9- Pique-La-Lune

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Luc introduisit la clé dans la serrure.

Ils entrèrent.


La pièce principale était vaste. Eclairée par une multitude de petites bougies.

On pouvait en compter sur chacun des meubles.

Un buffet vieillot, une table ovale en formica. Un secrétaire ancien...

Même les deux fauteuils en skai n'avaient pas été épargnés.


Des tableaux immenses tapissaient les murs. Ils représentaient différentes scènes du Christ le jour de sa crucifixion. 

Au dessous de chacun d'eux, trois cierges projetaient une lumière blafarde.


Aux trois quarts de la pièce se dressait un imposant rideau de velours noir, soutenu par une lourde tringle en acier.

Pierre se demanda avec curiosité ce qui se cachait derrière ce rideau.

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Luc invita ses trois hôtes à prendre place autour de la table ovale. Il disparut un court instant derrière l'épais rideau, avant de reparaître un Christ à la main.

C'était une véritable pièce d'oeuvre, d'environ quatre-vingts centimètres, entièrement recouvert d'une fine pellicule d'argent. Quelques pierres brillantes scintillaient à l'extrémité de chacune des branches.

"Du toc, à coup sûr!" pensa Alex.


Luc s'assit à son tour. Il déposa religieusement son trophée près de lui, sortit un chiffon de sa poche et entreprit de nettoyer le socle.

-J'ai eu très peur de le perdre, le mois dernier, confessa-t-il. Voyez-vous, j'ai été cambriolé un dimanche matin, pendant l'office religieux.

-Tu n'étais pas chez toi?

-Non. Je me trouvais dans notre belle cathédrale. Comme tous les dimanches.

-Et ils sont rentrés par effraction?

Luc parut hésiter.

-Pas exactement. J'avais malencontreusement oublié de fermer ma porte à clé.

-Voyez-vous ça! Y a pas à dire, tu serras toujours un indécrottable distrait.

-Un "Pique-La-Lune"!

-Mais comprenez-moi. J'avais un trop grand désir d'assister à l'office de Monseigneur Solini. Le Saint Homme. Il a le don de prononcer des sermons ...

-... Aux petits oignons?

-Alex!!!

-Oh,ça va. Je ne mange pas de ce pain là. Mes nourritures sont exclusivement terrestres. Mais continue, je ne voudrais pas interrompre une si émouvante Homélie.

Luc se signa puis pressa son Christ tout contre lui. Il le berçait à présent, comme un enfant.

-A mon retour, j'ai constaté que ma porte était restée ouverte. Heureusement ils n'ont rien emporté, à part un peu d'argent. J'ai cru un instant qu'ils m'avaient dérobé aussi mon Christ. Mais non.

-Du coup tu t'es résolu à acheter une porte blindée, c'est ça?

-Effectivement. Grace à ce verrouillage automatique me voilà rassuré.


Il y eut un silence que Charlène brisa.

-Mais dis-moi, Luc, tu n'étais pas aussi croyant il y a dix ans quand on était ensemble?

C'était la première fois qu'elle prenait part à la conversation. Elle poursuivit.

Je ne me souviens pas t'avoir vu prier une seule fois. Ni même parler du bon dieu.

Il tourna son regard vers elle. Un regard horrifié. Son maquillage outrancier le mettait mal à l'aise. En fait, TOUT l'indisposait en elle. Sa chevelure évanescente, ses ongles orange. Et sa robe... Enfin, ce bout de tissus rouge qui ne cachait que l'essentiel. En plein mois d'avril!

Le fameux dicton sur avril lui vint immédiatement à l'esprit. Il ferma les yeux. Pour chasser cette horrible créature qui se faisait passer pour Charly.

-Ma vocation a été tardive, finit-il par répondre.

Charlène se racla la gorge puis, rapprochant sa chaise au plus près de celle de Luc, murmura d'une voix douce et sensuelle.

-Je vais te faire une confession, Saint Luc, j'adooooore tout ce qui porte une robe. Particulièrement au delà du mur d'Adrien. Mais pour toi je ferai une exception.

Elle se tenait debout, à présent. Posant deux mains caressantes sur les épaules liquéfiées de Luc. Elle se pencha dangereusement, jusqu'à lui effleurer le lobe de  l'oreille droite. Il pouvait sentir ses longs cheveux bouclés dans son cou moite. Et son parfum... Le même que Lucifer et ses orgies. Il le reconnaissait entre mille.

Une main vint s'égarer sur sa cuisse grassouillette. Luc se leva d'un bond. Comme mû par un ressort invisible. Dans sa précipitation, il renversa sa chaise.

-Houlà, Jumbo, du calme. Je vais pas te violer. Si on peux plus plaisanter entre potes...


Charlène revint s'asseoir. Elle lança un clin d'oeil appuyé en direction d'Alex. Quant à Luc, il prit soin de rapprocher son siège de celui de Pierre.

-Ce n'était pas drôle Charly, asséna ce dernier.

-Charlène, si tu permets!  Je voulais juste détendre l'atmosphère, mon chou. On se croirait dans un couvent, ici.

-Un monastère, plutôt, rectifia Luc.

-Si tu veux. Je suis pas lesbienne.


Pierre tapa du poing sur la table. Furieux.

-ça suffit, vous deux. Je vous rappelle que nous sommes ici parce que Jack et Baptiste sont morts et que l'un d'entre nous essaie de nous faire chanter. Ce n'est pas le moment de se comporter comme des gosses!

Il reprit sa respiration.

Un de nous est coupable, c'est certain. Il faut tirer les choses au clair.

Charlène le dévisagea méchamment. Ses yeux lançaient de véritables éclairs de haine.

-Et que proposes-tu, MONSIEUR l'inspecteur!? Après tout, peut-être que l'un de nous a vendu la mèche. Auquel cas le coupable n'est pas ici mais perdu en pleine nature!

-Commençons par raconter nos parcours respectifs depuis dix ans. J'ai besoin de savoir ce que chacun de vous à fait et s'il a divulgué notre secret.

Luc prit la parole à son tour.

-Pierre a raison. Tellement de choses se sont produites dans nos vies... Il dévisageait Charlène.

Si vous le souhaitez, je veux bien commencer.



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 Bon, chapitre pas terrible. J'ai pas réussi à tenir mes personnages. Ils n'en ont fait qu'à leur tête. Ils sont tous partis en "live", surtout Charlène. (Quelle allumeuse, celle-là!   😉 )

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SIX PETITS BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant