Elle m'a menti !

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Aujourd'hui on est lundi et j'ai rendez-vous avec Sarah. Au début de la séance, je lui raconte la semaine qui vient de passer. Je lui parle des cours qui se sont plutôt bien déroulés, malgré le gros contrôle de français que j'ai eu vendredi. Mais aussi de Jennie et John, en ajoutant que je me suis beaucoup rapproché de ce dernier que je considère aussi comme mon meilleur ami maintenant, au même titre que Jennie. Je lui fais aussi part de mon étonnement quant à la vitesse à laquelle nous sommes tous devenus aussi proches, mais elle me rassure en me disant que c'est quelque chose de fréquent à notre âge, encore plus quand on passe tout notre temps ensemble. Mais, malgré le fait qu'elle soit heureuse que je sois bien entouré, elle comprend vite que je lui cache quelque chose. J'hésite un peu, mais je finis par lui raconter.

Jeudi après-midi, aux alentours de 16 h30, Joanne a reçu un appel du capitaine Thomson dans lequel il lui demanda de m'accompagner dès que possible au commissariat, sans en dire davantage. J'ai stressé pendant tout le trajet en voiture, j'avais vraiment peur que mon père soit relâché. Mais heureusement, avec l'aide de Joanne, je réussis à me calmer un peu. Puis, en arrivant, un officier nous a tout de suite conduit jusqu'au bureau du capitaine, qui nous rejoignît quelques minutes plus tard.

– Michaël, je dois te parler de quelque chose qui risque de ne pas être facile.

– Est-ce que mon père...

– Non, ne t'inquiète pas, il est toujours derrière les barreaux pour le moment.

Je ne comprends pas, si ce n'est pas mon père le sujet de cette conversation, alors qui est-ce ?

– Tu te rappelles que dimanche nous avons gardé ta mère pour lui poser quelques questions ?

Je hoche la tête, terrifié.

– Nous voulions surtout savoir si elle était au courant de ce que ton père te faisait, et si oui, de quelle manière était-elle impliquée...

– Je sais déjà tout ça, alors pouvez-vous nous dire pourquoi nous sommes ici s'il vous plaît ?

– Très bien. Après un interrogatoire plus long que prévu, ta mère a avoué avoir toujours été au courant de ce que ton père te faisait.

– Non... non... ce n'est pas possible...

Je murmure, sous le choc.

– Je suis désolé Michaël, mais c'est la vérité. Elle dit l'avoir découvert quelques semaines après que ton père ait commencé. Mais, et c'est très important, elle n'a jamais cessé d'essayer de te protéger. Elle n'a jamais pu prévenir la police ou partir ailleurs avec toi, car ton père l'avait menacé de vous tuer tous les deux. Mais elle te laissait le moins possible seul avec lui, et lui faisait des reproches durant ses moments de faiblesses pour le dissuader de continuer. Et, malgré que ce soit étonnant avec ce genre de personnes, car ils ne peuvent pas s'en empêcher, ton père a fini par arrêter. Ta mère t'a sauvé Michaël.

Je ne peux plus rien dire, je ne sais pas quoi dire. Est-ce que je dois en vouloir à ma mère, ou au contraire la remercier ? Si elle m'aimait vraiment, pourquoi ne m'a-t-elle pas réellement protégé au périple de sa propre vie ? Les mères ne disent-elles pas toujours qu'elles seraient prêtes à mourir pour leur enfant ?

– Michaël, tu vas bien ?

Joanne est inquiète et pose sa main sur mon épaule. Je sursaute et elle la retire aussitôt. Elle et le capitaine continue à me fixer. Je n'en peux plus, je dois sortir de cette salle. Je me lève, cours dehors, et m'assois contre le mur du commissariat à l'extérieur. Joanne qui m'a suivi, s'installe à côté de moi.

– Michaël, je sais que c'est difficile...

– Elle m'a menti ! Elle s'est excusé de ne rien avoir remarqué, elle m'a promis qu'elle n'était pas sa complice, mais tout ça était faux ! Elle était au courant de tout et elle n'a rien fait. Comment une mère peut-elle faire ça ?

Je sens les larmes coulées le long de mes joues. Je suis en pleurs maintenant, de mieux en mieux.

– Tu as entendu le capitaine Thomson, elle a essayé de te protéger du mieux qu'elle pouvait, mais ton père l'a menacé de vous tuer.

– Il n'aurait jamais rien fait, il est bien trop lâche. Sinon pourquoi aurait-il laissé ma mère vivre après qu'elle eut tout découvert ? Et même si je me trompe, j'aurais tellement préféré mourir plutôt qu'avoir à endurer tout ça. La vérité c'est juste que ma mère est tout aussi lâche que mon père, et je ne pourrais jamais le lui pardonner.

– Ne dis pas ça Michaël, tu sais que tu ne le penses pas. Après avoir tout découvert, ta mère ne devait plus avoir aucunes idées de ce que ton père était capable de faire ou pas, et elle devait sûrement être complètement terrifiée. En tenant compte de ça, tu peux comprendre pourquoi elle avait peur qu'il mette sa menace à exécution.

Joanne a peut-être raison, après tout, ça aurait pu être pire sans elle. Mais je lui en veux toujours. Savoir qu'elle était au courant tout ce temps et qu'elle ne m'a rien dit, est si dur. Et toutes ces réactions de surprises qu'elle a eu, et ses mensonges, pourquoi a-t-elle tout simulé ? Peut-être ne voulait-elle pas que je sois en colère contre elle, ou peut-être était-elle tout simplement trop lâche pour m'avouer qu'elle couvrait mon père.

– Je sais que vous avez raison, mais je suis encore beaucoup trop en colère contre elle. Elle ne m'a pas seulement protégé, elle a aussi protégé mon père et, même si ce n'était pas son intention, je n'arrive pas à le lui pardonner. Et...

Je suis toujours en pleure, pourquoi ne puis-je plus contrôler mes émotions comme je le faisais si bien avant tout ça ? Mais peut-être est-ce mieux ainsi, je me sentais beaucoup moins bien quand je gardais tout pour moi.

– Vas-y Michaël, libère-toi.

– Et...et je m'en veux parce que je sais qu'elle ne le mérite pas, mais c'est tellement dur. Toute cette merde avec mon père et les flics, est tellement dur ! Je voulais vraiment qu'il soit puni, mais je ne pensais pas que ça se passerait comme ça. Je pensais que je me sentirais mieux, et que la douleur partirait, mais ce n'est pas le cas. Et maintenant j'en ai marre de tout ça, je veux juste que ça s'arrête, je veux juste ne plus avoir mal.

Joanne me prends dans ses bras et essaye de me réconforter, mais ça n'aide pas vraiment, rien ne pourrait aider en ce moment. Puis, quand je réussis à me calmer suffisamment, nous décidons de retourner voir le capitaine. Il m'explique qu'il va laisser ma mère en liberté, suite à un accord qu'ils auraient passé pour qu'elle témoigne contre mon père. Il me raconte ensuite où en est l'enquête pour le moment. Heureusement, comme il me l'a dit plutôt, mon père est toujours en garde à vue. Il aurait dû sortir il y a plusieurs jours, mais le capitaine a réussi à convaincre son chef que ça serait dangereux de le laisser en liberté en ce moment, surtout pour moi. Il enchaîne finalement en me disant qu'il va me laisser tranquille jusqu'à la fin de la semaine, mais que mardi je devrais venir pour une confrontation avec mon père.

Broken [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant