Chapitre 17

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Le monde bascula. Elle était dans un lieusombre, percé seulement de faibles lueurs. Elle les voyait,pourtant, elle n'avait pas d'yeux pour voir.

Elle sentit une présence derrière elle.Markus. Ce n'était pas lui, il n'y avait rien et pourtant il étaitlà.

« Calmez-vous, tout va bien, c'est moi.Vous êtes pur esprit, c'est pour ça que vous voyez sans voir, votreesprit traduit les informations qu'il reçoit en quelque chose qu'ilconnaît. »

« C'est....perturbant. »

« Ça l'est autant pour moi quand je vois vosœuvres. Vous m'avez montré votre monde, laissez moi vous montrer lemien. »

L'esprit qui était Markus l'enveloppa, et ànouveau elle bascula.

Elle était née dans une grande ruchefroide. Dès qu'elle avait su tenir sur ses jambes on l'avait envoyéeramper dans les gaines gluantes pour retirer les parasites de laruche. Après de longues heures à ramper dans les boyaux étroits,on lui donnait un maigre bol d'un gruau grisâtre avant de l'enfermeravec les autres jeunes dans la pouponnière. Elle avait appris à sedéfendre en frappant plus fort que les autres, et lorsqu'ils lapourchassaient à plusieurs, à courir plus vite pour leur échapper.

Aprèsquelques décennies de ce traitement, alors qu'elle devenait plusforte et plus résistante, on l'avait promue au rang de guerrier.Elle avait été confié à un wraithplus âgé, qui en guise de première leçon avait entrepris de luicasser presque tous les os du corps avant de la laisser là, dans ladouleur.

Le guerrier lui avait appris à résister àla douleur, à l'ignorer même. Il lui avait appris avec violence àse battre, et à tuer sans réfléchir. Il était mauvais, cruel etbrutal, et lorsqu'elle avait été assez forte, elle l'avait tué.Elle ne l'avait pas dévoré, elle lui avait brisé la nuque, avantde jeter son corps par la baie d'appontage. Elle n'avais jamais gradédans la ruche. Trop solitaire pour commander, trop impétueuse pourobéir. Lorsqu'elle avait eu à peu près cent ans, on l'avait envoyéservir de chien de chasse pour sa reine et ses favoris. Depuis elleavait suivi la trace des coureurs, sur parfois des mois, pourpermettre à ses maîtres de les achever et d'en tirer tout leprestige.

Elle était douée. On l'avait aussi lancéeà la poursuite de renégats, ou d'humains qui oubliaient leur place.Elle partait pendant des mois, parfois des années, mais revenaittoujours, offrir la tête de ses victimes à sa reine. Et toujours,elle la renvoyait -sans même un regard- à une autre chasse.

Un jour, elle avait reçu une mission deprestige. Traquer les humains d'Atlantis. Elle devait les retrouver,puis revenir à la ruche et donner leur position, afin que toute laflotte puisse les attaquer.

Elle les avait trouvé sans trop de mal,mais ils l'avait sentie, et capturée.

Durant des jours, deux d'entre eux étaientvenu lui hurler dessus. Elle les avait ignoré, ils ne lui faisaientpas peur. Sa faiblesse grandissante l'inquiétait davantage, ilfallait qu'elle ait la force de s'enfuir le jour où l'opportunitéviendrait.

Puis une humaine, qui ne ressemblait àaucun des autres Atlantes, s'était perdue devant sa cage. Elle avaitessayé de la terroriser, juste par méchanceté, mais la femelleétait restée, morte de peur, mais immobile et la regardant droitdans les yeux. Jamais elle n'avait vu ça !


Le lendemain, l'humaine était venue et luiavait parlé, comme personne ne s'était jamais adressé à elle. Etelle était revenue, jour après jour. Au début, la femelle n'étaitqu'une distraction bienvenue. Puis elle avait commencé à s'enméfier. Elle semblait lire dans son esprit. Elle était toujoursdouce, ne hurlait jamais contrairement aux autres, mais elle voyaiten elle. Elle avait réalisé qu'elle était la plus dangereuse detous. Tout cela n'avait aucune importance,elle allait bientôtmourir.

Au-delà des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant