La Reine Edmeralda

Chapitre IX

Nous étions en train de dormir, quand j'entendis un bruit qui me réveilla aussitôt, suivi par des bruits de pas sur les feuilles.

- Azurion, tu penses aller où comme ça ? fit la voix de Melman, assez lointaine.

J'ouvris les yeux et aperçus Melman se tenir derrière Azurion, l'air interrogateur et agacé.

- Je n'ai pas le droit de me promener ? tenta le savant.

Mon mentor haussa un sourcil.

-Te promener en prenant toutes tes affaires, hein ?

Le scientifique demeura immobile. Je pense qu'il cherchait une excuse valable. Je me levai. Il finit par soupirer.

- Mais... cela ne fait pas partie de mes compétences, le camping... je veux retourner à mes calculs...

- T'es pire qu'Hayate toi... lâcha Melman, moqueur.

- Ah oui, t'es pire que... approuvai-je avant de réaliser. Attends, quoi ?

Mon mentor me jeta un coup d'œil.

- Oui t'as bien entendu ! Quant à toi Azurion, tu vas rester sous la surveillance de Sniperloic.

Ce dernier, qui s'était levé aussi, leva une main et fit simplement :

- OK.

- Je n'ai pas mon mot à dire, n'est-ce pas ? demanda Azurion, dépité.

- T'as tout compris.

•~~~~~~~•

Nous avons parcouru des kilomètres et des kilomètres sur un chemin rocailleux, traversé des fleuves, marché à travers des forêts entières. Autant dire que j'en ai vu de toutes les couleurs. J'aurais aimé dire à voix haute que j'en avais assez de cet entraînement, mais je me retrouverais à porter les équipements les plus lourds.

BlueTriox avait vu juste. Nous avions pris exactement quatorze jours au total pour arriver à l'endroit prévu. C'était un endroit au beau milieu de nulle part. J'avais une légère envie de tuer Azurion. En le torturant, bien sûr. Je le pris par le col et le secouai.

-Il est où ton sage ?! Y a rien ici ! Ne me dis pas qu'on est venus pour rien !

Melman me donna une claque dans le dos. J'étouffai un petit cri et me mis sur le côté en lâchant le savant.

-Mais t'es malade ou quoi ? Tu m'as explosé le dos ! lui hurlai-je, oubliant tout entraînement.

Il me regarda sévèrement.

-Tiens toi mieux !

Je me raidis et retins ma respiration sans le vouloir.

-Désolé, murmurai-je alors.

Azurion déglutit, autant d'inquiétude que de ce qui semblait être de la peur.

-Non. Il est là. Quelque part... souffla-t-il, nerveux.

Le soleil se couchait, et la nuit se montrait petit à petit derrière lui. Inconsciemment, nous avions tous arrêté de faire ce que nous faisions et, de la hauteur où nous étions, nous sommes mis à regarder le coucher de soleil.

- Mieux vaut se reposer un peu avant de commencer à le chercher, fit BlueTriox, qui cassa notre état de contemplation hébétée.

Nous avons tous acquiescé et avons installé le camp dans le creux d'un rocher.

- Je vais voir s'il y a quelque chose à manger par ici... lançai-je pour me faire pardonner.

- Je viens avec toi, ajouta Babii.

- Moi aussi, renchérit Rosette.

Melman, ainsi informé, nous salua et nous souhaita bonne chance. Nous nous éloignâmes du campement, chacun de son côté, à la recherche de quelque chose de comestible, dans ce lieu où nulle âme ne vit.

Après quelques longues minutes de recherches infructueuses, un cri retentit dans toute la vallée. Je tendis l'oreille et reconnut la voix de Babii. Je me dirigeai vers le hurlement tête baissée, sans plus me soucier de ce que j'avais à faire.

Alors que le son n'était plus qu'un écho sourd, je vis qu'une falaise surplombait une crevasse assez profonde pour tuer quelqu'un par chute. Et, suspendue au bord, Babii qui tentait tant bien que mal de remonter. Et BlueTriox, au-dessus d'elle qui essayait de l'attraper pour éviter qu'elle tombe.

- Je.. je crois que je vais lâcher... lâcha-t-elle, paniquée.

- Non ! Tiens bon !

Il se mit au sol pour essayer d'attraper sa seconde main, alors que la première glissait doucement.

- Non.. je.. je n'en peux plus !

Il souffla, visiblement non habitué a ce genre d'exercice, et lui dit, en rougissant :

- Si tu tombes, je tomberais avec toi !

Ils restèrent tous deux silencieux. Je restai comme un abruti à les regarder, au lieu d'aller les aider, fasciné par ce qui se passait.

- Mais, pourquoi ? fit Babii, la gorge nouée.

J'entendis BlueTriox déglutir.

- Parce... parce que je t'aime !

Rosette accourut de derrière moi pour se précipiter vers eux, ayant visiblement elle aussi entendu leur échange.

- Il faut qu'elle soit suspendue au-dessus du vide pour que tu lui dises ça ? lança-t-elle à BlueTriox.

- Rosette tais-toi ! répliquai-je en sortant de ma torpeur.

Le sol était plutôt friable, et le fait que le morceau de terre pendait au-dessus d'une crevasse ne m'inspirait rien de bon. Ma sœur et moi attrapâmes les bras de Babii, pour essayer de les aider. Un homme inconnu vint tranquillement et lui tira le bras, ce qui permit à la jeune femme de faire une pirouette et d'atterrir calmement près de nous.

-Il faut qu'on parte vite d'ici, ça ne va pas tarder à céder, prévint l'homme.

Nous avons aidé BlueTriox à se relever et nous nous sommes précipités vers un endroit plus stable. Le bout de terre où nous étions s'effondra moins d'une seconde plus tard, devant nos regards horrifiés et soulagés. Enfin hors de danger, Babii poussa un gros soupir.

- J'ai cru que ma dernière heure était arrivée ! Impossible de tenir sur ce machin. Il fallait que je glisse, moi.

Elle me releva, Rosette et moi, qui nous étions littéralement jetés par terre.

- Maintenant vous êtes en sécurité, avança l'inconnu.

La jeune femme le regarda chaleureusement, avant de demander :

- Qui dois-je remercier ?

Son interlocuteur sourit et retira un peu de boue du visage de Babii avec un geste délicat.

- Yag.

Elle rit un peu, ravie.

- Eh bien, merci Yag.

BlueTriox lui jeta un regard noir. Il poussa doucement Babii et se mit à sa place pour serrer la main de Yag. Ce dernier lui sourit tout aussi insouciamment. C'est à ce moment précis que décidèrent Melman et Sniperloic d'arriver, alertés. Azurion arriva un peu après, haletant et se penchant pour essayer de reprendre son souffle. Yag se tourna légèrement vers eux, sans voir le savant.

- Au fait, comment êtes-vous arrivés là ?

Ce fut à Babii de répondre avec gaieté :

- Nous faisons une sorte de quête...

Sentant le regard du nouvel homme peser sur Babii, BlueTriox s'éclaircit la gorge avant de lui expliquer la situation, malgré son envie de le trucider.

- Nous cherchons le grand sage ! s'écria naïvement Rosette, coupant les explications.