18. "Wherever it may takes me I know that life won't break me" R. Williams

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William

J'arrivais en courant au centre, prêt à en venir aux mains avec le psychologue. J'étais remonté, rien ne pourrait m'arrêter.

Je me dirigeais directement vers son bureau, sous les yeux étonnés des patients, à qui je ne prêtais aucune attention.

J'entrais dans le bureau sans frapper, ouvrant si fort la porte qu'elle vint heurter le mur. L'homme releva la tête, surpris d'une telle intrusion, et me sourit, comme s'il savait que je viendrais. J'avais envie de lui arracher ce sourire sournois de sa face de psychopathe ! Je m'approchais furieusement de son bureau et posa mes deux mains à plat dessus.

« Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ? » m'énervais-je, tandis qu'il n'avait pas bougé d'un poil, comme momifié.

Il fit pivoter son siège, ouvrit son tiroir et en sortit un bouquin. Ou plutôt un cahier, celui que j'avais offert à Emma avant de partir.

Je me reculais, horrifié. Emma avait raison... Je n'avais pas douté d'elle, mais j'espérais qu'elle en rajoutait car elle avait une dent contre son médecin. Mais la preuve était là, il lui avait bien confisqué tout objet pouvant la rendre heureuse...

« Comment pouvez-vous faire une telle chose... ? » murmurais-je, presque pour moi-même.

« Votre petite Emma n'est pas celle que vous croyez, D. Cante, dit-il comme pour se justifier. Elle a écrit là-dedans des horreurs sur le centre, et sur moi. Elle veut nous dénoncer, William ! » Finit-il, jouant si bien la comédie qu'un enfant aurait presque pu croire qu'il était vraiment affolé. Mais ça ne prenait pas sur moi. Je lui arrachai le journal des mains et sortit de son bureau avant d'en arriver à un point de non-retour.

J'allais m'asseoir contre un mur, dans le couloir.

J'étais tiraillé : ce qu'il y avait là-dedans ne me concernait pas, si Emma voulait m'en faire part, elle me le dirait, et dans le même temps, j'avais envie, j'avais presque besoin de savoir si elle avait vraiment dit des choses si horribles que ça. J'ouvrais alors le petit cahier à n'importe quelle page, me flagellant déjà mentalement pour ce geste intrusif dans sa vie privée.

« Ce docteur est fou. Je ne sais pas ce qui le rend le plus heureux : nous torturer mentalement au point de nous donner envie de vomir ou justement nous voir si malheureux qu'on préférerait tous être morts ? »

« William est parti, et je me sens terriblement seule. Je dois voir le docteur Calmar tous les jours et c'est une torture rien que de penser à son visage ravi de me voir pleurer, son sourire fourbe, plus faux que le père noël et ses petits yeux de fouines qui semblent essayer à chaque fois de percer quelque chose en moi. »

« Je vais fuir, tout raconter de ce qu'il se passe ici. Les autres patients doivent surement subir le même sort que moi, je refuse de croire que je suis la seule à refuser de me confier à ce fou. Quelqu'un doit parler à la police, et je pense que c'est pour ça que je suis là. Je n'ai jamais cru au hasard. »

Je refermais le cahier. Elle semblait vraiment mal. Ses paroles ne sont pas tendres, et je comprends que le docteur ait voulu garder ce journal sous la main, elle le dénonce clairement de violence psychologique. Si j'étais lui, je démissionnerais rapidement pour fuir le pays, loin, très loin. Les affaires d'harcèlement moral son souvent prise très au sérieux par la justice, il ne s'en tirera pas comme ça si elle parle. Et la connaissant, elle va parler, j'en suis certain.

J'entendis un mouvement de foule vers l'entrée. Je me relevai pour aller voir ce qu'il se passait, ma curiosité étant encore une fois plus forte que moi.

J'aperçus alors Emma, encadrée par des agents de police, différents de ceux qui étaient venus la chercher à mon domicile. Elle accourut vers moi et me sauta dans les bras. Je souris malgré moi, content de la voir ainsi. Lorsqu'elle s'écarta, je lui tendis son journal, fière de moi, comme un enfant ramenant une bonne note à ses parents. Je vis ses yeux pétiller de joie à la vue de son cadeau retrouvé. Puis son expression changea : elle se demandait si je l'avais lu. Mon sourire s'effaça alors et, plein de culpabilité, je baissais la tête. Elle me la releva de force et me sourit.

« Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas » prévint-elle, clin d'œil à l'appui. Puis elle me passa à côté pour poursuivre son chemin, toujours accompagnée des deux policiers. Ils se dirigeaient vers le bureau du docteur Calmar.

Un agent toqua, en sommant l'homme d'ouvrir la porte. Mais rien ne se passa.

Une foule s'était formée derrière moi, tous à l'affût de ce qui allait se produire. Pas un bruit ne s'échappait de leur bouche, on pouvait à peine entendre les respirations de chacun tellement nous étions sur le qui-vive.

L'officier frappa une nouvelle fois à la porte avant d'actionner la poignée. Tout le monde retint son souffle. Nous fûmes tous surpris de voir que la porte ne s'ouvrit pas. Le psychologue s'était enfermé dans son bureau !

Les idées fusèrent dans ma tête. Il avait fuis, j'en étais persuadé. Je me frayai un chemin dans la foule pour sortir rapidement du centre et en faire le tour. Sa fenêtre était ouverte, il avait sauté, et n'était déjà plus dans les parages.

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Voilà un tout petit chapitre encore, je poste le prochain dès maintenant

(et tant pis pour le chapitre d'avance, je vais être en vacances

j'aurais le temps de prendre de l'avance ^^)

Mistakes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant