2- Mon ange [2]

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"Je n'aurai pas le temps de pleurer. Non. Je n'aurai pas le temps.Il faut aider maman."

Elle abandonna à regret son observatoire. Le rebord de fenêtre près duquel elle aimait tant se réfugier.


"Tout d'abord, éteindre le téléviseur dans le salon. Ensuite, faire réchauffer la soupe de vermicelles dans la grande casserole en fonte. Enfin, ne pas oublier les compresses de linge froides dans le frigidaire."

"La dernière fois, j'ai tout renversé dans ma précipitation. Maman n'était pas contente.

 Pauvre maman!"


Le mobilier du salon se composait uniquement de deux fauteuils miteux, d'une table basse et d'un poste de télévision posé sur un socle.

Angie se saisit de la télécommande et appuya sur la touche "OFF".

Maman disait toujours que ça faisait une personne de plus dans la maison. Mais Angie savait quelle personne elle aurait souhaité à ses côtés. Quelqu'un qui lui manquait. Quelqu'un qu'elle aurait tellement aimé connaître.

Mais maman n'en parlait jamais. Aucune allusion. 

Pourtant, elle avait découvert un jour, une photographie en noir et blanc. Sous une pile de linge.

Un homme imposant, à la fine moustache. Le cheveux court. Impeccablement mis, dans son uniforme militaire.

Depuis, elle rêvait secrètement à lui. De ce qu'aurait pu être leur vie à tous les trois. Le bonheur simple d'une famille unie.


                                                                              *

                                                            *                              *


Elle traversa la salle à manger tout en longueur. En prenant soin de ne pas heurter  les meubles.

Elle pénétra dans la cuisine. Elle tourna le bouton du four micro-ondes, déposa un plateau sur la table, puis sortit une pile de serviettes glacées du frigo.


Elle grimpait, à présent, les escaliers avec infiniment de précaution. Arrivée à l'étage, Angie déposa son chargement sur un guéridon. Elle gratta ensuite à l'une des portes.


Aucun son ne lui parvint.

Elle réitéra l'opération un peu plus fort. Devant le silence persistant, elle se résolu à entrer.

La pièce était plongée dans le noir. Une atmosphère lourde régnait à l'intérieur.

"Suffocante", pensa Angie.

Une respiration régulière parvenait à ses oreilles. La petite fille avança à taton jusqu'à la table de chevet. Elle connaissait suffisamment les lieux pour ne pas se cogner aux objets.

Elle alluma la lampe. Un faible rayon lumineux éclaira la chambre.

Cela suffit pour réveiller sa mère et lui arracher une plainte.

Elle lui déposa un baiser sur la joue.

-Reste calme maman.

Angie retira le cataplasme de linge du front de sa mère pour le remplacer presque aussitôt par l'une des serviettes froides du réfrigérateur.

SIX PETITS BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant