Chapitre 1

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Mercredi 4 avril

  Je me déplace à gauche, il se déplace à droite. Je me déplace à droite, il se déplace à gauche. Je vais pour lui foncer dessus, il fait rebondir le ballon entre ses jambes, vers l'arrière, fait un pas de côté et me dépasse d'une facilité déconcertante avant d'aller marquer un panier.

  Je n'aime pas jouer au basket, alors là pas du tout. Lui, oui. C'est même son sport préféré. Donc, chaque mercredi après-midi, après les cours, nous allons sur le terrain du parc avec le ballon - celui que je lui ai offert à son anniversaire - faire une partie. Parce que je serais prête à faire n'importe quoi pour lui - bon, peut-être pas n'importe quoi, mais beaucoup de choses -.
 
- Bah alors Gabri, on est fatiguée ?
 
- Après un contrôle de français de deux heures ? Je réponds sur un ton ironique.

  Et il rit. Punaise j'adore son rire. Il est communicatif sans être niais et très doux.
 
  Je sens soudain mon coeur se serrer.
 
  Je suis complètement juste une amie pour lui. En plus je me suis pris un bon râteau dimanche dernier. Enfin, pas vraiment puisqu'en soit il a pas pris ça au sérieux. Mais vu comment il a réagi ça m'étonnerais qu'il ait des sentiments amoureux pour moi.

  POUM
 
  Je me prends le fameux ballon dans la figure.

  - Tu pourrais pas faire attention ??

  - Oh désolé, vu comment tu me fixais je pensais que tu voulais la balle.

  Note à moi-même : arrête de le fixer les gens quand tu regardes dans le vide cocotte.

  Il s'approche de moi en petites foulées pour récupérer le ballon. Mais au moment où il se baisse pour l'attraper, je donne un bon coup de pied dedans. Il roule jusqu'à l'autre bout du terrain. Je le regarde avec un sourire malicieux et lâche un petit "oups" en haussant les épaules.

  Il se relève et se met bien en face de moi, pour me fixer de toute sa hauteur. Il mesure 1 mètre 87 quand même, avec mes 1 mètre 65 je fais naine à côté. Ses boucles brunes forment un voile devant le soleil. J'ai l'impression d'être sous un parasol.

 Il croise les bras. Je sens mon coeur qui bat à la chamade.

  Il reste un moment sérieux, et fronce légèrement les sourcils avant de me lâcher :

  - Avoue tu t'es fait mal.

  - Non.

  - Je le sais.

  - Tu ne sais rien.

  Il baisse les yeux sur mes pieds et affiche un sourire en coin. Je suis son regard, en croisant à mon tour les bras. Mes coudes le touchent presque. Il est proche de moi dis donc.

  Oh...

  Mon pied n'est pas beau à voir. J'ai cassé l'ongle du plus gros doigt et ça saigne. J'aurais peut-être pas dû jouer en sandales.

  Oui je joue au basket en sandales pas de commentaires.
 
  - Viens on va rentrer le désinfecter. Propose-t-il.

  - Je vais bien t'inquiète pas.

  - Est-ce que j'ai l'air de m'inquiéter ?

  La réponse est non. Il ne s'inquiète pas. En plus il a pas tord, je dois désinfecter ma plaie.

  Mais je ne lui dirai pas, et il le sait.
 
  Déjà parce que j'aime avoir raison, - ce qui est déjà suffisant comme justification - et que la manière dont je me suis fait cette blessure est complètement ridicule. Il l'a compris, parce qu'il me connaît mieux que n'importe qui.

  Et sûrement aussi parce que je lui ai tourné le dos, mais bon ce n'est qu'un détail.

  Il va chercher le ballon, et en revenant essaye - essaye - de faire une moue mignonne pour me convaincre d'y aller.

  ...

  Après mûre réflexion, je la trouve mignonne.

  Je soupire. Pourquoi mon petit cerveau est-il aussi à fond sur lui ?

  Finalement, je décide de le suivre dans sa quête du désinfectant. Ça commence à me piquer et puis je veux pas que ça s'infecte bizarrement. Non, sa moue essayant d'être mignonne n'y est pour rien - je sais que c'est faux -.

  Il prend ça pour une victoire. Je le vois à son petit air fier où il lève la tête et arbore son petit sourire satisfait. Je dois dire que ça me fait craquer. Mais il ne le saura pas.

  S'il veut d'autres aveux de ma part à ce sujet il peut toujours courir... T'as laissé passer ta chance mec.

Quand l'amour va tout vaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant