Chapitre V

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Ça faisait un mois que je suivais l'entrainement. Je me demandais si j'allais pouvoir supporter ça encore cinq longs mois.

Je vous explique : Ma journée débutait aux alentours de quatre heures du matin, en faisant une course avec Melman à travers la ville. Après ce petit échauffement très sympathique, Sniperloic m'imposait un exercice de vitesse. Babii me demandait d'éclater plusieurs tonneaux en bois puis BlueTriox continuait en me tirant dessus et je devais éviter les balles. Il m'avait dit qu'il s'agissait de balles à blanc, mais je n'avais pas confiance... puis il continuait avec des couteaux. Cette manière de le dire ne reflète absolument pas la fatigue que ça engendre.

Surtout pour un paresseux de mon genre. Après seulement ce petit mois, je ressemblais déjà à un mort-vivant...

Je rêvassais quand j'entendis quelqu'un prononcer mon nom.

-Eh ! Hayate ! On y va.

Je fonçai les sourcils, ne voyant pas de quoi il parlait.

-Où ?

Il soupira et se leva.

-Tu n'as toujours pas appris à respecter mes ordres visiblement.

Je pris une mine dépitée.

-Mais je suis fatigué...

Il marcha autour de la table où nous étions installés, prit ma chaise et la leva pour me faire tomber à terre. Je protestai d'un grognement furieux.

Il me regardait avec un air sévère.

-Debout !

Nonchalant, je me levai et le suivis. Je détestais quand il agissait de cette manière. Car oui. Ce n'était pas la première fois.

-Aujourd'hui nous allons escalader la montagne.

Il m'annonça cela de but en blanc, comme si c'était une chose tout à fait banale. Je me risquai à poser une question.

-La montagne, pour quoi faire ?

-Il faut perfectionner ta survie.

Je le regardai avec une sorte de désespoir.

-Donc, nous allons partir dans un endroit que nous ne connaissons pas pour nous perdre volontairement au milieu de nulle part afin savoir si je sais survivre dans des conditions extrêmes ?

Il hocha la tête.

-Ça résume assez bien la situation.

Je commençai à rassembler quelques affaires et quelques vivres, mais il m'en empêcha.

-Nous ne prenons rien à part les vêtements que nous allons porter.

Je sentais que je n'allais pas apprécier du tout. Je mis des chaussures solides et un manteau épais. Puis Melman sortit et je le suivis. Les personnes qu'on rencontrait me dévisageaient
étrangement.

Sûrement à cause du manteau. Je l'espérais du moins... après tout la température était aux alentours de dix-sept degrés Celsius, en ce début février.

Nous marchâmes vers le côté montagneux et forestier de la ville, au sud. Après de longues heures de marche, Melman se stationna à l'orée de la forêt.

-Bon. Si tu réussis cette épreuve avec brio, tu passeras un cap. Ta formation sera plus courte. D'une certaine manière.

Ce n'est pas comme si on me demandait mon choix. J'haussai les épaules. Nous étions entrés dans la forêt, et, sans même nous approcher de l'espace réservé à l'escalade, Melman me demanda de monter un campement. Chose que je n'ai bien évidemment pas réussie, ce qui m'attira soupirs d'exaspération et remarques ironiques. Mais mon mentor se raidit soudainement. Il me fit signe de ne pas faire de bruit et se tourna vers des buissons.

-Que faîtes-vous ici ?

L'homme qui venait de prononcer ces paroles sortit de la végétation.

-Qui êtes-vous ? questionna Melman.

L'inconnu s'impatienta.

-Vous pourriez répondre tout de même.

-Vous aussi.

J'agitai la main entre les deux hommes.

-Du calme ? Monsieur, nous sommes en train de... coupai-je en cherchant la fin de ma phrase.

-De camper, termina le maître d'armes, me sauvant la mise.

J'hochai maladroitement la tête, avec, je pense, une expression profondément stupide sur le visage.

-Oui, voilà nous sommes en train de camper, soulignai-je encore.

Cela me valut un regard noir de la part de Melman. L'homme croisa les bras.

-Hum. Vous campez chez moi.
Mon mentor maugréa de vagues excuses.

-Peut-on au moins savoir qui vous êtes ? Je ne me souviens pas
d'un quelconque habitant dans cette forêt.

-Je me nomme Donoze, fit celui-ci de mauvaise grâce.

Melman sembla réfléchir un instant.

-Mon nom est Melman et voici mon fils Hayate, lâcha-t-il.

Le début d'un rire s'étouffa dans ma gorge. Comment, son fils ?!

-Ai-je dit quelque chose de drôle ? fit Melman.

Je secouai vivement la tête.

-Non, non. Je pensais à quelque...

Je ne pus terminer ma phrase.

Une étrange sensation m'avait parcouru le corps. J'ouvris grand les yeux, sans le vouloir. Je me recroquevillai lentement sur moi-même, puis atteignis le sol et y restai scotché.

Je t'ai retrouvé, fils de ma Maîtresse !

Cette voix glauque me restait dans l'esprit, résonnante, pénétrante, glaçante. Ces mêmes mots revenaient sans cesse en écho.

J'hurlai, comme si je devenais soudainement possédé. Le noir recouvra ma vision. Mes yeux se rouvrirent doucement. Une sorte de migraine me lancinait la tête.

Sonné, je vis Melman assis non loin. Je contemplai le plafond, hébété.

-Enfin conscient, on dirait.

Même en ayant entendu ce que mon mentor disait, je restais silencieux. Je me levai cependant et m'assis au bord du lit.

-Tu as perdu ta langue, aussi ? Intéressant, ironisa-t-il.

-Vous ne pouvez pas comprendre, lâchai-je d'une voix rauque. Vous ne l'avez pas entendue.

Le visage de Melman se décontenança.

-Tu l'as... encore entendue... La voix ?

Il déglutit, et me regarda avec ahurissement lorsque j'acquiesçai.

-Il faut qu'il nous explique. Tu as dormi deux jours, Hayate.

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Un de plus... La suite pour bientôt, en espérant toujours que cela vous plaise, cher lecteur :)

La Reine EdmeraldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant