Broken [En Réécriture]

Tout va bien, non ?

Après avoir acheté la drogue, je me suis assis dans une autre ruelle isolée, elle aussi pas très loin de mon lycée. Puis j'ai sorti la fiole, ainsi que la seringue que j'ai remplie en suivant les conseils du dealer. J'ai ensuite enlevé ma ceinture et l'ai enroulée autour de mon bras, avant de chercher une veine. Et j'ai finalement piqué.

En seulement quelques secondes, une grande chaleur, suivi d'une extraordinaire euphorie, traverse mon corps. Les effets sont complètement différents de ceux de la cocaïne, mais tellement plus agréable. Je n'avais jamais ressenti quelque chose comme ça auparavant, c'est indéfinissable, c'est incroyable ! J'aimerais tant pouvoir rester dans cet état pour toujours. Je me sens de plus en plus engourdi, et j'ai l'impression de tomber dans un profond bonheur sans fin, à tel point que je finis par détruire toutes mes barrières et m'abandonne totalement à l'héroïne.

Les heures passent et ma lucidité revient peu à peu, sans pour autant éclipser le bien-être que je ressens. En revanche, je suis épuisé, et je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir avant de succomber au sommeil. Mais je sais que je peux résister, ou du moins, suffisamment longtemps pour trouver un lieu plus sûr où m'endormir sans risque. Je regarde d'abord l'heure, mais il est seulement 13 h, ce qui signifie que je ne peux pas encore rentrer chez Joanne. Je pourrais peut-être retourner au bahut, peut-être qu'une heure et demie de science avec John m'aidera à rester éveillé. J'ai seulement un peu peur de la tête que je dois avoir, dans les films elle ne cache pas très souvent l'état des drogués. Malheureusement, il est un peu trop tard pour penser à cela maintenant. D'autant plus que mon ami ne remarquera sûrement rien, et si je me trompe, je pourrais toujours dire que j'ai eu une nuit d'insomnie.

Je me lève, repart au lycée et arrive légèrement en retard en SVT, ce qui ne dérange pas vraiment le prof. John est déjà assis au fond de la classe et je me dépêche de le rejoindre. Sa tête change d'expression en me voyant, il semble inquiet. J'avais tort, il est plus observateur que ce que je pensais.

– Tu vas bien ?

– Bien sûr, pourquoi ?

– Tu as une tête horrible, on dirait que tu n'as pas dormi depuis une semaine au moins. En plus, Jennie et moi étions inquiets de ne pas te voir au déjeuner.

Il exagère sûrement un peu, je ne peux pas paraître si horrible, surtout après une seule prise. Mais maintenant qu'il le dit, c'est vrai que je n'ai pas mangé, en fait je n'y ai même pas pensé. Peut-être est-ce à cause de la drogue, mais l'idée d'avaler de la nourriture en ce moment, me dégoûte.

Je le fixe sans lui donner de réponse, alors qu'une sensation d'engourdissement m'envahit de nouveau. J'essaye de la repousser suffisamment pour qu'elle me permette de rester conscient tout en restant assez détendu, ce qui n'est pas aussi facile que ce que je pensais.

– Michaël ? Tu es avec moi ?

Je sors de ma transe et me concentre sur John, qui commence à m'agacer.

– Je suis juste un peu fatigué, tu n'as pas à t'inquiéter.

– Je ne pense pas...

– Je me fiche de ce que tu penses !

Je crie et tout le monde se retourne vers nous. Je rougis sous l'embarras alors que je réalise ce que je viens de faire. Je me retourne alors vers John qui semble dans l'incompréhension la plus totale face à mon comportement.

– Un problème au fond ?

Je regarde le prof qui semble un peu agacé.

– Non... tout va bien... excusez-moi...