Chapitre 5

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Trois jours après, Yuriy me fit de nouveau face et cette fois-ci, aucune hésitation ne transparaissait sur mon visage, car j'étais tout simplement confiante de ma décision, ce qui m'étonna grandement. Lui semblait à la fois impatient et terrifié de la réponse que j'allais lui donner. Nous étions plongés chacun dans les yeux de l'autre, silencieux, à l'abri des regards. Au loin, on pouvait entendre la cacophonie provenant de la cour du lycée. Mais cette gêne se brisa par ma prise de parole :

« Tu dois te douter pourquoi je t'ai fait venir ici. Débutai-je.

-Pour me donner ta réponse, n'est-ce pas ? Dit-il la voix tremblante.

-C'est exact, et je te la donne maintenant : j'accepte de sortir avec toi. J'espère qu'on va bien s'entendre. »

Un cri de joie s'échappa de la bouche de Yuriy et il entama quelques pas de danse. Je ne pus m'empêcher de rire, attendrie par son comportement mais je me rembrunis aussitôt.

« Mais à une condition, sonnai-je comme une sentence.

-Euh laquelle ?

-Notre relation doit rester secrète, quiconque ne doit le savoir car ça me mettrait mal à l'aise, je suis quelqu'un de pudique, tu sais. Mentis-je à moitié. »

Il fronça les sourcils visiblement embêté mais acquiesça tout de même, comprenant mon choix, alors qu'il adorait attirer l'attention sur lui. Au final, cette excuse s'avérait vraie puisque j'étais réellement une personne pudique qui n'appréciait guère s'afficher en public. De plus, je savais pertinemment que ma réputation, qui était déjà quasi-inexistante, allait s'effondrer si j'avais le malheur que quelqu'un dans ce lycée apprenait que Yuriy et moi sortions ensemble. Je pouvais déjà visualiser à l'avance les mines offusquées et choquées des pimbêches de l'école. Une légère brise vint caresser ma joue et je fermai les yeux un court instant, savourant ce moment de plénitude, oubliant la présence de Yuriy. Soudain, une voix tonitruante réussit à parvenir jusqu'à nous :

« Yuriy Baranov ! T'es où ???

-Ah c'est cet abruti de Laurent qui m'appelle. Bon je vais te laisser Drisana, à plus ! »

Après lui avoir répondu, il partit rejoindre son ami qui le cherchait depuis longtemps. Quant à moi je m'éclipsai de l'endroit où j'étais, qui n'était autre que le jardin que le lycée possédait mais dont l'accès était interdit lors des pauses habituelles. Mes amies aussi devaient se demander où j'étais partie.

« Mon Dieu, j'en peux vraiment plus de ce gars ! Il n'abandonne jamais ! Il est vraiment chiant !

-Pff...Ma pauvre Laurine, tu n'as vraiment pas de chance ! S'esclaffa Aminata.

-Ce n'est pas du tout drôle. Je ne comprends pas, je lui ai pourtant dit que j'étais en couple ! Pourquoi est-ce qu'il n'arrête pas ? Je suis sûre qu'il veut en profiter car mon mec n'est pas ici.

-Laisse Laurine, il va s'épuiser à un moment donné. Là, il essaye juste de voir s'il a une chance ou non.

-Non Jade, je le connais ce genre de gars et crois-moi, ce sont de véritables sangsues ! Rien ne peut les faire abandonner. Il continuera jusqu'à ce que j'accepte d'être avec lui, peu importe le nombre de refus que je lui ai donné.

-Euh...dans ce cas, ce n'est pas considéré comme du harcèlement ? Interrogea Valentina.

-Si et d'ailleurs mon mec se fera un plaisir de lui en coller une. Vous saviez qu'il avait tenté d'avoir mon numéro ? C'est dégoûtant.

-Il va trop loin, j'aimerais bien le frapper moi aussi et lui apprendre que ce n'est pas en étant désespérément collant qu'il gagnera quoique ce soit. Crachai-je. »

La dame de CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant