Je me réveille pour découvrir que je suis dans une chambre d'hôpital, encore. Je regarde alors autour de moi, et voit ma mère endormie dans une chaise près de la fenêtre. J'aimerais la prévenir que je suis réveillé mais, avant de faire quoique soit, je réalise que, tout comme John et Jennie, elle n'a pas dû avoir beaucoup d'heures de sommeil ces derniers jours. Alors je décide de la laisser tranquille et essaye de me rappeler ce qu'il s'est passé.
D'abord il y a eu le cauchemar, puis la cabane et mon père, John mort, et... la crise d'angoisse ! Je n'arrive pas à croire que j'en ai encore fait une, je me sens tellement faible. Je n'arrête pas d'essayer de me convaincre que je suis quelqu'un de fort, mais ce n'est pas vrai. Et tout ce que j'ai fait ces dernières semaines le prouve. Entre la drogue et les pensées suicidaires, je ne sais même pas pourquoi mes amis sont toujours là pour me soutenir, ils devraient être tellement déçus. Mais ce n'est pas le cas parce qu'eux sont réellement fort, ils arrivent à affronter la vie sans souhaiter l'abandonner ou la fuir. Ils n'ont rien à faire avec moi. C'est pourquoi me mettre avec John était une erreur, et je dois maintenant rompre avec lui au plus vite si je ne veux pas qu'il devienne lui aussi faible.
– Comment tu te sens Michaël ?
Je reconnais cette voix, c'est...
– Docteur Williams ?
Je ne pensais pas le revoir un jour, mais ça me rassure qu'il soit là. Après tout, c'est avec lui que tout a commencé.
– Je suis content de voir que tu ne m'as pas complètement effacé de ton esprit, mais peux-tu répondre à ma question, s'il te plaît ?
– Je ne me sens pas trop mal, enfin beaucoup mieux qu'après mon premier passage ici en tout cas.
– Je l'espère bien, mais je souhaite tout de même m'excuser. J'ai appris ce qui t'étais arrivé grâce à la presse, et je peux t'assurer que j'ignorais que tout cela allait prendre des proportions pareilles...
– Arrêtez, vous n'avez pas à faire ça, vous n'avez rien fait de mal. Au contraire même, vous avez été là pour moi quand j'en avais le plus besoin, et vous m'avez sauvé la vie en me convainquant qu'elle valait la peine d'être vécue. Parce que vous aviez raison, on trouve toujours quelqu'un capable de nous rendre heureux. Alors je vous remercie docteur, pour tout ce que vous avez fait.
Je réalise alors qu'il n'a pas dû comprendre la moitié de ce que je viens de dire, mais ça n'a pas d'importance, parce qu'il devait entendre tout cela.
– Hum... Il n'y a pas de quoi Michaël... même si je ne suis sûr de mériter un tel discours.
Je souris et lui explique ce qu'il s'est passé quand j'étais dans le coma. Puis il me regarde d'un air pensif.
– Tout cela est fascinant ! Les capacités de notre cerveau, alors même qu'il va mal, sont extraordinaires, d'ailleurs tu savais que...
Je le coupe avant qu'il parte dans un discours interminable, j'ai l'impression d'être en face d'un prof.
– Je suis sûr que ce que vous alliez dire est très intéressant, mais je viens juste de me réveiller et... vous pourriez peut-être reprendre plus tard.
– Bien sûr, mais j'ai comme l'impression de t'ennuyer un peu...
– Non ! Absolument pas. C'est juste que...
– Oui, je t'écoute.
– Euh... Je... enfin... euh...
Il semble amusé, ce qui est assez agaçant.
– C'est bon, je te fais marcher, Michaël.
Il sourit, tandis que j'évacue tout l'air que je semblais avoir retenu dans mes poumons ces dernières secondes. Une infirmière rentre alors à ce moment-là, avec un plateau repas qu'elle pose sur ma table avant de partir. Je suis un peu perplexe.
– Attendez, docteur, quelle heure est-il ?
– Je dirais aux alentours de 19 h, pourquoi ?
C'est étrange que Jennie et John ne soient pas là. Peux-être ont-ils été obligé de rentrer chez eux ? Mais j'imagine mal Joanne empêchait sa fille de rester ici, et je sais que le père de John a tendance à rester assez tard au commissariat. La réponse la plus probable, même si j'ai du mal à l'admettre, serait qu'ils aient décidé de ne plus me soutenir. Ce qui, de toute façon, devait finir par arriver.
– Michaël ? Quelque chose ne va pas ?
– Je... je n'en suis pas sûr, savez-vous si d'autres personnes sont venues me voir aujourd'hui ?
– Je viens de commencer ma garde, mais je peux me renseigner si tu le souhaites.
– Non, c'est bon. Je dois juste réveiller ma mère.
J'essaye de me lever, mais il m'arrête avec sa main.
– Ne fais pas ça, elle a besoin de repos. Tu peux attendre pour lui demander des explications.
Non, je dois savoir maintenant. J'en ai besoin.
– S'il vous plaît, les heures de visite sont bientôt terminées et je ne vais pas pouvoir attendre jusqu'à demain.
– Il reste encore une bonne heure, je pense que tu auras le temps de lui poser toutes les questions que tu voudras d'ici là.
Je l'ignore, retire sa main, et m'approche de ma mère.
– Arrête, tu exagères là.
– Je suis désolé, mais c'est vraiment important pour moi.
Je la secoue un peu, tout en l'appelant, et elle se réveille aussitôt.
– Michaël ! Pourquoi n'es-tu pas dans ton lit ? Tu vas bien ?
Je peux voir de l'inquiétude sur son visage, ce qui me fait culpabiliser un peu. Elle ne méritait peut-être pas que je l'affole à ce point.
– Oui maman, tu peux te détendre. Je voulais juste te poser une question, si tu es d'accord.
– Bien sûr, qu'est-ce qu'il se passe ?
– Où sont mes amis ? La dernière fois que je suis venu, ils ont pu passer toute la soirée avec moi, alors pourquoi ne sont-ils pas ici en ce moment ?
Ma mère semble légèrement soulager, mais je peux toujours voir que quelque chose la préoccupe.
– Ils étaient là, Joanne est venue avec eux dès qu'ils sont sortis du lycée. Mais John n'allait pas très bien, il stressait beaucoup et pensait que tu avais paniqué parce que tu avais peur de votre nouvelle relation. Et, même si je lui ai expliqué que tout cela est arrivé suite à un cauchemar qui n'avais sans doute rien à voir avec ça, il ne pouvait pas arrêter de se sentir coupable. Alors Joanne a décidé de le ramener chez lui, et Jennie les a suivis pour l'aider à se calmer. D'ailleurs, elles ne devraient plus tarder à revenir maintenant.
J'avais raison, j'ai rendu mon copain faible, et cela en seulement une nuit. Mais je peux, et dois, l'empêcher de commettre les mêmes erreurs que moi, car je n'ai aucune envie de le perdre.
– Michaël, regarde-moi, ce n'est pas de ta faute. John semble beaucoup t'aimer, et c'est normal qu'il réagisse de cette façon. Parce que lorsque l'on ressent des sentiments aussi forts pour une personne, c'est comme si elle devenait une part de nous-même, alors si elle souffre, nous aussi. Pour être complètement honnête avec toi, j'aurais été beaucoup plus inquiète s'il avait été plus calme.
Ma mère a sûrement raison, mais ça ne change rien, au contraire même, ça renforce ce que je pensais. Si nous n'étions pas proches, il irait bien en ce moment.
Je ne cesse de blesser les gens que j'aime, et je ne veux plus être ce genre de personne. Mais il n'y a qu'un seul moyen pour cela. Si je tiens autant à mes amis que je le prétends, alors je dois redevenir le gars associable et solitaire que j'étais avant de les rencontrer. Il n'y a pas d'autres solutions.
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Broken [En Réécriture]
Teen FictionJamais heureux, solitaire depuis toujours, mais des parents aveugles qui n'ont jamais pu voir à quel point il souffrait, le jour de son anniversaire il décide de changer sa vie à jamais. Aujourd'hui, il arrête de faire semblant. Mais à quel prix ? E...