Chapitre 45

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Le clair de lune se reflétait sur le lac à la surface lisse. Pas un bruit, si ce n'était le long soupir de l'ancien élève. Il adressa un regard d'avertissement à Leo, qui évita de le regarder, et se mit plutôt à parler :

- Excuse-moi de t'avoir fait venir, mais j'ai besoin de toi.

Tristram ne répondit pas, il croisa simplement les bras. Leo continua :

- J'ai besoin des ingrédients pour préparer du Felix Felicis en grande quantité.

Tristram ne put s'empêcher de hoqueter de surprise. Il fixa le Serdaigle comme si celui-ci venait de dire une énorme connerie.

- C'est une blague ?
- Absolument pas. Ça pourrait sauver des vies.
- Tu rentres en plein dans le territoire de l'illégalité, avertit Tristram. Il y a des règles, on doit déclarer chaque préparation de la potion, c'est un calvaire administratif. Sans compter la difficulté d'une telle potion.
- Dis-moi seulement si tu peux m'aider.

Tristram soupira, sachant parfaitement que c'était une mauvaise idée. Il n'était plus l'élève insouciant de Serpentard. Il avait des responsabilités, et s'il acceptait, il risquait gros. Il avait déjà subi des interrogatoires, et Arterberry lui avait fait passer un sale quart d'heure car il l'avait soupçonné d'être complice de la débacle de l'année précédente. Tristram avait été à deux doigts de perdre son travail.

- Je peux t'amener aux endroits, falsifier les documents nécessaires... mais ce sera à toi de tout récupérer, grimaça Tristram.
- Demain, c'est possible ?
- Tu abuses, fit l'adulte avec fermeté.
- Est-ce que c'est possible ? répéta Leo.
- Ne me demande plus rien après ça, avertit Tristram.

Devant l'air conflictuel de Leo, il précisa :

- On sait tous les deux que tu es intelligent, Leo. Tu comprends bien pourquoi je ne peux pas accéder à davantage de tes requêtes. Et je pense aussi que tu ne m'as pas contacté par bonté de cœur, mais parce que tu me considérais comme ta seule solution. Si tu avais eu une autre idée qui n'aurait requis l'aide de personne, tu l'aurais exécutée.

Leo acquiesça avec gravité, tout en se sentant étrangement honteux d'avoir laissé transparaître ce qui se passait dans sa tête.

- N'oublie jamais que tu peux compter sur tes amis, demanda Tristram. Mais il faut aussi qu'ils puissent compter sur toi, sinon ça ne fonctionne pas.
- Je n'ai jamais été là pour toi, se rendit compte Leo en baissant la tête.
- C'est un peu tard pour nous deux.

Tristram fixa Leo et laissa passer un sourire encourageant sur son visage. Rien n'était perdu.

* * * * *

Lorsqu'un Serdaigle se présenta aux portes de la salle commune des Serpentards, la sorcière aigrie qui occupait le tableau proche éclata de fureur. C'était leur deuxième rencontre, et cette horrible femme avait toujours une dent contre Leo.

- Toujours à quémander auprès de tes congénères à la supériorité intellectuelle maintes fois prouvée ?
- ...
- Je te terrifie ? Tu ferais mieux de déguerpir, pas de Bassenthwaite pour te sauver cette fois !
- ...
- Tu n'as pas d'amis ? Quel dommage, j'aurais presque--

- Leo, tu as tout j'imagine ? fit Daphné de l'autre bout du couloir.
- Où est Nott ? fit Leo après avoir acquiescé.
- Il étudie, déclara Daphné sur un ton informel. Suis-moi.

Leo dépassa le portrait haineux et déambula dans les cachots, et finit par arriver dans une petite salle avec en son centre un grand chaudron. Daphné déclara :

- Ne te fatigue pas à m'appeler Greengrass, ce genre de tradition c'est dépassé.
- D'accord...
- Tu peux me dire pourquoi tu veux absolument faire cette potion ?
- Tu peux me dire comment vous comptez raccourcir le temps de préparation ?
- De la magie dont tu ferais mieux d'ignorer l'existence.
- Protéger quelqu'un.
- Tu n'as pas besoin d'autant de potion pour accomplir ce but.
- Tu ne sais pas encore comment j'ai prévu d'agir.

D'Ombre et de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant