D'Ombre et de Lumière

38) La boucle va se compléter

Enaël ouvrit un énième compartiment du Poudlard Express en cette matinée radieuse, mais toujours pas de chance. Combien de compartiments pouvait-il y avoir dans ce fichu train ?

- Tiens, je l'ai jamais vu celui-là, commenta une rousse qui le regardait distraitement.

Mais les trois autres passagers semblaient obnubilés par lui. Un garçon aux cheveux noirs, un autre qui tenait un carnet de dessin entre les mains, et enfin une fille qui, Enaël eut du mal à y croire, tenait son journal à l'envers et portait d'étranges lunettes aux couleurs éclatantes. Enaël grinça des dents et maudit le sang qui coulait dans ses veines, avant de demander d'une voix peu convaincue :

- Est-ce que vous avez vu Leo ? Leo Potter, ou Lupin peut-être, voire Black ?

Il réalisa avec honte qu'il ne savait même pas si Leo avait changé de nom de famille. Il vit de plus que ses propos avaient eu un effet assez négatif sur les occupants du compartiment. Les trois continuaient de le fixer, mais cette fois-ci avec une mine triste. La rousse quand à elle parla :

- Tu es la deuxième personne que j'entends parler anglais avec cet accent français à la fois ridicule et mignon. Et puis...

Elle montra du doigt le journal que tenait son amie, et Enaël put déchiffrer la une, "L'ancien héritier Delacour rentre à Poudlard".

- Enfin, ton anglais a l'air plus rouillé que le sien, reprit la fille, mais vu ce qu'on raconte sur toi, rien d'étonnant. Je crois que Leo était un peu pareil les premiers mois.

- V-Vous le connaissez ? s'assura Enaël.
- Oui, dit la fille en se levant et en tendant sa main. Alexandra Trelawney. La fille qui lit le journal de son père, c'est Luna Lovegood, le garçon qui fait des dessins suspects, c'est Seamus Finnigan, et celui qui reste...

Elle lança un regard confus à celui qu'elle n'avait pas décrit, et demanda :

- Dis, Terry, qu'est-ce qui te prend ?
-Q-Quoi ? bégaya Terry en revenant à lui-même.

Les deux autres hypnotisés eurent la même réaction. Ils ne semblaient pas conscients des secondes passées à baver le regard dans le vide, et quand Enaël considéra le fait que c'était précisément à cause de lui, un rouge cramoisi conquit la pâleur de ses joues.

- De nous cinq, tu es le dernier à l'avoir vu, lança Seamus.

En entendant cela, Enaël paniqua :

- Alors vous savez pour ces deux mois passés avec lui ?!

Il reçut quatre regards curieux, et Luna glissa :

- Il semblerait que la Gazette ne soit pas si bien informée que ça, finalement. Les Énormus à Babilles ne m'ont rien dit, non plus.
- Les Aynormusse à... commença Enaël avant de secouer la tête. Attendez, je crois que Leo m'avait parlé de vous. Vous êtes ses amis, ceux qui l'ont soutenu toutes ces années... Je tiens à vous remercier de l'avoir accepté parmi vous.
- Qu'est-ce qu'il a dit sur nous ? demanda Terry, visiblement intéressé.
- Qu'il vous doit sa vie, dévoila Enaël en se forçant à sourire.

C'était horrible à dire, tout compte fait. Il poursuivit, inquiet :

- Est-ce que vous avez prévu de le lâcher ?
- Sûrement pas, affirma Alexandra. Il voulait bien faire, et il a besoin de nous.
- Oui... elle a raison, confirma Terry qui avait cependant le regard sombre.
- Connaissant Leo, il est probablement allé se terrer dans la cabine du machiniste, dit Seamus la mine soucieuse.

Enaël se prépara à sortir mais la voix de Luna l'interrompit :

- Tu ferais mieux de rester ici avec nous. Je pense qu'il préfère être seul pour le moment.
- Tu ne connais personne d'autre ici, en plus, remarqua Seamus.
- C'est l'occasion rêvée pour avoir tous les bons plans, comme les meilleures cachettes, les coins à l'abri des regards, les personnes à éviter... continua Alexandra. Qu'est-ce que t'en dis ?