2- Le grenier

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Elle venait de refermer le dernier carton.

Toute la vaisselle était emballée. Elle s'assit un court instant. Afin de récupérer de ses efforts.

Demain, elle attaquerait le premier étage.


Elle regarda autour d'elle.

 Cette cuisine quasiment vide. Tous ces souvenirs...

Elle fondit en larmes.



Plus tard, elle voulut inspecter le grenier. En dix ans elle ne s'y était aventurée que trois fois. Elle redoutait y trouver foule de bibelots parfaitement inutiles.

Il avait la fâcheuse habitude de tout conserver. Tant pis, elle ne garderait rien...

En longeant le couloir de l'étage elle aperçut son fils qui jouait aux soldats de plomb.

Il faudrait bien qu'un de ces jours, elle se décide à lui parler. Elle ne pouvait mentir éternellement. Il commençait à réclamer sa présence.

Trouverait-elle la force nécessaire?...


                                                                            ¤

                                                               ¤                          ¤


Elle gravit la douzaine de marches en bois qui menaient à une trappe. Elle dut s'y reprendre à deux fois pour la faire basculer.

Une odeur de moisi la prit à la gorge.

Effectivement, l'endroit renfermait une multitude d'objets dont elle avait oublié l'existence. Une poussière tenace les recouvrait.

Le plancher en bois craquait sous ses pieds et le petit vasistas instillait une lumière déclinante en cette fin d'après-midi.

Elle reconnut tout au fond le buffet en noyer massif offert par ses parents. Au tout début de leur mariage. Après la location d'un modeste deux pièces. Ce meuble représentait alors l'unique mobilier d'importance. Elle y tenait.

Elle savait que lui également y était très attaché. Elle s'en rapprocha. Tremblante. Une boule dans le fond de la gorge. Ses yeux s'embuèrent.

Non! Pas maintenant...

Elle n'allait pas encore fondre en larmes.

Elle constata que le buffet n'était pas poussiéreux. On aurait pu croire qu'il avait été nettoyé récemment.Mais cela était impossible...

Elle caressa les sculptures grossières des portes du haut. Celles qu'elle n'arrivait jamais à atteindre lorsqu'elle était enfant.

Et puis ces deux tiroirs plantés au milieu. On y rangeait les ustensiles de cuisine d'un côté, les lettres, cartes postales, photos,...  de l'autre.

Elle ressentit un besoin irrépressible de les regarder. Une dernière fois. Même si ça devait lui faire mal.

Elle s'assit sur le rebord miteux d'un vieux fauteuil. Non sans avoir au préalable dispersé la poussière d'un revers de manche.

La pile de photos jaunies sur les genoux, elle se laissa porter au gré des clichés.

Elle se revit tous les deux à Venise, sur une gondole, faisant les pitres à côté d'un condottiere imperturbable.

Où celle en train d'escalader les marches du Colisée, en plein Rome.

Les sourires, les baisers... Le bonheur d'être deux.

Puis bientôt trois.


Elle ne put retenir ses larmes davantage. Des larmes de douleur. De désespoir. D'un monde à jamais disparu. Elle se força à les regarder. Toutes. Jusqu'à la dernière. Celle où on le voyait lui et son groupe de rock. C'était juste avant qu'il ne se rencontrent.

Elle sécha ses larmes. Il fallait qu'elle soit  présentable quand elle redescendrait.


Elle s'apprêtait à remettre le tout dans le deuxième tiroir lorsque son regard fut attiré par une petite boîte métallique en fer blanc. Son couvercle était tenu par un ruban bleu terminé par une ganse.

Elle sortit la boîte. Dénoua la ganse. Se trouvaient à l'intérieur, deux petites enveloppes blanches.

Elle décacheta la première.

Elle contenait deux réservations pour un week-end prolongé dans un Palace cinq étoiles à Deauville.

Sur la deuxième enveloppe, ces simples mots. Ecrits à la main.


                                                                                  "A mon amour

                                                                                   Viens avec moi" 


Elle reconnut son écriture.

 Elle retourna l'enveloppe et en sortit la lettre qui s'y trouvait.

Elle lut...

SIX PETITS BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant