Chapitre 9

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C'est ainsi que je me retrouve aux alentours de 16h devant une petite boulangerie-pâtisserie, à quelques pas du Louvres. J'appréhende de le retrouver devant moi. Par téléphone ou par sms, on ne peut qu'imaginer les réactions de l'autre. Je pense qu'Emmanuel en est conscient et que c'est la raison pour laquelle il souhaite me parler en face à face. J'entre dans la boutique, il n'y a pas grand monde. Une serveuse d'un certain âge, le chignon serré, m'accoste.

-Bonjour, vous désirez consommer sur place ou ce sera à emporter ?

-Bonjour, sur place, en fait je dois retrouver quelqu'un.

-Cela doit être vous, sans aucun doute, dit-elle de manière assurée. Vous aviez rendez-vous avec Monsieur à 16h c'est bien ça ?

Je suis surprise par sa question.

-Oui c'est exact, répondis-je.

-Il vous attend. Je vous ai installé une table là-bas au fond pour que vous soyez tranquilles.

Je la suis. En effet, il est assis non loin, dos à l'entrée, ce qui explique pourquoi je ne l'ai pas remarqué à mon arrivée. Quand je croise son regard je réalise que je serai bien incapable de lui mentir.

-Bonjour, dis-je doucement.

-Bonjour.

Nous sommes tous les deux sur la réserve.

-Je vous sers quelque chose, un café, une petite douceur ?, me demande la serveuse.

-Juste un thé à la menthe s'il vous plait.

Lorsqu'elle repart, je questionne Emmanuel.

-Tu connais cette femme ?

-Pas personnellement mais j'ai mes habitudes ici. Leurs pâtisseries sont délicieuses.

Les restes de ce qui devait être un éclair au chocolat, posés à côté de sa tasse de café, semblent confirmer ses dires. Il suit mon regard.

-Désolé je ne t'ai pas attendue, je suis venu plus tôt et j'en ai profité pour passer quelques coups de fils.

-Aucun problème.

-Le programme est chargé ces jours-ci, je ne vois pas le temps passer.

-C'est pareil chez nous. Tu as du entendre parler de l'article qui est sorti ce lundi ?

-Je ne l'ai pas lu mais on m'en a parlé, oui. C'est le lot de tous les candidats.

Quelques instants plus tard, les sujets de base ayant été passés en revue, je sens qu'il est temps d'aborder le motif de notre rencontre. Rien ne sert de tourner autour du pot. Je décide de me lancer la première.

-Je n'avais pas l'intention de venir te voir à ton dernier meeting. C'est Cécilia qui a planifié cela derrière mon dos. Elle avait besoin de quelqu'un pour l'accompagner.

J'ai conscience que j'exagère un peu sur les mots.

-Qui est Cécilia ?

-Ma cousine. On est très proches.

-Elle t'a forcée à venir ?, demande-il sceptique.

-Pas vraiment. J'avais plus ou moins deviné ce qu'elle avait en tête.

-Tu n'as pas refusé.

-Non, la curiosité l'a emporté.

Après un moment de silence pesant, il reprend la conversation.

-Tu en as pensé quoi ?

-Du meeting ?

-Oui, ton avis m'intéresse. 

Une deuxième chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant