17- Baptiste

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Baptiste Delaware se rendit dans son jardin plus tôt qu'à l'accoutumée. Le clocher du village venait de sonner la demie de treize heures.


Il adorait passer ses après-midi dans son "havre de paix" comme il aimait à le définir.

Parmi ses légumes et ses fleurs


Il avait divisé son jardin en trois parties:

- L'aile sud était consacrée au jardinage. Il y cultivait toutes sortes de légumes. En ce mois d'avril, il venait de semer les premiers semis de betteraves rouges. Il affectionnait tout particulièrement cette couleur. 

- Une large allée centrale séparait les ailes est et ouest. Elles étaient réservées aux fleurs et autres plantes.

Baptiste s'était pris de passion pour les fleurs rares qu'il avait découvert sur Internet. Il enrageait parfois contre le climat picard qui l'empêchait de cultiver les espèces les plus délicates. Il envisageait de construire une serre l'année prochaine. Il pourrait ainsi assouvir pleinement sa passion.

- L'aile nord, la plus froide car la moins exposée au soleil, renfermait son cabanon. Son "atelier". L'intérieur était soigneusement rangé. Chaque outils à sa place... Baptiste avait une sainte horreur du désordre.


                                                               *

                                            *                                   *


Il referma précautionneusement le portillon de son jardin derrière lui. Manquerait plus que les chats viennent déterrer ses semis. C'était déjà assez pénible avec les moineaux...

Malgré les deux épouvantails qu'il avait installés.


Il sortit la vieille chaise longue héritée de sa mère. Un vestige du siècle passé en trois parties pliables, au châssis en bois, et à la toile grossière qui menaçait à tout instant de craquer sous son poids.


Il s'en vint la déplier sous son vigoureux grenadier et s'installa face au soleil. La journée s'annonçait magnifique. Suffisamment rare en cette période de l'année pour ne pas en profiter.

Il s'installa sur sa chaise longue, prenant mille précautions pour ne pas passer à travers. Il étendit ses grandes jambes et cligna des yeux devant ce soleil arrogant.


                                                               *

                                          *                                      *


Mais ce jour-là, il ne put dormir. Un sentiment diffus, d'angoisse et de remords l'oppressait depuis deux jours.


Depuis la réception de cette mystérieuse enveloppe marron foncée. Et cette lettre anonyme le traitant de salopard qui allait payer.

Mais payer quoi?

Malgré la douce chaleur, il frissonna.


Non! Ce n'était quand même pas en rapport avec ce qui s'était passé voilà dix ans?!  Il avait totalement occulté ce malheureux "accident". Enfin, le croyait-il jusqu'à avant-hier.


Et puis le début du message : " BANDE DE SALOPARDS ... ", il n'était pas seul concerné. Alex et les autres l'étaient tout autant que lui.

Alex... Le seul avec qui il avait gardé des liens. Avait-il reçu la même lettre que lui? 

Il devait en avoir le coeur net. Il le contacterait ce soir avant que Véra ne rentre du travail.

Cette décision future lui redonna un semblant d'assurance. Il se détendit. Enfin prêt à sombrer dans les bras de Morphée


                                                               *

                                         *                                     *


Il ne prêta pas attention au crissement sur le gravier. Il flottait dans ses rêves, le soleil baignant son visage. Lui, allongé sur sa vieille chaise longue. Sous son grenadier...

Un nouveau crissement. Plus distinct. Plus proche. Cela se pourrait-il qu'un chien ?...  Non, impossible. Il se souvenait parfaitement avoir verrouillé le portillon. Comme tous les jours d'ailleurs.

Mais alors ?! ...



Il se força à ouvrir les yeux. Malgré le soleil plus haut dans le ciel qui l'éblouissait. 

Baptiste eut soudain la certitude d'une présence humaine à ses côtés. Il cligna des yeux, tenta de se redresser... Oui, plus de doutes, quelqu'un se tenait debout face à lui.


Le soleil de face l'empêchait de voir à qui il avait à faire. Soudain la panique le gagna. Il s'en trouva paralysé. Aucun muscle ne répondait. Même son cerveau tournait à vide, incapable de la moindre analyse logique.

En plissant des yeux, il devina un bonnet sur la tête de l'individu. Ou plutôt une cagoule.Oui! une cagoule. Qui lui couvrait l'ensemble du visage. Parfaitement ridicule vu le temps.

Mais pourquoi une cagoule? 

Et cette chose brillante au bout de son bras tendu...  La lame d'un couteau scintillant au soleil? 

Non! Batiste supposait que c'était plus lourd, plus massif.


Une arme! Un revolver pointé sur lui. Le canon tout prêt à présent, qui l'éblouissait. Qui l'obligeait à fermer les yeux.

Et ce bruit...


Le dernier qu'il entendit.


                                                               ¤

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Alexandre déboula dans le bureau de Pierre, sans prévenir.

 Gladys sur ses talons.



-Baptiste est mort !

SIX PETITS BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant