Chapitre 11

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Vendredi 13 avril

  - Et du coup vous vous êtes toujours pas rabibochés ? S'inquiète Iris en se balançant sur la chaise de mon bureau.

  Je secoue la tête avant de me laisser tomber sur mon lit.

  - On s'est pas reparlé depuis mercredi.

  - Aaaah...? Pousse-t-elle en inclinant exagérément la tête sur le côté.

  Je ris un peu, elle me fait penser à un perroquet.

  - Mais tu le fuis ?

  J'affiche un sourire en coin.

  - Ça se pourrait bien que oui.
 
  En vrai... non.
 
  Enfin, qu'à moitié.

  Oui, je voulais pas aller lui parler.

  En revanche, je voulais que LUI vienne me parler.

  Subtile.

  Et c'est pas faute d'avoir essayé à plusieurs reprises de croiser son regard dans les couloirs. À chaque fois il trouvait autre chose d'apparemment très intéressant à scruter.

  À l'opposé de ma personne.

  En y réfléchissant... C'est peut-être lui qui me fuyait en fait...

  Cette pensée m'attriste, mais je ne laisse pas paraître cette émotion sur mon visage. Il faut que je me fasse une raison.

  He is taken.

  - Pour les gens aussi nuls en anglais que moi, ça veut dire qu'il a une meuf en gros. -

  Et puis je veux pas plomber l'ambiance, quand même.

  Mon amie se penche sur le côté et glisse sa main dans son sac.

  Je soupire.

  - Me dis pas que tu les as prises !

  Elle sort rapidement sa main, armée d'une poignée de cacahuètes, qu'elle enfourne aussitôt dans sa bouche.

  - Oukay, che te heu dis pas. Sourit-elle, la bouche pleine.

  Avec Iris, on a pour habitude de s'inviter de temps en temps le vendredi après les cours, pour "faire nos devoirs".

  C'est ce que pensent nos parents en tout cas.

  Mais généralement, on passe plus de temps à discuter potins que bouquins.

  Sauf quand il y a des gros contrôles, mon amie préfère réviser.

  Mais bref.

  Elle a eu le temps de m'expliquer pourquoi elle était partie lorsque j'avais besoin d'elle mercredi.

  En fait, elle était persuadée qu'avec Hugo on allait "se rendre compte de nos erreurs passées et aller papillonner gaiement sur le terrain de basket". Donc, elle a pris l'initiative de partir discrètement, pour ne pas nous déranger.

  Sauf que non, ça ne s'est - malheureusement - pas passé comme ça.

  Je ne suis pas en colère contre elle, ça partait d'une bonne intention.

  Et puis de toute façon j'arrive pas à être en colère contre elle.

  Iris remonte ses lunettes de la main gauche, et trace par inadvertance une tâche de gras sur un verre.

  - Tu vois, les cacahuètes c'est gras, tu vas grossir. Je la taquine sur un ton rieur.

  Elle avale le contenu de sa bouche et me tire la langue, sur laquelle il reste quelques miettes collées.

Quand l'amour va tout vaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant