Annexe 8 : J'étais trop douée apparemment

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Alexandra traversa le laboratoire de sa mère à grandes enjambées et hurla :

- Bah si c'est comme ça, je me barre d'ici !

L'adulte qui s'occupait d'elle semblait trop occupé dans ses recherches pour lui prêter attention. L'adolescente grogna et sortit de la pièce, en claquant bien entendu la porte. Elle grimpa les escaliers et saisit des vêtements chauds, avant de redescendre au rez-de-chaussée et de saisir son balai personnel.


À peine sortie de la maison, elle enfourcha le moyen de locomotion et s'éleva dans les airs. Elle se servit de sa baguette pour améliorer son confort et connaître la direction du Nord, puis partit dans son périple. Elle avait déjà étudié le trajet des dizaines de fois, aux moments où elle envisageait sans jamais y croire de s'exiler aux États-Unis, loin de sa mère folle. Cette fois-ci, ça avait été la fois de trop.


Toronto. Son père adorait cette ville. Les sorciers et les Non-Maj' vivaient les uns avec les autres, il y avait apparemment des super salles de concert -le Cavern Club n'avait qu'à bien se tenir. Et puis c'était loin, et les gens parlaient la même langue. Ça convenait bien à Alexandra.
Une autre raison d'y aller, c'était qu'Alexandra avait peut-être une chance d'y trouver son père. Il lui en avait parlé de nombreuses fois, c'était des souvenirs vivides dans sa tête.


Le trajet fut long, et parfois peu confortable. La distance était conséquente, et les nuages se révélèrent peu accueillants en cette période du réveillon. Lorsque l'Amérique fut en vue, Alexandra laissa échapper un soupir de soulagement et accéléra, pressée de découvrir ce nouvel endroit.
Il neigeait. Comme à Londres, oui, mais quand même. Un sourire illuminait son visage alors qu'elle arrivait en terre inconnue.
Elle arriva assez proche de Toronto, à sa grande surprise, et n'eut pas peur de demander aux passants la direction voulue.
La ville faisait plus moderne que Londres, ce qu'Alexandra apprécia. Elle s'y voyait habiter dans quelques années -enfin, le transplanage allait être sacrément utile si elle parvenait à l'apprendre.
En entrant dans une salle de concert, Alexandra fut rassurée de s'apercevoir que Célestina Moldubec avait épargné cet endroit. Ses ravages étaient encore contenus.

- Tu n'es pas d'ici, toi, lança une fille de son âge à sa droite.
- Comment tu le sais ? s'étonna Alexandra.
- Tu as l'air d'être arrivée ici complètement par hasard, sourit la canadienne. Personne n'entrerait ici par hasard vu celle qui se produit en ce moment-même.
- Qui ça, "elle"? s'intéressa Alexandra avec un sourire d'excuse.
- Miss Bel Accent, je te présente la sensationnelle Envy Adams ! s'exclama la fille en indiquant la scène.
- Connais pas, s'excusa Alexandra. Tu t'appelles comment ?
- Erin, se présenta la fille.
- Et moi Alexandra, fit cette dernière en fixant la chanteuse. Elle envoie !
- Carrément, approuva Erin. D'où est-ce que tu viens ?
- Londres, dévoila Alexandra. Enfin, à côté.
- Ah, alors tu vas à Poudlard ! s'exclama la canadienne.

Alexandra la fixa d'un air interdit, avant de balbutier :

- C-Comment tu sais ça ?
- J'ai connu de nombreux sorciers. Britanniques, américains... Vous avez des choses en commun, comme... ne pas saisir la culture Non-maj' par exemple.
- Et tu vas à quelle école ?

Erin sembla la jauger du regard, et répondit :

- Toute ma famille est allée à Ilvermorny, mais je n'ai pas de pouvoirs magiques.

Alexandra la fixa, embarrassée de sa maladresse, et s'excusa :

- Je n'aurais pas dû--
- Non, tout va bien ! la rassura Erin enjouée. Je vis simplement différemment de vous tous.
- Tu travailles ici ? s'intéressa Alexandra.
- C'est plutôt le contraire, je dirais. Mon patron m'a viré, et je me saoule ici.
- Qu'est-ce qui t'a valu d'être virée ?

Elle entendit à peine le soupir d'Erin, qui finit par lui avouer :

- J'étais trop douée apparemment. Ces tire-au-flanc passaient presque tous les services à faire le strict minimum, ils buvaient à tire-larigot alors j'ai fini par m'énerver et le chef m'a jeté dehors, avec l'approbation de son supérieur.
- Tu es une bosseuse alors, rit Alexandra.
- Oui mais en attendant, une bosseuse sans boulot.

La Londonienne croisa les bras et réfléchit à un moyen de remédier à la situation de sa nouvelle amie. Par le passé, elle se serait simplement plaint, mais maintenant elle cherchait à résoudre ce qui entravait son chemin, ou celui de ceux qu'elle appréciait.
Après une longue réflexion, son regard s'éclaira et elle dit :

- Tu as de la famille en Angleterre ?
- Oui, pourquoi ?
- Tu pourrais peut-être venir à Pré-au-Lard---Tu sais ce que c'est pas vrai ?--- Il y a plein de pubs, tu devrais pouvoir te faire embaucher.
- Tu penses qu'ils m'accepteraient ?
- Si tu es si bosseuse que tu le dis, j'imagine que oui.

Erin acquiesça avec conviction puis changea de sujet :

- Tu ne m'as pas dit ce que tu faisais là. Tu ne devrais pas fêter Noël avec ta famille ?
- Situation compliquée. Ma mère a le nez dans ses recherches et mon père... Ça fait des années qu'il n'est pas revenu.

Elle ignorait qu'en ce moment-même, Dimitrios Bligh, son propre père, franchissait la porte de leur maison.

- Je suis fille unique, et mon père est à un gala. Je peux compatir avec l'idée d'un père absent, glissa Erin avant de se tourner vers la scène.

Elles restèrent un moment ainsi, profitant de l'atmosphère festive, s'étant trouvé une compagnie réconfortante.

D'Ombre et de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant