Chapitre 4

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Samedi 7 avril

  L'idée géniale d'Iris consiste à emmener Hugo au parc d'attractions...

  Elle devrait savoir que je n'aime pas les parcs d'attractions. Ni d'ailleurs quelque endroit que ce soit où il y a beaucoup de monde.

  Mais bon, j'ai décidé de suivre son plan quand même. On sait jamais, peut-être que ça va marcher.

  Dans la queue pour prendre nos billets d'entrée, je jette un coup d'oeil à mes SMS. Mon amie m'a envoyé une liste - Elle me laisse voir une de ses listes, quelle chance dis donc - en quelques points avec pour titre "Comment réussir un rendez-vous flirt au parc d'attractions avec un mec qui ne nous aime pas encore".

  Ça ne me paraît pas très crédible vu qu'en 16ans de sa vie elle n'est jamais sortie avec personne... mais bref passons.

  L'un des premiers points est : "lui tenir la main".

  Ridicule.

  Je fait quand même glisser mon regard vers sa main. Je lui ai jamais tenue... Jamais comme ça en tout cas. Dans les rangs d'école en maternelle à la limite, mais ça n'a rien à voir.

  En m'imaginant glisser mes doigts entre les siens, mon coeur se met à battre plus fort. Je vais devenir cardiaque à force d'être avec lui. Je me mord la lèvre pour essayer de me calmer. Ça ne change rien je sais.

  Je zieute son visage. Sa mâchoire anguleuse lui donne l'air plus âgé. En plus, avec le sport, sa musculature est bien dessinée et ça ne fait que renforcer cet effet. Il reste pourtant svelte, un peu comme les athlètes des statues de la Grèce antique.

  Tant qu'à faire...

  J'approche ma main doucement de la sienne. Elles se frôlent. Il ne bronche pas. Je tourne la tête en faisant mine de rien, et place ma paume dans la sienne. J'enroule mes doigts, et ça y est : je lui tiens la main. Elle est grande à côté de la mienne, et douce.

  Je l'entends pouffer :

  - Qu'est-ce que tu fais ?

  - Rien.

  - Pourquoi tu me tiens ? T'as peur de tomber ?

  - Non, j'ai juste envie.

  - Ah d'accord.

  J'ai l'impression que ma cage thoracique va exploser.

  Il observe autour de lui, puis arrête ses yeux sur quelque chose. Il se penche vers mon oreille.

  - En fait tu veux un billet gratuit. Me chuchote-t-il.

  Je me recule et le regarde, en pleine incompréhension.

  - Quoi ?

  - Je t'ai cramée, en fait t'as oublié ton porte monnaie nan ?

  Mon porte monnaie est dans ma poche... où est-ce qu'il veut en venir ? Je secoue la tête. Il me regarde avec son sourire en coin.

  - Je te paierai une barbe à papa si tu veux.

  Je cherche l'endroit où il a posé son regard. C'était un panneau, avec une affiche : "journée spéciale couple : 1 billet pour 2 amoureux".

  J'hallucine... Ce n'est même pas la saint Valentin !

  C'est notre tour de passer au guichet. À en juger par sa tête d'enterrement, l'employé ne semble pas croire à notre super couple, que moi je trouve tout à fait pertinent. Hugo décide donc de m'entourer les épaules avec son bras et de me faire un... bisou sur la joue.

  Alerte. Je rougis. Explosion de joie interne.

  Alors que mon esprit monte sur un petit nuage, Hugo nous fait avancer, le ticket spécial couple à la main. C'est pas possible, c'est merveilleux ! La liste n'est peut-être pas si bidon que ça finalement.

  Le prochain point est "Le complimenter sur son odeur". Ça parait bizarre mais bon.

  - Tu sens bon dis donc. Je déclare en riant à moitié.

  - Oh désolé, j'ai oublié de mettre du déo ce matin.

  Et il se recule.

  Je n'ai rien dit. Cette liste est bidon.
 
  On marche un peu en discutant et il m'achète la barbe à papa. Il a même encouragé la serveuse à faire la plus grosse possible. Elle monte plus haut que ma tête. C'était rigolo, jusqu'à ce qu'elle se colle dans mes cheveux.

  Ensuite nous profitons de quelques attractions qui me retournent l'estomac : montagnes russes, autotamponeuses, tasses tournantes, parachute, et j'en passe.

  C'est lui qui les a choisies.

  Quel bonheur, j'adore.

  - Notez l'ironie. -

  Mais bon au moins ça lui a fait plaisir.

  Après ça, je lui propose d'aller faire un truc plus soft : le tir à la carabine. Je ne sais pas particulièrement bien viser mais au moins ma tête reste à sa place.

  On arrive près du stand quand, d'un coup il s'arrête.

  - Oh regarde on pourrait faire ça ! S'exclame-t-il.

  - Si c'est encore un truc avec des loopings je t'attends là. Je déclare sans chercher à en savoir plus.

  - Je vois mal pourquoi ils mettraient des loopings là-dedans ! Rit-il.

  Je lève la tête, il parle en fait du tunnel de l'amour.

  Oh. La. Vache.

  - Tant qu'à faire le faux couple, autant y aller jusqu'au bout. Continue-t-il.

  J'acquiesce en souriant. Même si c'est "pour de faux" et que le tunnel de l'amour est complètement kitsch, ça me permet d'être seule avec Hugo dans un environnement - à peu près - romantique.

  Et devinez quoi ? C'était sur la liste : "l'emmener au tunnel de l'amour".

  Que demander de plus ?

  Nous nous mettons dans la queue. Je suis toute excitée. Tout va pour le mieux.

  Enfin...

  Jusqu'à ce qu'une brunette élancée en mini-short et débardeur sorte de nulle part et fasse la bise à Hugo.

Quand l'amour va tout vaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant