D'Ombre et de Lumière

Annexe 3 : Convocation

Septembre 1989, Académie de Beauxbâtons

Les couloirs étaient remplis d'étudiants de toute sorte. Pas seulement des français. L'école était beaucoup moins exclusive que Poudlard, établissement rival. Beauxbâtons accueillait tous les futurs élèves à bras ouverts, quelque soit leur âge. L'école disposait même d'une aile consacrée aux jeunes enfants, accessible dès cinq ans.

- Dis, tu pourrais revenir sur Terre ? Y en a qui attendent.

Ce ton irrité appartenait à Naos, ami d'enfance d'Enaël. Celui-ci sourit et demanda :

- Qu'est ce que j'ai fait ?
- Je corrige. 'Qu'est ce que j'ai encore fait ?' C'est l'énième fois que tu me fais le coup. Ça commence à bien faire.
- Plaît-il ?
- Ne te fiche pas de moi, Delacour, grogna Naos.

Enaël savait parfaitement de quoi son ami parlait.

- Tu révises ta présentation de l'école par cœur, chaque jour, chaque heure. Tu n'arrêtes jamais.
- Mais ce discours est important ! contesta le plus âgé.
- Je corrige : 'Mes parents vont m'assassiner si j'ose daigner me tromper.'
- Ça revient au même.
- Pas faux.

Les deux continuèrent la surveillance des couloirs qui leur avait été assignée.

- Et tu es sûr qu'il n'y a pas moyen de--
- Mes parents sont influents, répondit simplement Enaël.
- C'est ta réponse à tout. Écoute au moins la question.
- Je t'en prie, soupira l'héritier Delacour.
- On n'a aucun moyen de retirer notre assignation ?
- Mes parents sont les plus influents de la région, et--
- Étant donné que c'est eux qui nous ont 'demandé' d'accomplir cette 'honorable' tâche, on ne peut rien changer. D'accord, j'ai compris, déduit le grec.
- Hé, vous deux ! appela une voix autoritaire.

Enaël et Naos échangèrent un regard fatigué, puis se retournèrent :

- Que pouvons-nous faire pour vous, charmante demoiselle en fleur ? s'enquit faussement Naos en saluant l'adolescente qui lui faisait face.
- Le professeur Lupin vous demande, rapporta la grande sœur d'Enaël sans hausser un sourcil.
- À quel sujet ? s'informa le garçon le plus âgé.
- Encore un gamin à sortir de la dépression, j'imagine.
- Une compassion exemplaire se lit dans ta voix, remarqua d'une voix teintée de sarcasme Naos.
- Ça ne me concerne pas.
- Parce que tu crois que c'est à nous d'empêcher des gosses de sauter du toit ?
- Arrêtez, s'il vous plaît. Naos, suis-moi, commanda Enaël.

Le garçon d'origine grecque jeta un regard blasé à la préfète, puis suivit son meilleur ami dans le dédale d'allées menant au bureau du conseiller de l'école.

Enaël leva sa main d'un geste digne, et toqua à la porte boisée, qui s'ouvrit magiquement, laissant apparaître une grande salle au plafond voûté, dans laquelle se tenait un homme à la mine fatiguée. Deux larges bibliothèques se tenaient de chaque côté du bureau, et de temps en temps un ouvrage en sortait et se posait sur un meuble. Le conseiller agita sa baguette sitôt que les élèves furent entrés, et la porte se referma doucement.

- Qu'y-a-t'il, Remus? s'intéressa l'héritier Delacour en marchant vers le bureau.
- C'est au sujet de Marion?

Le conseiller inclina la tête, ne semblant pas savoir comment réagir à la question de Naos.

Son regard se posa ensuite sur le plus âgé, qui haussa les sourcils. Il parla finalement :

- Connaissez-vous Gabriel, en cinquième année ?
- L'allemand qui n'en parle pas un mot ?
- Il est venu en France alors qu'il n'avait qu'un an, ça ne me paraît pas étrange, rappela Enaël.
- Tu as lu toutes les dossiers de chaque élève? T'es vraiment bizarre, commenta Naos.
- Son véritable nom est Leo Potter.

En entendant les mots du conseiller, Enaël écarquilla les yeux tandis que son ami croisait les bras. Ce dernier lança :

- C'est juste une rumeur, une légende, il ne faut pas prendre ça au sérieux.

Remus se tourna vers l'élève se trouvant devant son bureau :

- Ton père me l'a confirmé, Enaël.
- Mon père...? répéta Enaël en croisant les bras.

Ce n'était pas étonnant, son père lui avait toujours caché beaucoup de choses, mais la véritable identité d'un élève... Il baissa le regard et continua :

- Et quel est le lien entre lui et nous?
- Il a été témoin d'un suicide, vous savez bien duquel je parle.
- Bien évidemment, confirma Enaël en acquiesçant avec gravité.
- Vous voulez qu'on fasse du baby-sitting ?

Deux regards sombres se tournèrent vers Naos, qui leva les mains en signe de capitulation. Il suggéra néanmoins :

- Et Fleur, elle s'en fiche de tout ça, non ? Elle pourrait aussi bien s'en charger.
- Ma sœur est déjà occupée...
- À faire quoi, devenir aimable ?
- Je souhaiterais simplement que vous vous assuriez qu'il aille bien, poursuivit Remus.
- Pas d'objection, répondit Enaël en croisant les bras.
- Bien sûr qu'il ne va pas bien avec ce qu'il a vu... On s'en chargera, conclut Naos en fronçant les sourcils.
- Vous pouvez disposer.

Ils sortirent, et Enaël ne put s'empêcher de se demander ce qu'un Potter faisait là. Les rumeurs étaient bien fondées...

Qu'avez-vous pensé de cette troisième annexe ? J'espère qu'elle vous a plus.
J'ai modifié (comme je le fais entre chaque partie) la couverture, qu'en dites-vous ?

On se retrouve dans deux semaines pour la quatrième annexe :)