Chapitre 12

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Cela commençait à aller droit au mur toute cette histoire. Je me devais de passer outre. Ce que je faisais n'avait plus grand intérêt et qui sait ? Peut-être que cela finirait bien et que ce serait la meilleure fin. Il n'y avait donc plus de temps à perdre. Alors que le prof d'Histoire-Géo faisait un schéma abstrait de la France, je ne cessais d'observer à la dérobée Julien. Il était vraiment spécial. Comment en savait-il autant sur Yuriy ? Il n'était pourtant pas l'un de ses amis les plus proches d'après ce que j'en avais vu. Se pourrait-il que lui aussi ait un sens aiguisé de l'observation ? Dans ce cas-là, il était sacrément fort ou il avait tout simplement une expérience de la chose. Une situation qu'il avait vécue ? Quoiqu'il arrivait, je devais le consulter car il allait me sembler précieux. C'était décidé, j'irais lui parler à la fin des cours.

Sauf que je dus me confronter à un problème de taille, il était constamment entouré d'un groupe, que ce soit ses amis ou d'autres élèves. Je n'en revenais pas. C'était comme s'il les attirait tel un aimant. Ils discutaient, riaient. C'était tout un petit monde autour de lui et il brillait avec celui-ci. Cela devait être quelque chose d'être extraverti. J'aurais bien voulu être comme cela. Je l'enviais car pour ma part, les gens avaient tendance à m'ignorer. C'était d'autant plus difficile lorsqu'on était hideuse, les gens étaient repoussés. Ils ne cherchaient pas à en savoir davantage sur ma personne puisque je n'étais pas assez bien pour eux. Je serrais la lanière de mon sac. Je ne pouvais décidément pas m'incruster...Ce n'était pas ma place. Je baissai ma tête de honte alors que Julien et la masse qui s'affairait autour de lui passèrent près de moi. Je voulais à ce moment-là, être invisible, ne plus exister. Lui demander quelques renseignements n'était pas si vital en soit...Je m'en voulais d'être une lâche et de reculer face aux obstacles mais je ne pouvais rien y faire. J'avais toujours fonctionné comme cela.

Le lendemain matin, rien de particulier ne s'était déroulé : je bavardais avec mes amies, Yuriy continuait de m'ignorer tout en fixant discrètement Catarina dans les couloirs. Je n'avais pas saisi l'occasion parfaite pour accoster Julien. Il quittait à chaque pause la classe pour aller visiter d'autres de ses amis. Il connaissait vraiment beaucoup de monde...

Ce n'est qu'à midi qu'il est venu de lui-même me voir. Il me prit à part dans un lieu où peu de gens flânaient. J'allais devoir inventer une excuse bidon pour que mes amies ne jacassent pas trop là-dessus.

«Tu as réfléchi à tout ce que je t'ai dit ? M'interrogea-t-il.

-Oui et je t'en remercie encore mais j'ai besoin de bien plus d'informations.

-Hmm...Lesquelles ?

-Explique-moi pourquoi Yuriy a quitté Catarina.

-Ça je n'en suis pas très sûr mais j'ai ma petite idée...

-Dis-le moi.

-Je te laisse deviner.»

Comment pouvais-je ? Je n'étais pas sa confidente personnelle ! Absolument rien ne me venait à l'esprit.

«Je ne vois vraiment pas. Avouai-je vaincue.

-Tu te souviens quand le groupe martyrisait Raoul ? A ce qu'il paraît, tu leur as collé une raclée. J'aurais aimé y assister ! Dans ce groupe, qui était le leader ?

-Augustin, je présume ? C'est celui qui faisait le plus de bruit.

-Non Augustin est un idiot fini. N'y avait-il pas quelqu'un d'autre qui se détachait du groupe ? Ou alors je reformule ma question : si tu devais craindre une personne parmi ces garçons, laquelle ce serait ?

-Laurent, je ne l'aime pas. Il a un côté...un peu malsain.

-Effectivement, tu n'es pas la seule à le ressentir. C'est lui qui a le plus d'influence sur le groupe.

La dame de CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant