénétrer chez moi » prévins-je, très sérieusement.

« Laisse William, entendis-je dans mon dos. Ne te mets pas dans des situations compliquées pour moi. »

Surpris, je me retournai, laissant mes bras revenir le long de mon corps. Emma avait enfilé son manteau et ses chaussures, prête à partir. Elle savait qu'ils la ramèneraient au centre, elle qui ne voulait absolument pas y retourner, pourquoi faisait-elle cela ? Je la fixai, incrédule.

« Mais... » Dis-je simplement avant qu'elle ne vienne plaquer ses lèvres sur ma joue, dans un baiser sincère de remerciement.

Elle me fit un sourire, frictionnant mon bras d'un geste affectif et quitta mon studio, entourée par les deux agents. Elle se retourna et me remercia du bout des lèvres.

Je la regardai partir, comme pour m'assurer qu'elle ne risquait rien, puis refermai la porte, à contrecœur. Je m'adossai à celle-ci, me sentant soudain très seul. J'avais l'impression de l'abandonner, comme j'avais fait avec Evangeline...

Soudain, l'image de ma sœur dans sa chambre me sauta au visage, comme un flash. Mon cœur s'accéléra. Je refusai d'abandonner une autre jeune fille qui avait besoin d'aide !

Je cognai mon point contre la porte. Ce psychologue ne gagnerait pas !

J'ouvris la porte à la hâte et m'élançais dans le couloir à la suite d'Emma. Mais déjà, ils avaient disparus.

[...]

Emma

« Puis-je au moins savoir où vous m'emmener ? » questionnai-je, l'air aussi innocent que possible. Je savais pertinemment qui les avait lancés à ma recherche, et je ne me laisserais pas faire si facilement. J'avais traversé bien pire qu'un médecin cherchant à remettre la main sur moi à l'aide de la police !

« Au centre de désintoxication, mademoiselle » répondit un des deux agents, sans même me regarder.

« Bien, je souhaiterais déposer une plainte. » Dis-je si soudainement qu'ils s'arrêtèrent net.

Les deux hommes se retournèrent d'un même mouvement vers moi. Ils se fixèrent, ne sachant comment réagir à cela. Je tournai ma tête de droite à gauche, regardant ces deux gaillards complètement perdu, et au fond, ça me faisait bien rire de les avoir mis dans cette situation.

« Euh... commença l'un d'entre eux. Bien... Nous allons vous emmener au commissariat, je suppose... » Finit-il par dire, presque sur le ton de la question, regardant son coéquipier, comme pour avoir son approbation. Ce dernier hocha la tête, signalant qu'il trouvait la décision prise comme étant la meilleure. Puis nous repartîmes, mais ce coup-ci, vers leur lieu de travail.

Une fois au poste, l'un des deux policiers qui m'avait escorté jusqu'ici m'emmena dans son bureau pour y prendre ma plainte.

« Bien, contre qui et pour quel motif souhaitez-vous porter plainte ? »

« Contre le docteur Calmar, le psychologue référent au centre de désintoxication, pour harcèlement moral. » Répondis-je d'un ton très sérieux, en fixant l'agent bien dans les yeux, pour lui montrer que ce n'était pas une mauvaise plaisanterie. Il ne bougea pas, ne tapa rien sur son clavier, la bouche entre-ouverte, stupéfait. Comment réagir à une telle accusation, portée par une adolescente en souffrance qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam ?

Il referma la bouche, réalisant soudain que cela faisait un moment qu'il avait bugué. Il ferma les yeux, cherchant à reprendre un peu de consistance, secoua la tête pour se libérer l'esprit et me regarda à nouveau.

« Ecoutez mademoiselle, ce sont de très lourdes accusation que vous portez là. Etes-vous...

- Je sais, merci. Et je suis sûre de moi, monsieur. Pourriez- vous noter ma plainte, s'il vous plait ? » Le coupai-je, lui montrant ainsi qu'il n'avait pas à faire à une pauvre adolescente en détresse.

Il prit enfin note de ma plainte, me questionnant pour approfondir et apporter des détails à son document. Notre entrevue dura pas loin de trente minutes, qui me parurent interminables.

Après cela, l'officier me raccompagna à la porte de son bureau, me serrant la main, plus par habitude que par respect, et demanda à un de ses collègues de me raccompagner jusqu'au centre.

J'étais prête à l'affronter. J'avais fait ce que j'avais à faire et à présent, rien ne m'effrayait.

*****

* Citation trouvée sur le recueil de @_KookieBottom "Mes citations"


Voilà un court chapitre... Pardon, vu le temps avec le dernier chapitre vous méritiez plus long... Je travaille sur la suite, le prochain chapitre sera encore un tout petit peu plus court...

ça ira mieux pendant les vacances =)

Mistakes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant