Chapitre Final

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Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le hall, et je sors immédiatement de mes pensées. L'endroit est complètement vide. Je traverse le hall en quelques pas, là où j'avais mit beaucoup de temps pour me frayer un chemin auparavant. Je pousse non sans efforts la grande porte. L'extérieur est tout aussi abandonné. On dirait que toutes les forces de la BAR se sont réunies au Grand Palais. L'horizon commence à se teinter d'orange : j'ai encore quelques heures devant moi. Tant mieux, je dois faire quelque chose avant de rejoindre le lieu de l'exécution. Puis ce sera un grand affrontement entre la BAR – ou plutôt les Templiers – et les Assassins.

Le jour s'est levé et la pluie s'est installée sur Paris tandis que j'approche du Grand Palais. Les Chefs des Assassins sont réunis, en civil, et scrutent les passants qui entre à l'intérieur du bâtiment. L'un d'eux m'aperçoit finalement et s'approche de moi.

-Quelles sont les nouvelles ?

-J'ai réussi à entrer, mais ils l'avaient déjà emmenée. Les gardes avaient complètement disparus des cachots lorsque je suis ressorti.

-Alors ils sont tous ici, conclut-il.

-Mais nous aussi, dit un autre. Nous attendons tous vos ordres.

-Attendez mon signal pour agir. Il faut un maximum d'Assassins pour affronter la BAR, mais certains doivent aider les civils sans se faire démasquer.

-Compris, Grand Maître. Quel est le signal ?

Je réfléchis quelques secondes avant de leur dire. Puis je me détourne et entre dans le Grand Palais, tandis qu'ils s'affairent à transmettre mes ordres à tous les Assassins. Ils n'ont que quelques minutes pour s'organiser. Et dans quelques minutes, nous saurons lequel des deux Ordres s'en sortira. La voix de David résonne dans ma tête, lointaine.

« Je te conseille de bien observer l'issue de cette bataille. Elle nous montrera qui, des Assassins ou des Templiers, est capable de sauver le peuple. »

La foule attend impatiemment, séparée de l'étage par des barrières et un no man's land où patrouillent quelques gardes de la BAR. Les autres sont sûrement mêlés à la foule, tout comme moi, et je suis pratiquement sûr qu'ils m'ont déjà repéré. Mais j'avance en repoussant doucement les gens qui ne prennent même pas la peine de me regarder. Ils ont tous les yeux rivés sur l'étage. Je finis par suivre leur regard et me stoppe immédiatement sur place.

Une petite estrade a été aménagée à la va-vite pour qu'Élise soit bien visible de tous. Elle est là, dans une tenue de prisonnière en lambeaux, les mains menottées devant elle. Et à côté d'elle se trouve Reynald. Mon sang bouillonne instantanément, mais je dois me contenir. Il est en train de prononcer un discours accusant Élise de haute trahison et de collaboration avec des terroristes. Son horrible voix résonne dans mes oreilles. Je baisse la tête et regarde droit devant moi en avançant jusqu'aux barrières. Certains, autour de moi, ont commencé à crier des insultes à Élise. Je ferme les yeux, respire lentement. Je prends une grande inspiration, la garde quelques secondes, puis expire bruyamment en ouvrant les yeux. Il est temps.

Je saute par-dessus la barrière. Aussitôt, le silence se fait. Puis un garde hurle quelque chose d'incompréhensible. Je dégaine vite mes armes et les plantes dans son torse. Tandis que je retire les lames désormais imprégnées de sang, trois autres soldats foncent vers moi. Mais je continue d'avancer. J'esquive le premier sans difficulté, tranche la gorge du second et taillade le ventre du dernier. Dans le même geste, je tire mon grappin dans la jambe du premier et tire d'un coup sec. Il s'écrase violemment sur le sol dans un craquement sinistre. Un quatrième soldat arrive vers moi, il appartient à l'unité d'élite. Je saute, tire à nouveau mon grappin sur la rambarde de l'étage, et saute sur les épaules de l'homme pour me donner de l'élan. Je passe par-dessus la rambarde et évalue rapidement la situation : je suis entouré de deux soldats de la BAR de chaque côté, Élise est juste devant moi et Reynald a – étrangement – disparu. Je fonce vers Élise qui me tend tout de suite ses poignets. Je brise les chaînes d'un coup, lui donne une épée et me retourne pour faire face à la foule de soldats. Je lève le bras et hurle aussi fort que possible :

-Pour la Justice !

Aussitôt, dix, vingt, trente Assassins surgissent de la foule en sautant par-dessus les barrières. Ils prennent à revers un bon nombre de soldats avant que les autres aient le temps de réagir. Je fais signe à Élise de fuir avant de sauter sur un soldat en contrebas, trop occupé par l'arrivée des nouveaux Assassin. Je me relève à temps pour voir un autre soldat foncer vers moi. Une détonation retentit, puis il s'écroule. D'autres déflagrations suivent bientôt. Les Assassins surgissent de toutes parts, armes blanches ou pistolets à la main. L'un d'eux vise les soldats d'élite avec un fusil à pompe. C'est la mêlée générale mais, du coin de l'œil, je peux voir que quelques-uns font sortir les civils. Bien, je peux concentrer sur les combats.

Un soldat s'approche d'un Assassin à terre, manifestement blessé, mais je plante mon épée dans son dos et il s'écroule dans une mare de sang. Puis je fais un tour sur moi-même pour éventrer un autre soldat qui fonçait sur moi. Un autre Assassin parvient à attraper un soldat d'élite et attend que son ami aille lui trancher la gorge. Mais un soldat vient l'abattre. Très vite, je plante ma lame dans le soldat d'élite et tire mon grappin dans la tête de l'autre. L'Assassin me remercie et je place une main sur son épaule en signe de compassion pour sa perte. Des hurlements retentissent dans mes oreilles, amplifiés par l'écho du lieu. Une voix, plus forte que les autres, retentit vers les escaliers. Elle semble m'appeler. Je me retourne et sourit intérieurement.

David. Le voilà enfin.

Je me hisse à nouveau à l'étage et attend patiemment le Templier. Il arrive en face de moi sur l'estrade et s'incline sans prononcer un mot. Je fais de même, sans le quitter des yeux. Je m'attends à ce qu'il utilise ses doubles lames, mais non, il ne sort qu'une épée et met l'autre main dans son dos. Mais je sais que cela ne signifie pas qu'il ne se battra pas sérieusement. Nous décrivons lentement un demi-cercle, puis il charge.

Je l'esquive facilement avec une roulade. Je me remets vite en position et donne un coup horizontal, qu'il pare. Nous échangeons des coups avec rapidité et violence. Je tire mon grappin, qui se prend dans son manteau au niveau de l'épaule. Je tire d'une main en faisant un coup d'estoc de l'autre. Il l'esquive de justesse et s'en sort avec une taillade sur l'épaule. Il empoigne son épée à deux mains et la soulève au-dessus de sa tête. C'est le moment que j'attends. Je donne un puissant coup en avant, le plus fort que je peux, au moment où il baisse son arme. Je ne parviens pas à l'atteindre, mais son épée lui échappe et atterrit en bas, sans avoir blessé qui que ce soit.

Mais ce n'est pas fini. Je vois dans son regard qu'il y a quelque chose. Quelque chose que je ne peux pas deviner. David porte la main à sa ceinture et attrape un objet en métal muni d'un bouton. Il appuie sur ce dernier et surgit soudain une lumière aveuglante de l'appareil. Comme dans un film de science-fiction, il pointe vers moi ce qui s'apparente à un sabre laser. La « lame » vibre doucement et produit un léger vrombissement.

-Cadeau des Templiers, dit-il. C'est un projet nommé « Holo-sabre ». J'espère qu'il te plaît. Après tout, il y a ton nom dedans.

Je souris mais ne répond rien. Je lui fait face, la foule en bataille derrière moi, en bas. Nous y sommes. Je m'élance et lui donne un coup. Il fait de même. Là où nos épées auraient dû s'entrechoquer, son sabre coupe la lame de mon épée comme du beurre. A l'instant où elle touche le sol dans un tintement, je sens une douleur me transpercer la poitrine. Mais étrangement, une sensation de chaleur et de sérénité m'envahit. Je lâche ce qu'il reste de mon arme et pose ma main sur celle de David qui tient son épée, plantée dans mon corps. Je plonge mon regard dans le sien en articulant :

-Merci.

-Tu t'es bien battu... Aiden.

Il retire son sabre et l'éteint. Je me sens tituber en arrière. Mon dos entre en contact avec la rambarde, et je bascule. J'ai l'impression de rester dans les airs pendant un long moment, comme si je volais. Puis je chute lourdement au milieu de la bataille qui semble avoir cessé quelques instants. Je n'entends plus rien. Je ne ressens plus rien. Mais étrangement, je ne peux m'empêcher de sourire.

Je suis étendu sur le sol de Paris. Je ferme les yeux en sentant la vie me quitter, et je pousse un long soupir en rejoignant une ombre qui me tend les bras.

Justice  ~  une histoire Assassin's Creed  ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant