Chapitre 15

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Le lendemain soir, aux alentours de 20h, j'entends quelqu'un frapper. Je regarde à travers le judas pour voir qui se trouve derrière la porte. C'est bien lui. Je lui ouvre et le fait entrer dans mon appartement. On ne s'est pas parlé de la journée.

-Bonsoir, ça va ? Ta journée s'est bien passée?, demandai-je.

-Bonsoir, oui merci. Et toi, mieux qu'hier ? Tu ne souffres pas trop? Est-ce que tu es sortie ?

-Je m'en sors avec quelques bleus. J'ai pris des antidouleurs.

Il fait une drôle de tête.

-Et oui j'ai fait comme on en avait discuté hier soir, dis-je. J'ai envoyé un mail au directeur de campagne pour l'informer. J'ai ensuite été déposer une lettre recommandée au secrétariat, en m'assurant d'abord qu'il n'était pas présent sur les lieux comme je te l'avais promis.

Je surprends son regard qui se porte sur le bouquet de fleurs trônant sur la table basse du salon. Son visage se ferme.

-Il est venu ici ?, me demande-t-il sur un ton empreint de gravité.

-Non, c'est un livreur qui me les a apportées. Je ne lui aurais jamais ouvert la porte, je ne veux plus le revoir, je te l'ai dit hier. Cependant, elles sont bien de lui. Il y avait une carte signée de son nom à l'intérieur.

Ses yeux interrogateurs se posent sur moi.

-J'ai jeté la carte mais je me répugne à me débarrasser de ces pauvres fleurs qui n'ont rien demandé. J'adore les fleurs, ajoutai-je en souriant malgré moi.

Il s'approche de moi. Moi aussi j'ai envie de me rapprocher de lui.

-Oui, elles sont magnifiques, admet-il.

- Il essaie de se faire pardonner, mais ça ne marche plus. Cette fois-ci, j'ai des atouts entre mes mains que je suis en mesure d'utiliser.

Depuis ce matin, je tente de me persuader que tout ira bien, qu'il va accepter mes conditions et que bientôt tout cela sera derrière moi. Mais au fond j'ai peur, peur qu'il revienne vers moi, ou pire qu'il s'attaque à moi d'une quelconque façon. Je ne peux m'empêcher d'imaginer les ragots qu'il pourrait colporter sur mon compte suite à ma démission. Je me retrouve aujourd'hui sans travail. Ceux qui ne savent rien de ce qui s'est passé doivent se demander pourquoi j'ai quitté le navire en pleine tempête. C'est pour cette raison que je ne peux pas me laisser faire sans rien dire.

-Je suis content de t'entendre dire ça, déclare-t-il.

J'entraperçois à nouveau un mince sourire éclairer son visage.

-Il a aussi essayé de me joindre à plusieurs reprises. J'ai pensé à quelque chose pour qu'il me laisse tranquille, je voulais t'en parler.

-Dis-moi. Parce que s'il continue, j'appelle la police pour harcèlement.

-Ça ne devrait pas être nécessaire. Je pensais lui répondre une fois pour toutes, lui dire que j'ai l'intention de porter plainte et que s'il s'avise de s'en prendre à moi d'une manière ou d'une autre je révélerai tout à la presse.

-Tu as dit hier que tu ne voulais pas être exposée.

-Oui mais ça il ne le sait pas.

-Donc tu vas porter plainte ?

-Oui. J'ai eu le temps de réfléchir depuis hier soir. Même s'il s'en sort avec une simple amende ce sera inscrit dans son casier judiciaire. Alors qu'en penses-tu ? Est-ce que ce n'est pas un peu du chantage ?

Une deuxième chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant