14. "Never opened myself this way Life is ours, we live it our way" - Metallica

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[Chanson : Nothing Else Matter - Metallica]

Emma

« Cher Journal, j'ai besoin de te parler. Rien ne va dans ma vie, William va s'en aller, et je suis bloquée là avec un psy(chopathe) qui ne me laissera pas sortir tant que je ne lui aurais pas tout dévoiler de ma vie. Alors peut-être que si je me confie à toi avant, ce sera plus facile ensuite de lui expliquer.

Alors voilà, en décembre, j'ai quitté Tony, parce qu'il m'avait menti sur ses vraies intentions. J'avais essayé de recontacter Julie pour m'excuser, mais elle m'avait tourné le dos. Et je sentais les autres s'éloigner petit à petit aussi. Chaque jour je me retrouvais de plus en plus seule et mes journées au lycée devenaient un calvaire. Avant je tenais, parce que je savais qu'aux récréations je retrouverais mes meilleures amies, mais à présent que je n'avais plus personne, j'errais dans les couloirs, seule. »

Plus j'écrivais dans mon journal, et plus les souvenirs me revinrent à l'esprit, si forts et si présents que je revivais la scène...


« Jess, attend ! » m'écriais-je en courant derrière mon amie.

Elle s'arrêta et me regarda comme si j'étais une inconnue.

« Qu'est-ce-que tu me veux Emma ? Je ne veux rien avoir à faire avec toi ! »

Mon cœur se brisa, mon estomac se noua. J'eus soudain envie de vomir tout mon petit déjeuner. Avais-je vraiment tout gâché ? J'étais devenue une pestiférée pour mes meilleures amies, ces filles que je côtoyais depuis l'enfance. Je n'étais plus rien...

Je retenais mes larmes pour tenter de m'expliquer auprès de mon ancienne amie.

« Jess, tu dois me croire, je ne sors plus avec Tony, Julie avait raison à son sujet. »

Mais elle ne voulait rien entendre. Son regard indifférent me fit encore plus de mal que ses potentielles paroles.
Sans un mot de plus, elle tourna les talons et s'en alla aussi loin que possible de moi et de notre amitié, vieille de 15 ans. C'était fini. Je la regardai s'éloigner, les larmes dévalant mes joues sans que je ne puisse les retenir. Je n'en avais plus la force. Je m'effondrai dans le couloir, tombant sur mes genoux, retenant mes cris de douleurs. Les lycéens passaient, me dévisageaient, se moquaient de cette fille pleurant comme une enfant parce que son amie ne lui adresserait plus jamais la parole. Je n'arrivais plus à me contrôler. 


Une larme dévala ma joue à se souvenir et vint s'écraser sur le papier, effaçant l'encre. Je séchai vite mes yeux avant d'abîmer plus le cahier.

C'était un souvenir encore bien trop douloureux pour le partager avec l'homme qui me suivait. Mes amies avaient toutes les quatre fait une croix sur notre amitié. Elles n'avaient pas essayé de comprendre quoique ce soit. Elles avaient simplement pris cinq minutes pour m'expliquer vaguement que leurs parents avaient entendu parler de ma courte histoire avec Tony et ils leur avaient expressément interdit de me fréquenter plus longtemps. Et elles ne s'étaient pas battues pour moi, pour nous, nos souvenirs, nos partages...

Mes larmes coulèrent de plus belle. J'avais vraiment tout gâché dans ma vie !

[...]

William est parti du centre aujourd'hui. Je crois qu'il était content que son contrat se termine enfin. Il m'a promis d'être toujours là pour moi, et j'ai voulu le croire. J'avais besoin qu'on me montre un réel intérêt, qu'on croit en moi.

En deux semaines, mon journal s'était bien rempli, mais pas de mes souvenirs. Je déversais dedans toute la rage que j'éprouvais pour le psychologue. Je ressentais une telle haine à son égard que je n'avais même plus le temps de repenser à ce que j'avais raté dans ma vie. En ça, il m'aidait beaucoup...

« Bien, mademoiselle, êtes-vous décidée à parler aujourd'hui ? »

Je restais muette. Son ton condescendant me plaisait que très moyennement. Mon regard soutenait le sien. Il refusait de comprendre que je ne pouvais pas lui expliquer un comportement que moi-même je ne comprenais pas. Pourquoi avais-je commencé la drogue ? Pourquoi avais-je continué alors que toute ma vie était déjà en train de devenir un enfer ? Pourquoi moi ?

Puis, tout à coup, j'en eu assez de tourner en rond dans ce centre. Je me levai à la hâte et posai mes mains à plat sur son bureau, approchant mon visage du sien. Il se recula dans son fauteuil, semblant soudain effrayé, le souvenir des livres envoyés en plein sur lui resurgissant surement dans sa mémoire.

« Avez-vous déjà été dépendant à la drogue ? Ou avez-vous connu quelqu'un de proche qui l'était ? Savez-vous ce qu'une personne en manque endure ? Savez-vous ce que cela fait d'être enfermé sans pouvoir parler à ses proches ?  De lutter chaque jour, chaque seconde contre le manque qui prend possession de nous, notre esprit ? Non, vous ne savez rien de tout cela, parce que tous les soirs vous rentrez chez vous, sauter votre femme avant de vous avachir dans votre lit. Et vous prétendez tous les jours vouloir nous aider en nous obligeant à parler sur nos misérables existences, comme si cela vous apportait encore plus de plaisir qu'une fellation de votre épouse. Mais laissez-moi vous dire, monsieur, que ce n'est en aucun cas vous qui pouvez nous aider. »

Je ne lui laissai pas le temps de répondre, je tournai les talons et quittai la pièce, le laissant seul avec sa fierté envolée.

A peine de retour dans ma chambre, on vint toquer à ma porte. J'allai ouvrir pour me retrouver face à l'assistante du psychologue.

« Le docteur n'a pas du tout apprécié votre conduite, dit-elle de sa voix stridente. Il souhaite vous punir pour votre insolence en vous confisquant tous vos loisirs. »

Et sur ces mots, elle pénétra dans ma chambre sans que je ne lui en donne l'autorisation et commença à tout vider, mes tiroirs, mes placards, elle alla même jusqu'à soulever le matelas. 

Je lui courais après en lui expliquant qu'elle n'avait aucun droit de faire ça. Puis elle tomba sur mon cahier. Je me figeai. Non, pas ça... 
J'essayai de l'empêcher de le prendre, mais elle ne voulait rien entendre.

Puis, lorsqu'il n'y eu plus rien à prendre, elle sortit, me laissant seule dans cette pièce en désordre. Je fus prise de sanglots incontrôlables. Je sentais ma poitrine se serrer et je reconnus un début de crise d'angoisse. Je devais sortir d'ici, je suffoquais dans cette pièce.  Ce centre tout entier ne faisait que remuer les pires moments de ma vie, me replongeant dans mes moments de honte, de désarroi, de détresse... Je ne pouvais plus supporter une seconde de plus de cet affront.

J'ouvris la fenêtre de ma chambre et sortit. Je marchai des heures sans savoir vraiment où j'allai. Mon corps fonctionnait, mais mon cerveau était éteint.

Puis je m'arrêtais d'épuisement, dans un cimetière. Je m'écroulais sur une tombe, où on pouvait lire :

« ci gît Tony Spinea, fils et frère aimé. »

*****

Voilà, arrivé un peu plus tôt que prévu, finalement j'ai réussi à prendre de l'avance sur la suite avec ce que j'avais déjà écrit il y a des années =D

Et j'avoue, j'avais hâte d'avoir vos réactions sur ce chapitre, surtout la fin ... 

Mistakes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant