Au-delà des étoiles

Chapitre 19

Rosanna se résolut à suivre les conseils dupremier lieutenant Giacometti le temps de trouver une solution. Ellen'eut toutefois pas le cœur d'avouer à Markus ce qui se passaitvraiment. Il commençait à se sentir bien sur la cité, pas questionque des mal-pensants viennent détruire ce fragile équilibre.

Elle retourna donc voir Mattison, qui futenchanté d'apprendre qu'elle se sentait prête à repartir enmission. L'opiniâtre professeur finit par convaincre le Dr Beckettde la déclarer apte au service partiel, la mission ne représentantaucun danger apparent.

Elle prépara donc avec soin ses affaires pourson départ le lendemain, et prit un moment pour aller expliquer àMarkus, qu'elle avait été affectée à une autre mission, etqu'elle devrait s'absenter quelques jours, le temps d'apprendre àcommuniquer avec ces étranges aliens sans bouche.

Le lendemain, une fois les missionsprioritaires du jour partie, Mattison et sa petite équiped'anthropologues se préparèrent à traverser. Leur destinationn'était pas une planète à proprement parler, mais une gigantesquelune en orbite autour d'une géante gazeuse.

En traversant la porte, Rosanna découvrit unpaysage magnifique, des collines d'herbes turquoises ondulantdoucement sous un ciel d'un rose délicat. En se retournant, elledécouvrit la géante gazeuse, qui les écrasait de sa présence loinau-dessus de leurs têtes.

Le professeur les emmena vers un petit bosquetd'arbres bleutés. Le contournant, une route de terre griseserpentait dans les collines, rejoignant une ville aux murs roses.

Alors qu'ils étaient encore à mi-chemin de lacité, une cloche au son cristallin se mit à sonner.

« Ils nous ont vu. » s'enthousiasmale professeur. « S'il vous plaît, ne vous étonnez pas de leurapparence, ils sont pour le moins surprenants. » préféra-t-ilprévenir.

Alors qu'ils approchaient de la ville, un petitgroupe vint à leur rencontre. Rosanna découvrit de grandescréatures insectoïdes de près de trois mètres de haut qui -un peuà la manière des mantes- se déplaçaient sur leur quatre pattesarrière tandis que leurs pattes avant avaient muté. Dans leur cas,l'appendice griffu qui termine la patte de chaque insecte s'étaitdivisé en trois « doigts » opposés de la longueur d'unavant bras humain. A la base des doigts, une sorte de zone plus platefaisait office de paume. Ils portaient des robes fendues à l'arrièrelaissant leurs longs abdomens ainsi que deux gigantesques pairesd'ailes translucides et effilées à l'air libre. Enfin leur têtedépourvue de bouche, arborait deux paires d'yeux d'un noir d'encre,ainsi que deux paires d'antennes, une assez courte, et une seconde deprès de deux mètres de long qu'elles tenaient derrière elles.

La première créature écarta largement lesbras et fit une sorte de courbette, imitée des autres. Les terriensfirent pareils. Leurs hôtes leur firent alors signe de les suivre etles emmenèrent dans un grand bâtiment frais. Sur une estrade, deuxgrands bacs rempli de glaise humide attendaient.

Celui qui semblait le chef des alienss'approcha du bac et dessina un des leurs stylisés avant de sedésigner du « doigt ». Rosanna attrapant le stylet,dessina dans l'autre bac un homme stylisé avant de se désigner àson tour.

« Pourquoi vous dessinez des bonhommes enbâtons ? Demandez-leur des choses utiles ! »s'impatienta le bouillonnant professeur.

« Nous accordons nos violons, histoired'être sûrs de se comprendre. »

Le professeur bougonna, mais n'osa plusintervenir.

A grand renfort de dessin et de geste, Rosannafinit par arriver à communiquer avec les aliens. Elle apprit ainsiqu'ils connaissait l'usage de la porte, et recevaient parfois de lavisite, mais ne l'utilisaient pas eux-mêmes. Ils vivaient plusieurssiècles, et semblèrent désolés d'apprendre la breveté de la viehumaine.