12. "We are children that need to be loved" - Pink

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William

Il ne me restait plus que deux semaines avant la reprise de mes cours en septembre et par conséquent la fin de mon contrat avec le centre. J'étais à la fois soulagé de partir d'ici, j'avais l'impression que leurs façons de faire ne me convenaient plus. Mais j'avais aussi la sensation d'abandonner Emma au pire moment...

Aujourd'hui j'ai un jour de repos. Je décidai de me rendre au cimetière, je n'y étais pas allé depuis six mois et je commençais à culpabiliser. La dernière fois que j'ai rendu visite à ma petite sœur, mes parents étaient là aussi. Ils m'avaient regardé comme un étranger venant profaner la tombe de leur petite fille. Cela m'avait brisé le cœur et depuis j'avais eu peur de les croiser à nouveau.

Mais aujourd'hui c'était l'anniversaire d'Evangeline, elle aurait eu 19 ans. Je savais que mes parents seraient présents pour ce jour particulier, mais je ne pouvais pas ne pas m'y rendre aussi.

En arrivant non loin de la tombe de ma sœur, je les vis de dos, têtes baissées. Je pris mon courage à deux mains et m'avançai. J'avais acheté un bouquet de roses blanches, 19 exactement. Je le déposai sur la tombe puis reculai, croisant les mains devant moi. Je ne jetai pas un regard vers mes parents, mais je sentais leurs yeux plein de reproches posés sur moi.

L'ambiance était si pesante, ça en devenait étouffant. Je décidai finalement de briser le silence qui nous entourait, non pas pour tenter une centième excuse, mais pour m'adresser à Evangeline.

« Bonjour ma puce, commençai-je, la voix enrouée par l'émotion. Tu ne pensais quand même pas que je n'allais pas venir aujourd'hui pour te souhaiter un joyeux anniversaire. J'espère que tu as réussi à trouver la paix là où tu es maintenant. »

Je ne croyais pas spécialement en une vie après la mort, ou en dieu ou quoique ce soit d'autre. Mais penser que ma petite sœur était quelque part en paix m'apaisait et m'aidait à accepter son départ.

J'entendis des reniflements derrière moi. Je ne saurais dire s'il s'agissait de ma mère ou mon père, mais je ne me retournai pas pour voir. J'étais allé les voir chez eux de nombreuses fois pour m'excuser, et tenter de leur expliquer que moi non plus je n'allais pas bien et que moi aussi j'avais perdu un être très cher. Je les avais supplié de me reprendre chez eux (je logeais alors chez un ami, mais la situation n'était plus tenable).
Ils n'avaient jamais rien voulu savoir, alors j'avais fini par abandonner. Je considérais aujourd'hui que je n'avais plus de parents.

Sans même un regard pour eux, je retournai à ma voiture, j'avais une course à faire avant que tout ne ferme.

[...]

Le lendemain je me rendais au centre sans aucune motivation. Cela faisait un mois qu'Emma m'évitait comme la peste, elle ne me parlait pas et me jetait des regards incendiaires dès qu'elle me croisait. Je ne savais pas si elle m'en voulait encore, ou si elle avait sa fierté. En tout cas, malgré le fait que je ne la suive plus, je ne l'avais jamais lâché. J'avais gardé un œil lointain sur elle, sans qu'elle ne s'en aperçoive.
Les événements de la veille ayant réveillé une grande tristesse en moi, je n'avais pas envie de me battre encore avec elle pour qu'elle accepte de me pardonner. J'en avais plus qu'assez de devoir m'excuser à chaque erreur de ma part. Cependant, Emma devrait accepter de m'ouvrir sa porte ou bien je rentrerai de force, mais il fallait que je lui donne quelque chose avant de m'en aller.

En arrivant au centre, elle fut donc la première personne que j'allais voir, avant même de passer ma blouse. A ce moment, je n'étais pas William le médecin, j'étais juste moi, essayant une dernière approche auprès d'une personne que j'avais blessée.

Je toquai. Pas de réponse, ce à quoi je m'attendais. J'entrai alors sans même réessayer de frapper à la porte. Emma était couchée sur le ventre, dans son lit, en train de lire. Elle fit comme si je n'étais pas là. J'avais parlé au fantôme de ma sœur hier, parler à une fille qui m'ignore ne devrait pas être plus compliqué.

« Le psy m'a expliqué que tu étais insolente et que tu ne parlais pas, commençais-je. Je m'arrêtai pour lui laisser le temps de répondre, mais je savais au fond qu'elle ne dirait pas un mot. Je poursuivais. Je sais qu'il peut paraître froid et peu enclin à t'aider, mais tu peux me faire confiance, il n'en n'a pas après ton argent comme tu as semblé lui laisser entendre. »

Emma avait clairement accusé le psy de n'en vouloir qu'à son argent, que sa santé lui importait peu et que ce n'était pas avec ses méthodes antiques qu'il pourrait l'aider. Cela avait entraîné des cris de colère des deux côtés et mit fin à la séance. Et chacune des séances se déroulaient de la même façon. Le docteur n'avait pas su comment travailler avec elle, mais avait refusé de me rendre le dossier ou même d'écouter mes conseils. Il était trop fier pour laisser un "jeunot" s'en sortir là où lui ramait.

« Ecoute, repris-je, je pars dans deux semaines, mais tu pourras toujours compter sur moi, » finis-je avant de déposer un paquet sur le bout de son lit et de quitter la pièce.

Elle devait savoir que quelqu'un était là pour elle, pour l'aider à guérir, pour l'écouter. Et ce quelqu'un, c'était moi.

*********

Voilà un tout petit rikiki chapitre ...

J'essaye de mettre la suite soit ce soir (enfin dans l'heure qui suit quoi) soit demain =)

Mistakes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant