Chapitre 18

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Il était encore tôt lorsqu'ils arrivèrentdans le grand mess qui avait été entièrement rénové. Rosanna eutun instant d'hésitation, c'était la première fois qu'elle yrevenait depuis le drame.

Lewraithattendit un instant, puis voyant qu'elle n'avait toujours pas bougé,il s'avança un peu et attendit qu'elle le rejoigne.

« Alors qu'est ce que tu as déjàgoûté ? » lui demanda-t-elle en désignant les grandbacs remplis de nourriture.

« Heu....quelques fruits, et une fois, unpoisson que j'avais attrapé. »

Rosannaéclata de rire en imaginant le wraithdégoulinant, à genoux dans une rivière, se battant contre un grossaumon récalcitrant. Il la regarda de travers en grondant, vexé.

« Il va falloir prendre un peu de toutalors. » déclara-t-elle en s'approchant pour remplir uneassiette.

Une fois leurs deux plateaux remplis, la jeunefemme suggéra qu'ils aillent manger dehors pour profiter du beautemps. Et aussi pour éviter les regards en coin et les murmuresqu'elle avait entendu dans le mess, mais cela elle ne le dit pas.


Ils s'installèrent donc sur un balcon pourmanger. Rosanna se fit un devoir d'expliquer de quoi étaientcomposés chacun des plats qu'il mangeait, et elle lui dessina aussicertains des légumes terrestres pour qu'il puisse s'en faire unemeilleure idée.

PourMarkus, ce fut une expérience inédite. Le goût des poires au siroplui plut beaucoup, mais il détesta la texture des yu-takis,sorte de banane athosienne. Il aimait bien le poisson qui se délitaitsur la langue, ainsi que les épinards à la crème.

En revanche, Rosanna eut toutes les peines dumonde à le convaincre que les cubes de gelée bleue étaientcomestibles, et que Sheppard adorait en engloutir.

Enfin, Markus se gela à moitié la langue avecde la glace, après quoi il qualifia la friandise d'armeanti-personnel. Il passa les cinq minutes suivantes à observer d'unair sceptique et bougon la terrienne qui dégustait sa propre glaceen regardant le soleil descendre à l'horizon.

Lorsqu'elleeut finit, ils passèrent un moment à discuter de tout et de rien,et le wraithlui expliqua, une orange en guise de soleil, comment les corpscélestes pouvaient déformer l'espace et le temps et comment lesvaisseaux se servaient de cette particularité pour voyager plusefficacement.


Rosanna, que sa journée avait épuisé,proposa de rentrer. Markus n'ayant pas le droit de se trouver seulen-dehors de ses quartiers, elle le raccompagna, puis après luiavoir souhaité une bonne nuit, elle partit rejoindre sa chambre.

Enentrant, elle remarqua, que le wraithavait oublié l'aquarelle qu'elle lui avait offerte. Elle la glissadans son carton à dessin, afin de ne pas l'abîmer, puis sepelotonna dans son lit et s'endormit.


Elle se releva en criant, de la sueur luicoulant dans le dos. Comme chaque nuit depuis la prise d'otage, elleavait fait des cauchemars. Dans ses rêves, des hommes cagoulés, auxmembres démesurément longs la pourchassaient. Ils voulaient latuer, elle le savait. Quoiqu'elle fasse, ils étaient toujours surses traces. Peu importait qu'elle fuie, qu'elle se cache, ou qu'elleles implorent, ils la rattrapait toujours. Ils se jetaient sur elle,puis chacun l'attrapait par un membre, et ils tiraient dessus enriant jusqu'à ce qu'elle soit démembrée. Elle se réveillait alorsen sursaut, tremblante de terreur.

La jeune femme respira à fond, puis se levapour aller se passer un peu d'eau sur le visage. Elle se sentitmieux, mais les spectres de ses cauchemars n'étaient pas encorepartis. Elle attrapa donc son carnet de croquis et se mit à dessinercomme à chaque fois, une chose belle et simple, quelque chose quisaurait chasser les ombres de son esprit.

Au-delà des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant