Halloween

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Flash-back : Vous êtes dans la peau d'Hasna


Enfin, j'avais réussi à convaincre mes parents de me laisser aller à la fête d'Aminata. Avec tous les arguments que j'avais pu donner : Aminata est quelqu'un de responsable, j'ai fini tous mes devoirs, j'ai une moyenne générale de 17 en 1ere S... je pensais que je pourrais devenir une avocate de renom. Ma mère n'a quand même pas oublier de me mettre en garde que je ne devais pas faire « de bêtises » avec les garçons, c'était bien son genre. Non mais sans blague ! Cela ne risquait pas, les seules fois où un gars m'adressait la parole c'était pour lui expliquer les maths/la physique-chimie/la SVT ou les trois réunis ! Bref, la source d'informations, c'était moi. Alors pour que l'un d'eux me parle d'autre chose que de leurs exos non-compris, il fallait attendre le déluge !

Je réajustai mon uniforme japonais et vérifiai que le faux sang sur mon couteau en plastique ne s'était pas fait la malle. Quand même, la jupe était vachement courte...C'était moi où à chaque fois que les heures passaient, les centimètres de tissu se volatilisaient ? J'accélérai mes pas, peu enthousiaste de rencontrer de vieux exhibitionnistes au regard lubrique et aux mains baladeuses dans le quartier un peu "olé-olé" où résidait Aminata. J'entendis au fil de ma marche, la musique assourdissante qui provenait de son immeuble. Et bah dis donc, elle avait la foi pour penser qu'on se ferait pas chopper par la police après plainte des voisins. Je sonnai à sa porte et un panda aux yeux gris avec la bouche ensanglantée vint m'ouvrir.

Whaou.

J'avais eu peine à la reconnaître, son déguisement était bien fait. Elle me serra dans ses bras. Mais alors que je m'extasiai devant ses talents de maquillage, mes narines furent prises en otage par une odeur nauséabonde. Bon Dieu, ça sentait le fennec dans le salon, reconverti en piste de danse où zombies, vampires, loup-garous et citrouille géante se trémoussaient sur du rap autotuné. Il y avait même une serial killeuse qui twistait. Ah non, ça c'était Helena. Étrangement, ça ne m'étonnait pas, elle avait toujours dansé de manière plus que bizarre. Je la rejoignis pour épargner à la foule ce spectacle déroutant. J'avais oublié de demander à Aminata si les autres étaient toutes là. Je reconnus parmi un rugbyman mort-vivant et un astronaute, une diablesse qui n'était autre que Valentina discutant, ou plutôt hurlant avec Drisana et Jade. Tiens, il semblait que Drisana ne s'était pas déguisée, dommage. Je me retournai vers Helena pour l'inviter à partager la conversation avec elles mais elle s'était évaporée. Je l'identifiai aux côtés de Laurine en sorcière et de son petit-ami, un verre à la main. Madame n'appréciait donc plus ma compagnie ? Fort bien.

Ma gorge était déshydratée, il fallait que je me prenne un verre. A la table avec les chips et les bonbons, je me retrouvai confrontée à un dilemme de taille : Coca ou Orangina ? De toute manière, j'aurais encore soif alors autant prendre les deux.

Sauf qu'il semblait que quelqu'un s'était mis en tête de m'emmerder.

Un suicidaire me déroba mon verre d'Orangina et le but cul sec sous mes yeux. Après s'être assouvi, il me fit un grand sourire, accompagné d'un clin d'œil. J'en connaissais un qui avait hâte de faire plus ample connaissance avec mon poing dans sa figure. Je le détaillai de la tête aux pieds : quel gâchis qu'un si joli visage soit ruiné par tant de stupidité ! Vraiment, on devrait placer ces énergumènes en prison pour atteinte à l'intelligence ! Oh mais qu'ouïs-je ? Monsieur débilos tentait une communication avec moi. Alors ça, c'était la meilleure !

« Salut, on se connait ? 'Scuse pour le verre mais j'avais soif, ma gorge était un vrai désert.»

Éblouie par sa supériorité intellectuelle, je dus capituler, m'abaisser à ma piètre intelligence et lui répondre ceci :

« Non, je crois pas.

-Ah t'as dû m'oublier, j'ai vu plusieurs de tes compétitions. T'es super forte ! »

Oh un fan de mes performances de patinage artistique, assez insolite pour un mec. Sa tête me disait quelque chose. Voyons voir,un garçon qui assistait à mes compétitions...Ah, il y avait toujours un garçon qui m'encourageait lorsque je ratais mes figures et à chaque fois que je terminais, il m'offrait une bouteille d'eau. Attendez, c'était lui ?! Ah oui, c'était vraiment lui, en l'observant de plus près. Oups, je n'étais pas très sympa là, fallait que je rectifie le tir.

« Ha ha...Merci, c'est gentil ! Je t'avais pas reconnu euh...

-Daniel.

-Très bon choix de prénom ! Moi c'est...

-Hasna, je sais. » Dit-il en souriant.

Au final, c'était moi la débilos, incapable de tenir une conversation normale avec un individu de sexe opposé. En même temps, il n'arrêtait pas de me regarder ! Qu'est-ce que j'avais ? Des boutons ? Lui, en revanche il avait une peau resplendissante. Il utilisait des produits ?

« T'es déguisée en lycéenne japonaise ?

-Ah euh...oui en yandere en fait. Bafouillai-je.

-Connais pas mais ton costume est cool...comme ceux que tu portes quand tu fais du patin.

-Ah ça c'est sûr, je n'ai jamais rien vu de plus beau mais c'est un peu cher.

-Ça vaut tout de même le coup puisqu'ils accentuent ta beauté.»

Je relevai la tête. Avait-il dit que j'étais belle ? J'étais un peu gênée, les autres garçons ne m'avaient jamais fait ce genre de remarques, trop préoccupés à perfectionner leurs programmes algorithmiques sur leur calculatrice. Son sourire était bienveillant, il était sérieux. Ne sachant trop pourquoi, je me mis à sourire également. Sa remarque me rendait heureuse, pourtant ce n'était que de simples mots.

« Hasnaaaaaaaaaa, je t'aimeeeeeeeeeeeee.»

Jade s'affala sur moi, exténuée et riant aux éclats. Drisana nous interpella :

« Hé les filles, ça vous dit un selfie avec le reste de la bande ?»

La fête battait son plein, mon regard se porta tour à tour sur mes deux amies et sur Daniel. Puis nous entendîmes des coups à la porte et une voix grave criant "Police". Ah là là, je savais que ça allait arriver. Les gens continuaient de danser et Aminata, embêtée, vint leur ouvrir. La voix de Daniel me déroba de la scène.

« Hé Hasna ?

-Oui ?

-T'as Snapchat ?»






La dame de CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant