Chapitre 12

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Je suis devant la porte du bureau de Patrick, ma lettre de démission à la main. J'ai frappé tant de fois à cette porte mais là, tout d'un coup, j'hésite. C'est le temps de midi et la plupart des collaborateurs sont sortis. Si quelqu'un passe à ce moment précis, il ou elle risque certainement de se demander ce que je fais plantée là. Je me lance et entre. Il est au téléphone, avachi sur sa chaise de bureau, un verre de ce qui ressemble fortement à de l'alcool à la main. C'est mauvais signe. Je referme la porte derrière moi et j'attends.

- Oui, je ne te l'fais pas dire, dit-il, s'adressant à la personne à l'autre bout du fil.

Il me fait un signe pour que je lui apporte ce que je tiens en main. Je lui tends ma lettre. Il parcourt rapidement le document des yeux.

-Je te rappelle.

Il coupe le téléphone et le repose brusquement sur la table. Il ne me regarde pas, relit une deuxième fois la lettre. Je suis comme paralysée.

-Tu ne peux pas me faire ça, pas maintenant.

-Ça ne marche plus entre nous. Ça n'a jamais marché. Je ne peux plus continuer à travailler pour toi.

Il se lève et s'approche à grands pas dans ma direction.

-Alors si je comprends bien il ne s'agit pas que d'une simple démission. On parle aussi de toi et moi là ?

-Oui, affirmai-je.

Je lève la tête bien haute pour montrer ma détermination mais au fond je commence à regretter d'être venue ici. Je reconnais les signes précurseurs de son énervement.

-Est-ce que tu as pensé aux conséquences ? Et que va penser ton père ? Lui qui était si content de te savoir avec un homme comme moi.

Il élève la voix, ce qui ne présage rien de bon. Je devrais m'en aller sur le champ.

Il m'attrape le poignet.

-Lâche-moi, ne me touche pas, m'exclamai-je.

-Qui est-ce qui t'as mis une idée pareille dans la tête ? Hein ??

-Personne. Laisse-moi partir ou je crie.

J'aurais du crier.

Il me pousse violemment en arrière. Je sens ma tête cogner contre le mur. J'ai à peine le temps de reprendre mes esprits que déjà il plaque une main sur ma bouche. Il m'écrase les bras tellement fort que je n'arrive pas à me dégager. Ses jambes bloquent les miennes. Du haut de mon mètre soixante-cinq, je n'en mène pas large. Il est trop grand et trop imposant. J'essaie de mordre sa main sans succès. J'ai peur et je ne sais pas de quoi il est capable. Pourquoi personne ne me vient en aide ? Et là je sens le premier coup. D'abord dans mon ventre, j'en ai le souffle coupé. Puis dans mon flanc, une fois, deux fois, trois fois, la douleur irradie mes côtes. Enfin cela cesse, je m'effondre au sol et tente de reprendre ma respiration non sans difficultés. Je relève la tête vers lui. Il semble réaliser ce qu'il vient de faire sous le coup de la colère.

-Je suis désolé Maria mais il n'est pas question que tu t'en ailles, lâche-t-il comme une excuse.

Mais rien ne peut excuser ce genre de comportement. Est-ce qu'il est devenu fou ? Il va se rasseoir comme si de rien n'était. Je me relève péniblement et fonce vers la porte. Il ne bouge pas.

-Maria ! Ne t'avise pas de raconter ce qui vient de se passer à qui que ce soit, tu m'entends ?

Une deuxième chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant