𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟒

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De longues heures s'étaient écoulées depuis que la jeune fille avait fait cette rencontre inattendue. Ce petit enfant qu'elle tenait au creux de ses bras était à présent bien calme et s'endormait de temps en temps, bercé par la chaleur et la douceur de Jaessa ainsi que par sa voix. Elle s'essayait même au chant lorsque le nourrisson recommençait à s'agiter. Sa douce voix murmurait des berceuses que sa mère lui avait jadis chanté. Les paroles avaient disparues dans les limbes de sa mémoire mais la mélodie était restée intacte.

Quel genre d'horrible individu pourrait laisser un être aussi fragile sans la moindre surveillance ? Elle n'était pas sans ignorer que Hux était un monstre sans cœur mais abandonner un enfant à son sort toute une journée était au delà de la monstruosité... C'était un acte inhumain et cruel, sa haine envers Hux, déjà bien ancrée, venait de franchir un autre stade : jamais elle ne pourrait comprendre ou même pardonner.

À la tombée de la nuit le directeur de l'académie retournait dans ses appartements et sa surprise fût de taille lorsqu'il aperçu son bâtard de fils dans les bras d'une jeune esclave. La porte se renfermait en produisant un son presque inaudible tandis que ce dernier avançait vers Jaessa. La jeune fille avait prit soin de déposer Armitage dans son berceau, prête à confronter cet être abject.

Je ne m'attendais pas à revoir un visage familier, surtout pas dans mes quartiers.

Je ne serais pas venue si je n'avais pas été alertée par les pleurs de ce pauvre enfant.

Et si vous vous mêliez de vos affaires, esclave ?

Elle ne s'y attendait pas, il n'avait pas haussé la voix, il était resté parfaitement calme. Pourtant la gifle était partie toute seule et avec une violence telle que la jeune adolescente avait titubé, s'était rattrapé contre le matelas pour ne pas tomber à terre. Pendant qu'elle retrouvait ses esprits Brendol s'avançait, menaçant, la dominant de sa hauteur alors que son visage trahissait sa colère. Elle avait eu l'audace de poser ses mains d'esclave sur son héritier. Il froissait le col de son vêtement entre ses doigts pour la forcer à se relever, serrant si fort sa poigne que Jaessa sentit le tissu meurtrir la peau fine de son cou.

Je devrais vous abattre sur le champ... Chuchotait-il d'une voix doucereuse et menaçante à la fois.

Se trouver de nouveau face à l'officier qui avait abusé d'elle quelques mois plus tôt, était une souffrance aussi bien psychologique que physique. Elle tremblait devant lui. Ses jambes ne la supporteraient plus si jamais Brendol décidait de relâcher son emprise. Il observait la jeune fille d'un regard méprisant, elle baissait les yeux alors qu'une larme s'échappait de son œil gauche. Elle voulait qu'il la relâche, qu'il cesse de la regarder. Dans un élan de courage elle parvint à murmurer d'une voix tremblante.

Pourquoi ce bébé était-il sans surveillance ? Je ne comprends pas...

J'ai des choses bien plus importantes à faire que de m'occuper de ça, répliqua-il en désignant le berceau d'un vague signe de tête alors qu'il relâchait Jaessa en la poussant pour qu'elle tombe assise au bord du lit.

— Laissez-moi prendre soin de lui dans ce cas...Je vous en supplie, il ne peut pas rester tout seul... Il est si petit. Répondit-elle après avoir lâché un hoquet de surprise.

Brendol Hux fût d'abord étonné par cette demande et n'y répondit pas. Il s'approchait doucement du berceau dans lequel son fils reposait pour lui jeter un regard teinté d'indifférence et d'une certaine répulsion... Comment un être aussi chétif pourrait devenir son digne successeur ? Était-ce tout ce qu'il pouvait offrir à l'Empire ?

Fort bien, mais je reste le seul chargé de son éducation. Vous ne serez là que pour le surveiller et tout ce qu'implique de s'occuper d'un enfant. Ni plus ni moins.

La jeune fille peinait à croire ce qu'elle venait d'entendre et pourtant c'était bien la vérité. Il avait donné son accord, le bébé était sauvé. Malgré toute la révulsion qu'elle avait à son égard elle pencha doucement la tête en avant en signe de respect et de soumission avant de déclarer.

Merci infiniment, Monsieur...

Elle n'appréciait pas de rester dans cet endroit, elle y avait déjà été retenue contre son gré pendant plusieurs heures alors plus vite elle quitterait les lieux mieux elle se sentirait. Mais elle ne voulait pas laisser ce bébé ici, qui sait ce que son père était capable de faire si jamais le petit se réveillait cette nuit en pleurant.

— Je ne veux pas être dérangé ce soir, j'ai encore du travail. Prenez-le avec vous et installez-vous dans les appartements à côté des miens. Considérez vous chanceuse, vous n'auriez jamais eu accès à ce luxe sans moi. Maintenant filez d'ici en vitesse.

Je vous remercie, monsieur.

Elle n'attendit pas qu'on lui dise deux fois de partir. Elle fit rouler alors le berceau avec le petit endormi à l'intérieur jusqu'aux appartements indiqués par Brendol, tout en tâchant de se faire la plus discrète possible. Elle n'aimait pas sentir les regards se retourner sur son passage, le poids des pensées vicieuses de ces officiers impériaux semblaient alourdir ses frêles épaules. Jaessa était ce genre de jeune fille à la beauté naturelle, ses grands yeux noisette semblaient pétiller à chaque fois qu'elle posait son regard quelque part, ses pommettes étaient joufflues en raison de son jeune âge et étaient souvent couvertes de rouge. Sa peau était très réactive au temps et aux émotions. Ses lèvres n'étaient ni pulpeuses ni trop fines mais un parfait compromis entre les deux et son teint était aussi pâle que la neige d'Arkanis.

Heureusement pour elle la nuit était déjà bien avancée et elle pu parcourir les quelques mètres sans encombres, sans croiser le moindre officier. Après avoir ouvert la porte elle se dirigeait, toujours en poussant le berceau, a l'intérieur des appartements pour prendre tranquillement ses marques. Elle installa l'enfant près du lit dans lequel elle dormirait. Elle s'assit au bord du matelas en poussant un soupir de soulagement, avec un peu de chance elle serait tranquille ici.

D'un geste tendre elle avançait sa main pour aller effleurer la joue de l'enfant du bout de ses doigts fins, elle le trouvait adorable. Il avait l'air si paisible lorsqu'il était assoupi, inconscient de la réalité du monde des adultes, ignorant que son père n'en avait rien à faire de lui... Cette pensée déchirait le cœur de Jaessa qui ne pu s'empêcher de verser une larme de tristesse. Aucun enfant ne méritait d'être à ce point mésestimé par son père mais que pouvait-elle bien faire ? Elle estimait avoir prit un risque énorme en demandant à Hux de prendre en charge la surveillance de son fils. Jamais elle n'oserait lui dire quoi que ce soit de plus.

Elle poussait un profond soupir désespéré puis se rendit compte d'une chose : elle ignorait totalement le prénom de ce bébé dont elle était censée s'occuper. Elle se sentit soudainement abattue et complétement idiote, cependant elle savait que si elle dérangeait Hux maintenant elle risquait de s'attirer les foudres de l'officier. Elle l'observait longuement d'un regard tendre en caressant sa petite joue ronde. Elle murmura d'une voix caressante et tendre.

J'imagine que nous allons attendre demain pour connaître ton prénom, petit ange.

Pour toute réponse elle ne perçue que le bruit lent et apaisé de sa respiration. Le bébé était plongé dans un sommeil profond et il était temps pour Jaessa qu'elle se couche aussi. Elle se pencha sur le berceau du nourrisson, déposa un baiser sur son front et chuchota :

Bonne nuit bel enfant.

La journée avait été une véritable épreuve.

A.H a star wars story ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant