32) Gallion

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Albus Dumbledore recala ses lunettes en demi-lune sur son nez aquilin, tandis que son regard était concentré sur Harry. Ce dernier avait le regard distrait par la présentation à la fois chargée et simple du bureau du directeur.

Le Directeur rangeait rarement son bureau à la main, sa baguette faisait souvent très bien l'affaire. Bien sûr, lorsqu'il devait ajouter des charmes précis, il n'y avait pas d'autre solution, mais sa condition de sorcier n'empêchait pas Albus de recourir à des méthodes Moldues. Il avait après tout toujours été fasciné par leurs trouvailles parfois ingénieuses. Mais l'heure n'était pas à la contemplation de son bureau. Il commença avec chaleur :

- Je t'ai demandé de venir ici pour m'assurer que tu allais bien. Ta performance à été remarquable aux deux épreuves, parviens-tu à suivre le rythme ?
- Je fais de mon mieux, répondit Harry. J'avais la chance d'avoir un sphinx qui me soutenait.
- La chance, Harry, ne fais pas tout, mais tu as raison, le sphinx a été bien choisi. Tout comme l'hippogriffe, à ce propos.
- Vous voulez dire que les créatures n'ont pas été attribuées au hasard ?
- Aucunement. Tu es le plus jeune, et Buck aurait été pris de jalousie s'il t'avait vu chevaucher un de ses adversaires. Un animal peut avoir sa fierté.

Albus se retint de rire en pensant au cirque qu'aurait pu leur faire Buck s'il avait aperçu Harry voler sur un de ses adversaires. Son élève s'interrogea à haute voix :

- Et les sphinx ?
- Ils devaient tous tirer partie des faiblesses des champions, les pousser à montrer un autre côté de leur personnalité.

Harry entrouvrit la bouche et dit :

- Le sphinx de Fleur la craignait.
- Elle devait le prendre en considération, admit Albus.
- Krum était sur le point de se faire déchiqueter par le sien.
- Il faut parfois admettre son échec. Je me dois d'ajouter que son sphinx avait un tempérament particulièrement... susceptible.

Albus n'était pas désolé. Son sourire affichait une joie voire une satisfaction certaine.

- Cédric... Je sèche. Son sphinx prenait volontairement son temps, et c'est... tout.
- Ton camarade a su prendre sa personnalité en compte. C'est la marque des leaders nés. Tu as une idée pour le tien ?
- Pas vraiment... Il m'aidait beaucoup, sans lui je ne sais pas si j'aurais eu autant de points.
- Et c'est justement là qu'est ta force, Harry. L'humilité est une qualité trop rare, y compris parmi les plus sages.

Harry demeura silencieux, jusqu'à designer un petit objet posé non loin des mains du vieil homme.

- Excusez-moi, mais qu'est-ce que c'est ?
- Ceci est un Gallion modifié. Il a une teinte légèrement différente.
- Et à quoi il vous sert ?
- C'est un outil à la fois pratique et discret pour communiquer avec d'autres détenteurs d'une copie de cet objet.
- Vous ne pouvez pas faire passer ça pour de l'argent ?
- Les gobelins de Gringotts ont des sorts très puissants. Si ce gallion venait à se trouver sur le marché, il perdrait ses charmes de communication.

Harry acquiesça, puis parut hésiter. Le directeur fit un sourire encourageant et demanda :

- Y-a t-il quelque chose dont tu voudrais me parler ?

Son élève fronça les sourcils mais dit avec appréhension :

- Vous ne croyez pas que... Ludo Verpey agit de façon étrange ?
- Qu'entends-tu par là ?
- Il avait l'air satisfait quand la Coupe de Feu a donné le nom des quatre champions. Et hier soir, Leo m'a dit de me méfier de lui !
- Ton frère t'a demandé de faire attention à M. Verpey ? s'intéressa Albus.
- Juste après la deuxième Tâche, précisa Harry. Il a peut-être remarqué quelque chose, mais ce n'est pas ça l'important. Peut-être qu'il est lié aux meurtres de... Vous savez...

D'Ombre et de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant