Chapitre 2

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Quand j'étais enfant, j'adorais les princesses. Le soir, en attendant que mon père rentre à la maison, Isabelle, ma nourrice, me laissait toujours regarder un film Disney.  La Belle au bois dormant était mon préféré. Quand j'étais enfant, je croyais au prince charmant.


De retour au travail le lundi matin, je retrouve Patrick dans son bureau et commence par lui faire le compte-rendu de la journée de samedi.

-Il souhaite emprunter le dossier Falco, dis-je pour finir.

-Pourquoi a-t-il absolument besoin de consulter ce dossier ?

-Il veut le consulter pour les statistiques qu'il contient. Le programme de Macron n'est pas encore connu mais le sujet Falco fait surement partie de ceux qu'il souhaite approfondir, tout comme toi.

-Et si je ne veux pas lui remettre ce dossier ?, s'entête-t-il.

-Il est techniquement de consultation publique, nous aurions déjà dû le rendre à la commission il y a plus d'une semaine. Il a utilisé le terme « emprunter » mais il a en réalité tous les droits de le réclamer.

-Bien bien. Tu n'as qu'à lui envoyer.

-En fait... il a proposé d'organiser une rencontre. Il souhaite s'entretenir avec toi, étant donné que tu as travaillé sur ce projet lorsque tu étais encore au gouvernement.

-Et quoi d'autre encore ? Il va bientôt me proposer de rejoindre son mouvement.

-Je ne pense pas qu'il ait d'arrière-pensées.

-Tu es bien naïve !

Je ne rétorque pas car je suis consciente que c'est un des mes défauts. Il réajuste ses lunettes, soupire et se penche un moment sur la masse de documents posée sur son bureau. J'attends patiemment, je sais qu'il est entrain de réfléchir à la proposition. Il relève lentement la tête.

-Dois-je arranger une date de rencontre ?, m'avançai-je.

-Oui, fais-le. Ce serait vu comme impoli de refuser.

-Je m'en occupe tout de suite.

Je quitte la pièce pour aller m'asseoir derrière ma table de travail, située dans l'open-space non loin du bureau de Patrick. Je trouve rapidement le numéro du QG d'Emmanuel Macron. Je tombe sur une femme qui s'occupe de faire les transmissions. Je me présente et explique ma requête. Elle me passe le responsable de l'agenda de monsieur Macron.

-Laurent Bonnet à l'appareil, en quoi puis-je vous aider ?

-Je téléphone de la part de monsieur Minerve suite à la proposition de rencontre de monsieur Macron. Serait-il possible de convenir d'une date avec vous ?

-Un instant je vous prie.

Pendant quelques secondes, je n'entends plus de bruits, comme si la personne avait mis sa main sur le micro. Puis une voix refait surface.

-Je viens de confirmer avec lui. Je vérifie le planning. Ce jeudi conviendrait-il à monsieur Minerve ?

-Pouvez-vous me préciser une heure s'il vous plait ? Je vois ici que l'après-midi est déjà complète malheureusement.

-Midi. Nous nous chargeons de réserver une table dans le centre de Paris.

-Un restaurant donc ?

-Oui, cela pose-t-il problème ?

-Non c'est parfait. Jeudi à 12h. C'est noté. Pourriez-vous m'envoyer l'adresse à ce numéro ?

-Ce sera fait.

-Je vous remercie.

-Une très bonne journée à vous. Au revoir.

-Egalement. Au revoir.

Je ne vais pas voir Patrick tout de suite. Je ne pense pas qu'il s'imagine échanger un repas avec celui qu'il considère déjà comme son adversaire. Quand je reçois l'adresse du restaurant, je me décide finalement à aller lui annoncer. Comme je m'y attendais, il est loin d'être enchanté et n'a pas manqué de me le faire savoir. De toute façon, il est trop tard pour faire machine arrière. De retour derrière mon écran, je tape le nom du restaurant dans la barre de recherche. C'est un petit bistro chic, la carte est alléchante. Au moins, à défaut de s'entendre, ils partageront un bon repas.

Une deuxième chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant