21. "Look what you've done to me, I played, you're fool" - Marina Kay

25 3 0
                                    

William

Emma avait dormi dans mon lit. Elle avait été très agitée. Pour ma part, je n'avais pas réussi à trouver le sommeil. De nombreuses fois j'étais allée la voir, pour vérifier que tout allait bien, et j'avais vu son visage tendu, les sourcils froncés, haletante. J'avais eu envie de la sortir de là, juste la secouer pour que son sommeil soit moins profond, mais je m'étais dit qu'elle devait affronter ses démons pour réussir à avancer. Je m'étais alors assis à ses côtés, posant ma main sur son épaule dans l'espoir de l'apaiser, comme je l'aurais fait avec ma petite sœur...

- Salut, dit-elle d'une petite voix encore endormie, ouvrant difficilement les yeux.

Je lui fis un sourire et déposai délicatement mon plateau garnit sur le lit. J'étais allée chercher quelques viennoiseries pour lui offrir un petit déjeuner digne de ce nom.

- Tu étais agitée cette nuit, déclarai-je, inquiet, espérant une explication.

Elle détourna les yeux perdant son sourire naissant. Je tentai une approche, posant une main sur son épaule, signifiant que j'étais toujours là pour elle. Puis dans le but de vite changer de sujet, je lui demandai ce qu'elle souhaitait faire de sa journée.

- Je voudrais aller au commissariat, savoir où en est la recherche pour le psy. Et je voudrais le dénoncer à tous les organismes, dit-elle très sérieusement.

- Ecoute, Emma... tentai-je pour essayer de l'en dissuader. Mais son regard se fit plus insistant et je n'arrivais pas à refuser. A dire vrai, elle aurait pu me demander n'importe quoi, je n'aurais pas réussi à refuser avec ce regard. Je m'apprêtais donc à passer une excellente journée !

Emma.

Je savais que William se forçait pour moi, et j'appréciais. Evidemment, pour lui, cela devait être compliqué psychologiquement de me suivre dans mes démarches alors qu'il appartient à ce milieu. Je l'aurais fait avec ou sans lui, mais avoir son appui alors qu'il a travaillé pour cette homme pourrait être d'une grande aide.

En arrivant au commissariat, je fus prise d'un vertige, et mes jambes refusèrent de m'emmener plus loin. Une voix résonna en moi :

« C'est elle ! C'est de sa faute si mon fils est mort ! Junkie ! »

Ma vision se troubla. Je fermais les yeux quelques instants et soudain, me voilà quelques mois plus tôt, dans ce même commissariat ...

[...]

Les gens s'affairaient autour de moi, mais j'étais encore sous le choc. Mes yeux étaient bien ouverts, mais bloqués sur un point inexistant. Et puis, une porte qui claque, une voix qui retentit derrière moi, m'accusant de la mort de son fils. Mon corps se tourne machinalement pour faire face à ce que je devine être le père de Tony. Ils ont la même forme de visage, le même nez, mais les yeux et la bouche sont différents. Tony ne ressemblait pas beaucoup à son père finalement.

- Que racontez-vous ? Ma fille n'y est pour rien là-dedans ! s'exclame ma mère en se levant pour faire face à l'agresseur de sa fille.

Les policiers autour tentaient de calmer le jeu, mais rien ne pouvait apaiser un père en deuil.

- Votre fille a drogué mon Tony !

Oh... Soudain ma tête reprend vie, je réalise où je suis et prend conscience de la situation. Ma mère allait tout apprendre...

Ma mère souffle d'exaspération puis tourne le dos à son interlocuteur pour revenir vers moi.

- Viens ma chérie, commence-t-elle.

- Faites lui faire une prise de sang, et nous verrons ! la coupe l'homme en jubilant.

Que cherche-t-il à faire ? J'avais envie de lui dire que m'accuser ne ramènerait pas son fils, que je comprenais sa colère, je l'avais ressenti en sortant le corps de son fils de la voiture accidentée. Mais en quoi gâcher ma vie pourrait le satisfaire ?

Je regarde ma mère, apeurée. Est-ce qu'elle le croit ? Vais-je perdre aussi ma mère après mes amies et mon amoureux ? Cette fichue poudre n'en a donc pas fini avec moi ?

Deux policiers viennent me prendre par les bras et je plonge mon regard suppliant dans les yeux de ma mère, comme pour lui demander de me faire confiance, de ne pas m'abandonner. Elle cherche à comprendre comment sa vie a pu si mal tournée.

- Tiens, dit simplement ma mère en me tendant le prospectus d'un centre de désintoxication.

Les résultats de ma prise de sang n'ont pas traîné à arriver et cela n'a pas réjouis ma mère, qui ne m'adresse plus la parole depuis quelques jours. Mon petit frère ne comprend pas ce qu'il se passe. Et lorsque j'ai fait ma valise, il a pleuré, pensant que je ne reviendrais jamais. Ce sont ses petits yeux tristes que j'aie vu en dernier avant de refermer la porte de chez mes parents...

[...]

Des claquements de doigts me ramènent au temps présent. Le visage de William se trouve qu'à quelques centimètres du mien, ses yeux plantés dans les miens.

- Pardon, dis-je faiblement. C'est ce lieu...

William passe une main dans mon dos, qu'il frotte de façon réconfortante, comme pour m'encourager à y aller. Je le regarde et souris timidement.

Nous avançons côté à côté vers le bureau d'un policier auquel je m'installe sans attendre la permission. L'homme relève la tête vers moi sans un mot.

- Je souhaiterais savoir où en sont les recherches pour retrouver le docteur Calmar.

- Nulle part, nous n'effectuons aucune recherche.

Mon cour manque un battement. Pas de recherches ? Cet homme doit se moquer de moi. Comment dois-je réagir ?

Je regarde William, perdue, cherchant de l'aide. Mais il semble aussi perplexe que moi. Il me prend la main puis se retourne vers l'agent de police.

- Monsieur, il y a des accusations contre cet homme qui a fuit lorsque la police est venue le chercher. Pourquoi n'êtes-vous pas à sa recherche ? Demande calmement William.

- Le docteur est un homme adulte qui a abandonné son gagne-pain. Il reviendra tôt ou tard, répond l'agent, impassible, ne prêtant aucune attention à ma détresse.

Puisqu'il en était ainsi, j'allais le chercher moi-même ! J'étais déterminé à faire payer cet homme pour le mal qu'il m'a fait.

Mistakes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant