Je lus le mécontentement dans les pupilles de mon père quand il me vit sur le pas de la porte. Il n'aimait pas que je sorte le soir en hiver. Derrière lui, cogitaient mes deux petits frères et je pus entrevoir ma sœur qui visionnait l'émission de télé-réalité dont elle était si fan. Ma mère préparait à manger si je me fiais au fumet qui s'échappait de la cuisine. J'avais arrêté de pleurer sur le chemin du retour.
"Je n'aime pas te voir traîner dehors, c'est dangereux en cette saison. Qu'est-ce que tu y es allée faire ? Réprimanda-t-il.
-Je suis allée voir une amie pour lui rendre un livre que je lui avais emprunté. Mentis-je."
Il allait me tuer s'il savait que j'avais vu un garçon. Il était clair sur un point : nous ne devions en aucun cas, ma sœur et moi, s'approcher de trop près d'un individu masculin. Il continua de me gronder durant quelques minutes et de me rappeler que le monde était rempli de gens fous. Je l'écoutais à moitié car je savais mieux que quiconque que je ne me ferais jamais agressée : ce serait plutôt l'agresseur qui prendrait ses jambes à son cou s'il me percevait.
Après le dîner, je montais dans ma chambre et m'allongeais. Le lendemain serait embarrassant entre Yuriy et moi mais tant pis. Je fermai les yeux et m'endormis.
J'anticipais avec peur la journée au lycée. Comment allait-il agir ? Je pensais qu'il m'ignorerait comme à son habitude. Je rentrai en classe en compagnie d'Helena et de Valentina et je remarquai qu'il était déjà là. Il bavardait avec Augustin et Octave. Non en fait, c'était plutôt Augustin et Octave qui bavardaient et lui qui écoutait. Il passa plusieurs fois sa main sur son front comme s'il avait un maux de tête. Il ne regarda pas dans notre direction. Bon, je supposai qu'il ferait comme si rien ne s'était passé. Julien me salua avant de s'asseoir à sa place, ce qui attira l'attention de mes deux amies.
"Depuis quand il te salut ? Demanda Helena amusée.
-Moi je te dis, ça cache des choses. Répondit Valentina d'un sourire plein de sous-entendus.
-Non, vraiment pas. Dis-je blasée."
Elles s'échangèrent un regard et pouffèrent. De vraies gamines...Le prof arriva et nous nous mîmes à notre place.
Les heures suivantes ne furent pas très différentes de la première mais je voyais bien qu'il n'agissait pas correctement. Il semblait dans la lune et réfléchissait à un sujet qui le turlupinait. Ses amis avaient peine à le forcer à se concentrer. Mais dorénavant, je ferais mieux de m'occuper de mes propres problèmes plutôt que ceux des autres. Ainsi, trois jours s'écoulèrent et ma vie redevint normale. Je dépensais le plus clair de mon temps avec mes amies sans me soucier de quoi que ce soit jusqu'à cette après-midi.
Il y avait peu de monde dans les couloirs et j'avais décidé de m'y promener un peu pour que mes jambes se relâchent. C'était tout de même physiquement inconfortable de rester assise toute la journée. Quelques uns avaient eu la même idée que moi et firent de même. Helena et Valentina optèrent de rester en classe alors je demeurais seule. Je soupirai de contentement; cela faisait un bien fou. Je sentis quelqu'un me tapoter l'épaule. Je me raidis et me retournai. Yuriy me regardait droit dans les yeux tandis que j'haussais mes sourcils d'étonnement.
"Qu'est-ce que tu me veux ?
-Comment tu t'appelles déjà ?"
Mes yeux s'écarquillèrent et mes sourcils s'haussèrent un peu plus jusqu'à rendre vert de jalousie le Mont Everest. Il se fichait de moi là, non ? Peut-être qu'il faisait ça pour se venger. Drôle de vengeance, songeai-je. Je soupirai une énième fois et tournai les talons.
"Attends Drisana !
-Pourquoi me demandes-tu mon nom si tu le sais déjà ? Questionnai-je en tournant ma tête dans sa direction.
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La dame de Coeur
RomanceDrisana n'a jamais vécu une histoire d'amour comme ses consœurs, du fait de son visage disgracieux qui repousse les garçons de son âge. Mais alors qu'elle se résigne à terminer seule toute sa vie, elle reçoit à Noël un rouge à lèvres couleur sang, o...