La fille de Daryl

XII. Entraide

- Enfin on s'enlève cette odeur de mort !!

Après avoir traversé la horde, nous nous sommes approchées d'un étang où nous nous lavons actuellement. En sous vêtements, je nettoie mes habits dans l'eau. Eliza fait de même, mais garde un œil sur la forêt.

- Dépêches-toi, Hannah...

Bizarrement, je souris. L'adrénaline et la nervosité doivent sûrement redescendre pour que je puisse prendre la situation aussi légèrement.

- Pourquoi tu souris ?

Cette fois-ci, je rigole sans me contrôler, ce qui fait lâcher un sourire à mon amie.

- Quelle idée ! Se couvrir de leur sang ! Mais on a enfin une arme silencieuse pour passer incognito auprès d'eux.
- Ouaip. T'as géré !

J'essore mes vêtements et les enfilent. Ceux-ci me collent à la peau, mais qu'importe !

- On y va, dis-je en posant mon sac sur mes épaules et en attrapant mon arc.

Nous sortons de la clairière, dans un silence olympien.

*

Alors que nous errons le long de la lisière de la forêt, nous remarquons un jeune homme se battre contre un rôdeur. Celui-ci tombe et le rôdeur se poste sur lui, cherchant à le croquer. Je m'élance, poignard en main. Mais alors que je me rapproche du survivant, celui-ci se fait mordre à la joue, criant de douleur. Je me recule, terrifiée par cette vision d'horreur. Eliza me tire, pour que nous puissions prendre la fuite, mais je suis sous le choc.

Je range alors mon canif dans ma poche, et dégaine mon revolver. Une balle vient se loger dans le crâne de l'ex-survivant et ses gémissements cessent. Je remets mon arme dans son étui et continue ma route, Eliza sur mes talons.

- C'est bien ce que tu as fait, Hannah...

Je ne me retourne pas, des larmes manquant de dégringoler mes joues creuses.

- Si un jour je me fais mordre...
- Jamais tu ne te feras mordre, c'est clair ?, lui annonçai-je.

Elle se tait quelques minutes, continuant de marcher derrière moi.

- S'il te plaît, Hannah...

Je me stoppe et la regarde dans le blanc des yeux. Elle semble apeurée.

- Si je me fais mordre, achève moi comme tu l'as fait avec cet homme.
- Ce n'est pas...
- Je t'en prie. Tu es la seule en qui j'ai confiance. Je veux que ce soit toi qui abrège mes souffrances si l'occasion s'y présente. D'accord ?
- Je le ferai, si tu fais de même pour moi.

En guise de réponse, elle m'enlace et je réponds directement à son accolade. Ce pacte scellé silencieusement achève de donner ma confiance à Eliza. Et il est bon de parler de ce problème, si malheureusement la situation dégénère. Nous mettons fin à cet échange après quelques longues secondes et reprenons notre route.

*

- J'ai regardé le plan pendant que tu te lavais, et j'ai remarqué qu'il nous reste plus que douze heures avant d'arriver à Woodbury !

Je sors de la salle de bain d'un appartement que nous nous sommes appropriées. Mon amie est assise sur le grand canapé du salon, un soda à la main, et fixe le plan de Scott.

Mon meilleur ami me manque. Cela fait trente-cinq heures qu'il a disparu, sans laisser de trace. J'espère qu'il est en vie. Même s'il sait se débrouiller, un problème est vite arrivé. Je m'assois près d'Eliza. Celle-ci sent le caramel, comme moi.

- C'est ici que nous sommes, dit-elle en pointant un immeuble sur la carte à l'aide de son index.
- Tu penses qu'il nous reste combien de kilomètres avant d'arriver à Woodbury ?
- Disons une bonne quarantaine. Il nous faudra deux jours, à peu près, pour y arriver à pied.
- Où simplement une journée si nous volons une voiture ayant de l'essence.

Je me précipite à la fenêtre du salon, donnant une vue de l'arrière de l'immeuble. De notre étage, nous pouvons observer tout le parking. Trois voitures et une moto y sont rangées.

- On a une chance sur quatre d'avoir un véhicule fonctionnel. Espérons que les anciens résidents voyageaient peu.